L'Enchâssement, de Ian Watson (juin 2015)

[Soleilvert]

Une fois n'est pas coutume, l'un de nos livres fait l'objet d'une critique dans L'Homme - revue française d'anthropologie. Par ici, un long article du chercheur (en anthropologie, forcément) Pierre Déléage. Article fort étrange, peut-être imperceptiblement ironique, qui choisit de faire comme si l'ethnologue Pierre Darriand avait existé et étudié les Xemahoa…

Le procédé me rappelle Rêve de fer en inversé.

[Aldaran]

Un article pointu sur ReSFuturae.

Attention, faut prendre des notes ! :p

[John Shooter]

J'y ai repensé récemment: dès 1973, Ian Watson avait anticipé les menaces pesant sur l'Amazonie...
http://www.slate.fr/story/171951/jair-b ... cepticisme

[Aldaran]

Comme je récupérais les dossiers de ReS Futurae que je n'ai pas encore lus, je me rends compte en cliquant à droite et à gauche qu'une autre revue érudite publiée par Open Éditions, Socio, consacre son dernier dossier à la science et la SF.

L'un de ses papiers, signé par Christian Walter, L’Enchâssement ou la quête de « Dieu » au-delà du langage, se propose « d’aller à la recherche de cette inexactitude en effectuant un détour par le roman de science-fiction de Ian Watson, L’Enchâssement, que nous utilisons ici comme support d’une réflexion épistémologique pour rendre visible l’impasse du dénominateur commun et le scepticisme auquel elle conduit. »
Pour ceux que ça intéresse, c'est librement accessible et téléchargeable au format PDF, ici.

Dans ce même numéro, on trouvera également avec joie (je n'ai pas encore lu mais j'ai confiance) un autre papier, Mots et discours de science dans la science-fiction, signé conjointement cette fois par Ugo Bellagamba et Roland Lehoucq - dans une revue de « science demi-molle » (© Catherine Dufour), si, si, il est partout, ce gars.
Celui-là se trouve ici.

Le numéro complet est là.

ReS Futurae, quant à elle, semble bien se porter.
Les deux derniers dossiers étant consacrés à Le Guin et Bordage pour l'un, à la SF dans la BD d'expression française pour l'autre.

Enfin... techniquement, c'est faux : Res Futurae ne va pas bien. Tout du moins, elle ne se porte pas mieux que d'autres dans le domaine de la recherche (et ailleurs). Certaines de ces revues ont d'ailleurs choisi de l'ouvrir dans un « Numéro blanc », dans lequel elles expriment leurs points de vues. Les papiers de Res Futurae sont lisibles comme le reste, ici.
Et, à mon sens, à faire tourner.

Opposée à la réforme des retraites et à la loi française de programmation pluriannuelle de la recherche par solidarité avec tou.te.s les travailleur.se.s en lutte, cette revue rejoint la mobilisation en cours dans l’enseignement supérieur et la recherche, ainsi que l’appel des travailleuses et travailleurs du numérique.

[JDB]

Une fois n'est pas coutume, l'un de nos livres fait l'objet d'une critique dans L'Homme - revue française d'anthropologie. Par ici, un long article du chercheur (en anthropologie, forcément) Pierre Déléage. Article fort étrange, peut-être imperceptiblement ironique, qui choisit de faire comme si l'ethnologue Pierre Darriand avait existé et étudié les Xemahoa…

Je viens de faire le lien: c'est l'auteur de L'Autre-Mental, évoqué page 190 dans Bifrost 99.
JDB

[Soleilvert]

J'en avais donné (sur mes deniers personnels) un exemplaire à Julia Kristeva alors en dédicace avec Sollers à la librairie Le Divan. Jamais eu de retour.

[Erwann]

On reparle de L'Enchâssement chez l'affaire Herbefol.

