Dans un monde où la civilisation s’est effondrée suite à une pandémie foudroyante, une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire qui en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu de la désolation.
Le roman évènement de la rentrée littéraire, finaliste du National Book Award aux Etats-Unis, qui fera date dans l'histoire de la littérature d'anticipation.
500 000 exemplaires vendus en Amérique du Nord, 150 000 dans les îles Britanniques.
« Profondément mélancolique, mais magnifiquement écrit, et merveilleusement élégiaque. » George R. R. Martin
« Mandel est capable de faire ressentir l’intense émotion d’existences fauchées par une époque terrible. » The New York Times
Station Eleven, d'Emily St. John Mandel, est paru ce 24 août aux éditions Rivages.
- La fiche sur le site de l'éditeur.
- La critique de Martlet.
- La critique de Lorhkan.
- Critique de Gromovar dans Bifrost n°84.
Station Eleven, Emily St. John Mandel
Re: Station Eleven, Emily St. John Mandel
Donc...
Si l'on cherche le roman d'action plein d'horreur et de fureur, inutile d'ouvrir celui-ci. Les deux sont là, bien évidemment (pandémie, humanité qui y passe presque entièrement, société qui s'effondre...), mais ce n'est pas ce qui intéresse l'auteur. Celle-ci préfère poser un regard tendre sur l'humanité et dresse le portrait de quelques survivants en attachant beaucoup d'importance aux détails (parfois insignifiants et futiles) qui dirigent souvent les actes et les sentiments de tout humain sachant se respecter.
La construction est loin d'être linéaire et les allés-retours entre le passé et le présent permettent justement un luxe de détails (mêmes choses vues par différents regards) qui est très intéressant.
L'Apocalypse vue à hauteur d'homme (l'Apocalypse vue par ceux qui y étaient ?), en quelque sorte. Ce qui donne un réalisme à la chose rarement rencontré jusque-là. Par moi, en tout cas.
Je suis bien sûr allé lire quelques critiques déjà existantes (Martlet, Lorhkan, Mes imaginaires et RMD, il doit en exister d'autres).
Et, de mon côté, je n'ai pas été déçu par l'absence d'une figure plus haute en couleur (c'est à mon avis un portrait d'ensemble que souhaitait l'auteur) ni gêné par les nombreuses coïncidences (j'en ai vu de bien plus improbables dans la « vraie vie ») dont dépend, je pense, la construction du roman.
... voilà.
Je passe le micro, dans l'espoir que quelqu'un d'autre veuille s'en servir.
Si l'on cherche le roman d'action plein d'horreur et de fureur, inutile d'ouvrir celui-ci. Les deux sont là, bien évidemment (pandémie, humanité qui y passe presque entièrement, société qui s'effondre...), mais ce n'est pas ce qui intéresse l'auteur. Celle-ci préfère poser un regard tendre sur l'humanité et dresse le portrait de quelques survivants en attachant beaucoup d'importance aux détails (parfois insignifiants et futiles) qui dirigent souvent les actes et les sentiments de tout humain sachant se respecter.
La construction est loin d'être linéaire et les allés-retours entre le passé et le présent permettent justement un luxe de détails (mêmes choses vues par différents regards) qui est très intéressant.
L'Apocalypse vue à hauteur d'homme (l'Apocalypse vue par ceux qui y étaient ?), en quelque sorte. Ce qui donne un réalisme à la chose rarement rencontré jusque-là. Par moi, en tout cas.
Je suis bien sûr allé lire quelques critiques déjà existantes (Martlet, Lorhkan, Mes imaginaires et RMD, il doit en exister d'autres).
Et, de mon côté, je n'ai pas été déçu par l'absence d'une figure plus haute en couleur (c'est à mon avis un portrait d'ensemble que souhaitait l'auteur) ni gêné par les nombreuses coïncidences (j'en ai vu de bien plus improbables dans la « vraie vie ») dont dépend, je pense, la construction du roman.
... voilà.
Je passe le micro, dans l'espoir que quelqu'un d'autre veuille s'en servir.
