Topic des livres hors-genre

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Nébal
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Re: Topic des livres hors-genre

Messagepar Nébal » 30 mars 2019 à 11:43

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Hors SFFF, lu La Parfaite lumière, d'Eiji Yoshikawa, seconde partie du roman Musashi (la première étant La Pierre et le sabre).

Où l'on suit le légendaire sabreur Miyamoto Musashi sur la voie qui est la sienne. Les personnages ont mûri, le ton est du coup différent du premier volume, lequel m'avait surpris par sa drôlerie et sa légèreté : c'est plus grave, dans celui-ci. Mais l'auteur se montre habile pour traiter de tout ça, sans lourdeur mystique à dix sous. Du coup j'ai un peu moins aimé que la Pierre et le sabre, mais tout est relatif, hein : ça demeure excellent. L'ensemble constitue vraiment un modèle de roman-feuilleton.

Hop : Eiji YOSHIKAWA, La Parfaite Lumière
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Re: Topic des livres hors-genre

Messagepar Mannaz Laguz » 08 avril 2019 à 12:02

Excellente idée que ce topic.
Et tout de suite envie d'y glisser une parution ancienne mais qui vaut complètement la (re)découverte : les Cosmicomics d'Italo Cavino, et leur suite : Temps zéro, que je suis en train de terminer (les deux bouquins ont été réédités chez Folio en un volume unique : Comicomics - récits anciens et nouveaux). Il y a là une manière tout à fait originale de marier science et fiction (avec la philo en guise d'alliance). Recommandation particulière pour la deuxième partie de Temps zéro, intitulée "Priscilla" et découpée en trois chapitres (Mitose, Meïose et Mort) qui sont autant de chef d’œuvres.
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Re: Topic des livres hors-genre

Messagepar Razheem L'insensé » 16 avril 2019 à 19:37

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1793. Le vent de la Révolution française souffle sur les monarchies du nord. Un an après la mort du roi Gustav III de Suède, la tension est palpable. Rumeurs de conspirations, paranoïa, le pays est en effervescence. C'est dans cette atmosphère irrespirable que Jean Michael Cardell, un vétéran de la guerre russo-suédoise, découvre dans un lac de Stockholm le corps mutilé d'un inconnu. L'enquête est confiée à Cecil Winge, un homme de loi tuberculeux. Celui-ci va bientôt devoir affronter le mal et la corruption qui règnent à tous les échelons de la société suédoise, pour mettre au jour une sombre et terrible réalité.

Un roman historique/polar dans la capitale suédoise au XVIIIème siècle, je me suis laissé tenté et c'était ma foi pas mal du tout !
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Re: Topic des livres hors-genre

Messagepar Nébal » 17 avril 2019 à 12:57

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Dans la forte et subtile étude dont il fait suivre son excellente traduction du roman de Nagaï Kafû, Pierre Faure définit ainsi le sens de La Sumida : déploration d'un « Meiji qui n'a pas tenu les promesses de ses débuts et qui, en voulant greffer un corps étranger sur un tronc qu'il a déraciné, a engendré une crise profonde qui est le drame du Japon moderne; c'est ce déchirement de l'être japonais moderne que l'on peut deviner ainsi entre les lignes de La Sumida et qui confère à ses accents une résonance si désolée ». D'où l'organisation de cette histoire délicate, ténue, mais très savamment bâtie, à la japonaise. Afin d'exprimer formellement son refus d'un Meiji pour qui le bouc de Napoléon III et la discipline prussienne représentaient la civilisation, Nagaï Kafû construit son livre sur le retour cyclique des saisons (ce que reprendra plus tard Kawabata dans son Kyôto), un peu comme le poème des saisons : le haïku ou haïkaï.

C'est aussi le roman de l'adolescence, de l'éveil, dans une société en crise grave, dévorée déjà par la technique, le rendement, et qui relègue au second plan la poésie, la galanterie, le théâtre de kabuki, où le héros verrait les seuls recours contre ce monde âpre et hideux. Nous lisons ici la complainte romanesque d'une civilisation moribonde, celle d'Edo que Tôkyô va supplanter sur place.


Lu La Sumida, court roman de Nagai Kafû, à l'intrigue très limitée : l'essentiel réside dans le décor qui change aux yeux des personnages, les "vues" de la culture d'Edo sur les berges de la Sumida cédant la place à un autre monde, grisâtre, qui entre en résonance avec la psyché tourmentée des personnages.

Belle plume sensible, mais aussi le sentiment d'être un peu passé à côté - le propos peut paraître universel, mais l'auteur joue beaucoup de références, allusions, etc., qui ne peuvent pas produire leur effet optimal sur un lecteur occidental qui ne sait pas grand-chose voire rien de tout ça. Il y a aussi, c'est très personnel, que je suis toujours un peu sceptique face au sentiment nostalgique, même si le regard de Kafû est légitime et profond.
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Re: Topic des livres hors-genre

Messagepar Léo Henry » 17 avril 2019 à 19:13

rmd a écrit :- Le plongeur, Stephane Larue. Un jeune étudiant arrive à l'université de montreal pour des études de graphisme, mais il devient vite addict aux machines à sous, se retrouve couvert de dettes et devient plongeur dans un restaurant pour essayer de s'en tirer.