[Aldaran]

Arf. Je suis toujours « triste » quand quelqu'un passe à côté d'un bouquin que j'ai adoré.
Et celui-ci, je l'ai lu deux fois. Et adoré deux fois. Bon... C'est ainsi.
Comme l'a dit Gilles un jour quelque part ici, « on ne peut pas plaire à tout le monde ».
Cependant, je suis surpris par cette remarque de l'ami Herbie : « Enfin, le livre part un peu sur l’idée que le langage peut modeler l’univers/la réalité et c’est le genre d’hypothèse avec lequel j’ai beaucoup de mal. »
Il m'a pourtant semblé, au grès de diverses lectures (SF ou non), que le langage modifiait bel et bien la réalité.
Certes, une table ne va pas se transformer en chaise sous nos yeux si on décide d'appeler « chaise » une table. Mais la perception de l'univers dans son ensemble par le passé est radicalement différente de celle que nous avons actuellement et je gage que le futur la transformera dans les mêmes proportions si ce n'est davantage. Selon moi, l'univers n'existe qu'à travers ce qu'on en dit. Il m'a aussi semblé que le langage pouvait même modifier le corps, ne serait-ce que les organes qui nous servent à parler. Où même à écrire, si j'en crois ma propre expérience. Les callosités de mes doigts ne sont plus aux mêmes endroits depuis que j'ai troqué mes stylos contre un clavier.
Mais je peux me tromper...

[Herbefol]

Arf. Je suis toujours « triste » quand quelqu'un passe à côté d'un bouquin que j'ai adoré.

J'ai le même soucis. :-)

Cependant, je suis surpris par cette remarque de l'ami Herbie : « Enfin, le livre part un peu sur l’idée que le langage peut modeler l’univers/la réalité et c’est le genre d’hypothèse avec lequel j’ai beaucoup de mal. »
Il m'a pourtant semblé, au grès de diverses lectures (SF ou non), que le langage modifiait bel et bien la réalité.

Tu réponds toi-même par la suite en employant le mot perception. La réalité ne change pas. On peut appeler chaise par n'importe quel mot, l'associer à n'importe quel concept, le fait est que c'est ce qui nous empêche de tomber par terre quand on s'assoit. Quelque soit notre perception. Or, j'ai eu la sensation dans le roman qu'on partait un peu sur la piste d'un impact tangible sur la réalité, un peu comme avec un mot de pouvoir par exemple (pour tirer du côté de la magie). Et ça, ça ne passe pas pour moi. Ça n'est peut-être pas l'intention de l'auteur, mais c'est comme ça que je l'ai perçu.
S'il n'y avait eu que cela, ça m'aurait gêné mais probablement pas trop. Le problème c'est que ça se rajoutait à tout le reste.

Les callosités de mes doigts ne sont plus aux mêmes endroits depuis que j'ai troqué mes stylos contre un clavier.

Là, je pense que l'image est un peu trompeuse : c'est l'outil qui provoque ce changement, a priori le langage reste le même. :-)

[Aldaran]

Ah, oui, en effet, c'est l'objet qui agit sur la matière dans le cas de l'écrit.
Mais dans le cas de l'oral ? J'ai cru lire (ou entendre) quelque part que les différents langages modifiaient nos corps de manières différentes en fonction de la langue employée. Dans ce cas, il n'y a pas de matière. Mais mes souvenirs sont vagues, d'autres plus doués que moi en sciences (c'est à dire tout le monde) pourront peut-être confirmer ou infirmer...
Reste que je n'arrive pas à me défaire d'une chose qui m'échappe en grande partie : la réalité n'existe pas si nous n'en parlons pas. Je crois que c'est Watts qui dit quelque part que la réalité change en fonction des modes d'observations employés et qu'elle ne repose que sur la traduction que nous offrent ces modes d'observation. Liu aussi parle plus ou moins de ça en disant que, même si nous avons le sentiment de tomber d'accord, c'est faux, il est impossible que nous pensions la même chose.
Bon, là, nous pensons différemment, c'est plus simple, en quelque sorte.
Ça me fascine, en tout cas.