Re: Station Eleven, Emily St. John Mandel
J'ai pour ma part été déçu. Le style est là c'est indéniable (ce n'est pas pour rien que François Guérif fait partout l'éloge d'Emily St. John Mandel dans les magazines). Le souhait de décrire en effet l'apocalypse à hauteur d'homme est louable (pas nouveau en même temps) mais pourquoi alors des personnages ternes et sans envergures (les pages consacrées aux amours contrariées du comédien sont d'un ennui mortel); et le sentiment que tout leur glisse dessus sans réel émois (c'est quand même la fin du monde bordel).
dans cette rentrée littéraire, j'ai beaucoup plus apprécié le roman de Niccolò Ammaniti, Anna, qui sur le même thème post apo nous dresse le portrait humain et vivant d'une gamine qui essaye de survivre et de protéger son petit frère dans un monde où tous les adultes sont morts.
dans cette rentrée littéraire, j'ai beaucoup plus apprécié le roman de Niccolò Ammaniti, Anna, qui sur le même thème post apo nous dresse le portrait humain et vivant d'une gamine qui essaye de survivre et de protéger son petit frère dans un monde où tous les adultes sont morts.
Re: Station Eleven, Emily St. John Mandel
lonesome a écrit :mais pourquoi alors des personnages ternes et sans envergures (les pages consacrées aux amours contrariées du comédien sont d'un ennui mortel); et le sentiment que tout leur glisse dessus sans réel émois (c'est quand même la fin du monde bordel).
Il se trouve que la majorité des gens est terne et sans envergure. C'est ainsi. Est-ce mal ? L'auteur a choisi cet angle de vue et c'est (en partie) pour cela que j'ai aimé. Et que le roman m'a paru si « réel ».
Dans la même situation (pourvu que pas, j'assume ma trouillardise...), je pense que je serais suffisamment hébété pour que mon émoi ne soit pas perçu.
Re: Station Eleven, Emily St. John Mandel
Je me suis mal exprimé. Je suis d'accord avec le fait que la majorité des gens sont ternes et sans envergures mais (sans aller jusqu'à Emma Bovary de Flaubert) on peut écrire d'excellents livres sur des gens ordinaires (Modiano par exemple); mais malheureusement à mon sens Emily St. John Mandel n'arrive pas à transcender ses personnages.
Après en pensant comme vous à cette situation je crois que les "ternes et les trouillards" ne feraient pas long feu durant l'apocalypse. Dure loi de la réalité d'un monde redevenu sauvage. (je dis pas ça pour me glorifier je pense aussi faire parti du peuple commun des gens ternes...)
Après en pensant comme vous à cette situation je crois que les "ternes et les trouillards" ne feraient pas long feu durant l'apocalypse. Dure loi de la réalité d'un monde redevenu sauvage. (je dis pas ça pour me glorifier je pense aussi faire parti du peuple commun des gens ternes...)
Re: Station Eleven, Emily St. John Mandel
Merci de discuter (mais si tu continues à me donner du « vous », j'arrête !).
Je pense que les ternes et les trouillards pourront s'en sortir si d'autres ne cherchent pas à les foutre plus dans la merde qu'ils ne le seront déjà (tiens, revoilà l'idéalisme qui se pointe...).
Je pense que les ternes et les trouillards pourront s'en sortir si d'autres ne cherchent pas à les foutre plus dans la merde qu'ils ne le seront déjà (tiens, revoilà l'idéalisme qui se pointe...).
Re: Station Eleven, Emily St. John Mandel
Tu es un indéniable idéaliste.
Mais je pense qu'en effet les ternes et les trouillards s'en sortiraient dans le cadre d'un semblant de structure (des communautés comme Emily St John Mandel en décrit dans son livre).
Par contre seul ou simplement dans une cellule familiale là ça serait un jeu de massacre.
Mais je pense qu'en effet les ternes et les trouillards s'en sortiraient dans le cadre d'un semblant de structure (des communautés comme Emily St John Mandel en décrit dans son livre).
Par contre seul ou simplement dans une cellule familiale là ça serait un jeu de massacre.
Re: Station Eleven, Emily St. John Mandel
J'ai lu ce roman en préalable à l'animation de table ronde que je devais assurer au Festival America avec Ken Liu, Emily St John Mandel et Peter Heller, table ronde où j'ai perdu tous mes moyens en comprenant que les trois invités ne considéraient l'aspect SF de leur oeuvre que comme une métaphore ou une toile de fond commode pour développer leur intrigue et leurs personnages.
Cela posé, je comprends mieux pourquoi le roman de Mandel m'a déçu, en dépit de ses qualités d'écriture et d'analyse psychologique. Il n'a aucune dimension spéculative, et même, on peut lui faire des critiques sur la vraisemblance de son univers. Paul DiFilippo dans Locus a déjà relevé que le matériel d'informatique a parfois la peau dure et que, même sans internet, si on dispose d'électricité (générateurs) on peut trouver dans les ordinateurs vieux de trente ans des informations pratiques, voire nécessaires pour la survie--ce que les personnages ne pensent même pas à faire. Un autre détail m'a frappé: si l'épidémie a bien éliminé 99,99% de l'espèce humaine et d'elle seule, quid des changements intervenus dans l'environnement durant une trentaine d'années? Que devient la faune une fois que le plus grand prédateur de la Terre a disparu? Silence radio.