Beaucoup aimé. Les séquences au boulot sont formidables, la langue et l'univers toujours un peu étonnants. & l'objet livre est très beau. Le Quartanier est enfin diffusé en France, et il y a l'air d'y avoir pas mal de trucs chouettes à explorer dans le back catalog (y compris dans les mauvais genres qui nous intéressent, c'est l'édireur de Grégoire "Suréquipée chez Folio SF" Courtois). Enfin, Stéphane Larue fait le plus beau métier du monde : écrivain-barman de nuit (à la Taverne du Pélican, Montréal).
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Re: Topic des livres hors-genre

Messagepar M » 18 avril 2019 à 12:56

Madame Einstein de Marie Benedict.

La biographie de Mileva Maric, la première femme d'Albert Einstein. Une femme qui défie les conventions de son époque en intégrant un cercle d'homme grace à son intelligence. Et dont l'amour et l'intelligence seront la "chute".

Un triste épisode d'histoire des sciences.
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Re: Topic des livres hors-genre

Messagepar Razheem L'insensé » 08 mai 2019 à 10:47

Conseillé par Francis Geffard, Tout ce que nous allons savoir, le dernier roman de l'irlandais Donal Ryan, magnifique portrait de femme(s) et de la société irlandaise.
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Re: Topic des livres hors-genre

Messagepar Thomas Day » 08 mai 2019 à 11:35

Razheem L'insensé a écrit :Conseillé par Francis Geffard, Tout ce que nous allons savoir, le dernier roman de l'irlandais Donal Ryan, magnifique portrait de femme(s) et de la société irlandaise.


Et puis cet été tu liras Tommy Orange, c'est obligé !
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Re: Topic des livres hors-genre

Messagepar Razheem L'insensé » 08 mai 2019 à 11:49

J'ai l'impression d'être pris dans un complot entre Gilles Dumay et Francis Geffard.
À moins que...ce soit la même personne !!!
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Re: Topic des livres hors-genre

Messagepar Nébal » 01 juin 2019 à 17:00

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Me suis fait une session Edogawa Ranpo.

D'abord avec Edogawa Ranpo, les méandres du roman policier au Japon, recueil d'articles très intéressant dans l'ensemble, et qui m'a permis de prendre conscience de ce que l'image que nous avons de l'auteur en France diffère probablement de celle qu'il a au Japon ? La composante "ero guro nansensu" y serait moins marquée, là où plusieurs générations de Japonais ont grandi en lisant ses récits policiers pour la jeunesse, plus ou moins Club des Cinq ?
L'ouvrage permet aussi d'envisager la littérature policière au Japon (voire un peu au-delà) à l'époque, et la place d'Edogawa Ranpo dans tout ça, mais sans qu'il en vienne à constituer une sorte d'arbre cachant la forêt.
Ce genre de choses. Une bonne lecture.

Ca m'a donné envie de lire ses deux bouquins chez Wombat - et d'abord le roman Le Démon de l'île solitaire.
C'est un peu un foutoir, on y trouve de tout, sans vrai souci de cohérence j'ai l'impression.
Les éléments proprement policiers, très classiques et référentiels (chambre close, ce genre de choses) sont sympathiques, qui fournissent la première matière du roman, mais, sans surprise, j'en ai surtout apprécié les glauqueries malsaines, perverses et horrifiques qui leur succèdent vers le milieu du roman, et qui pour moi en font tout l'intérêt.
Vers la fin, l'affaire vire cependant à la chasse au trésor (!?), très poesque assurément... mais qui m'a surtout paru bien puérile (et les passages policiers n'étaient pas dépourvus de ce sentiment, en y revenant).
Bizarre. Plus ou moins convaincant selon les moments et les procédés.

Puis il y a eu le recueil de nouvelles Un amour inhumain, assez inégal également.
La nouvelle titre m'a paru ratée, surtout en ce qu'elle pourrait se voir attribuer une critique fréquente pour les mauvaises lovecrafteries : l'auteur nous promet sans cesse quelque chose de vraiment horrible... mais en définitive non.

"L'Apparition d'Osei" m'a davantage convaincu, même en étant cousue de fil blanc.

"Les Canaux de Mars" tranche radicalement, formellement surtout : j'ai eu l'impression d'une attention au style inaccoutumée, et d'un récit au second plan, qui m'a fait l'effet d'une sorte de poème en prose, et ça c'était inattendu - intéressant.

"Les Crimes étranges du docteur Mera" m'a bien plu, un récit policier à l'ambiance fantastique oppressante - ça m'a beaucoup fait penser à "L'Araignée" de Hanns Heinz Ewers, par contre, à tort ou à raison.

"La Grenade" est une longue novella policière plus ou moins convaincante - l'auteur s'amuse avec les attentes et les intuitions du lecteur, en se jouant de son détective, mais, dans son caractère tordu, le problème est que cela demeure globalement très prévisible à partir du moment où on saisit ou l'auteur veut nous emmener.

"L'Abri antiaérien", enfin, déçoit, les tableaux apocalyptiques de la destruction de Tôkyô et le ravissement du narrateur à ce spectacle (ce qui m'a un peu rappelé Le Pavillon d'or de Mishima, qui paraîtrait l'année suivante) virant en définitive un peu à la mauvaise blague.

A boire et à manger, donc - mais rien d'aussi fort que La Proie et l'Ombre ou La Chenille, hélas.

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