Mais ce qui m'a le plus désagréablement frappé dans ce livre, ce n'est pas que les personnages soient ternes, c'est le fait que ce soient tous, mais alors tous, ce qu'on appelle ici des bobos: des gens cultivés, relativement aisés, aimables, bref civilisés.
Et blancs, dans leur immense majorité.
Bref, "Station Eleven" est le roman d'un microcosme, un peu comme un scénario imaginé par Woody Allen.
Cela est souligné (SPOILER) par le fait que tous les personnages principaux font partie de la famille ou de l'entourage d'Arthur Leander, l'acteur qui meurt sur scène dans le chapitre d'ouverture.
En fait, on pourrait voir tout le récit comme un rêve que fait Arthur sur le point de mourir: plutôt que de voir son existence défiler devant ses yeux, il se demande ce que deviendront ses êtres chers une fois qu'il ne sera plus là. Comment vont-ils lui survivre? Ce sera dur, mais ils y arriveront: il suffira que l'humanité périsse, exception faite de quelques figurants.
Du microcosme au solipsisme.
JDB
Cela posé, je comprends mieux pourquoi le roman de Mandel m'a déçu, en dépit de ses qualités d'écriture et d'analyse psychologique. Il n'a aucune dimension spéculative, et même, on peut lui faire des critiques sur la vraisemblance de son univers. Paul DiFilippo dans Locus a déjà relevé que le matériel d'informatique a parfois la peau dure et que, même sans internet, si on dispose d'électricité (générateurs) on peut trouver dans les ordinateurs vieux de trente ans des informations pratiques, voire nécessaires pour la survie--ce que les personnages ne pensent même pas à faire. Un autre détail m'a frappé: si l'épidémie a bien éliminé 99,99% de l'espèce humaine et d'elle seule, quid des changements intervenus dans l'environnement durant une trentaine d'années? Que devient la faune une fois que le plus grand prédateur de la Terre a disparu? Silence radio.
Mais ce qui m'a le plus désagréablement frappé dans ce livre, ce n'est pas que les personnages soient ternes, c'est le fait que ce soient tous, mais alors tous, ce qu'on appelle ici des bobos: des gens cultivés, relativement aisés, aimables, bref civilisés.
Et blancs, dans leur immense majorité.
Bref, "Station Eleven" est le roman d'un microcosme, un peu comme un scénario imaginé par Woody Allen.
Cela est souligné (SPOILER) par le fait que tous les personnages principaux font partie de la famille ou de l'entourage d'Arthur Leander, l'acteur qui meurt sur scène dans le chapitre d'ouverture.
En fait, on pourrait voir tout le récit comme un rêve que fait Arthur sur le point de mourir: plutôt que de voir son existence défiler devant ses yeux, il se demande ce que deviendront ses êtres chers une fois qu'il ne sera plus là. Comment vont-ils lui survivre? Ce sera dur, mais ils y arriveront: il suffira que l'humanité périsse, exception faite de quelques figurants.
Du microcosme au solipsisme.
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.
Re: Station Eleven, Emily St. John Mandel
JDB a écrit :Paul DiFilippo dans Locus a déjà relevé que le matériel d'informatique a parfois la peau dure et que, même sans internet, si on dispose d'électricité (générateurs) on peut trouver dans les ordinateurs vieux de trente ans des informations pratiques, voire nécessaires pour la survie--ce que les personnages ne pensent même pas à faire. Un autre détail m'a frappé: si l'épidémie a bien éliminé 99,99% de l'espèce humaine et d'elle seule, quid des changements intervenus dans l'environnement durant une trentaine d'années? Que devient la faune une fois que le plus grand prédateur de la Terre a disparu? Silence radio.
Ce qui est cocasse, c'est qu'en étant un des inventeurs du Biopunk, DiFilippo a lui-même jeté à la casse le matériel informatique pour le remplacer, dans ses univers, par de la biotechnologie.
Sinon, sur les changements qui interviennent dans l'environnement et la faune après la disparition de l'homme, il y a un excellent livre : Homo Disparitus de Alan Weisman.
Re: Station Eleven, Emily St. John Mandel
JDB a écrit :Bref, "Station Eleven" est le roman d'un microcosme, [...]
Ah oui, je l'ai vu comme ça aussi.
Cette table ronde a-telle été enregistrée et est-elle écoutable quelque part ?
Retourner vers « Livres (autres maisons d'édition) »