Terra Ignota (cycle), Ada Palmer (2019-2022)
- FeydRautha
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Re: Terra Ignota, Ada Palmer (2019)
"Scientifiquement, c'est un immense bordel la réalité."
Re: Terra Ignota, Ada Palmer (2019)
Aldaran a écrit :La parole est à la défense... :)
La défense est présentement occupée à faire des colis avec l'opération UHL et les SP de Vie™, sans oublier de préparer le prochain numéro de Bifrost, et va se contenter de dire qu'elle conçoit que Terra Ignota, projet littéraire ambitieux s'il en est, puisse ne contenter tout le monde.
(Et puis aussi : faire du prosélytisme alors que nous sommes plus de trois sur ce forum nous ferait encourir de grands risques ;-)
Re: Terra Ignota, Ada Palmer (2019)
Raaahh... J'ai vachement de mal avec les gifs.
C'est comme les souriards : chacun en a son interprétation.
Feyd, je te préfère avec des mots.
Et, accessoirement, c'est le clivage (mot à la mode) qui fait avancer le monde.
C'est comme les souriards : chacun en a son interprétation.
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Re: Terra Ignota, Ada Palmer (2019)
Je m’explique. Je conçois parfaitement que ce livre ne puisse plaire à tout le monde. Dans ma chronique écrite il y a un an et demi, je prévenais qu'Ada Palmer polariserait le lectorat. J'écrivais très exactement :
Mais face à la critique d'Aval-Douar, je me trouve comme devant quelqu’un qui me dit : la Terre est plate. Il n’y a pas de clivage, il y a un abîme intellectuel, culturel, et sémantique que je me vois dans l’impossibilité de franchir. Pour moi, tout ce qui est dit dans cette critique est faux. Il m’est donc impossible de répondre point par point sans un ancrage dans une réalité tangible. J'aurais aimé, mais je ne peux pas. Désolé.
C’est, sans aucun doute, un livre qui polarisera fortement le lectorat, certains crieront au génie, d’autres ne le finiront pas.
Mais face à la critique d'Aval-Douar, je me trouve comme devant quelqu’un qui me dit : la Terre est plate. Il n’y a pas de clivage, il y a un abîme intellectuel, culturel, et sémantique que je me vois dans l’impossibilité de franchir. Pour moi, tout ce qui est dit dans cette critique est faux. Il m’est donc impossible de répondre point par point sans un ancrage dans une réalité tangible. J'aurais aimé, mais je ne peux pas. Désolé.
"Scientifiquement, c'est un immense bordel la réalité."
Re: Terra Ignota, Ada Palmer (2019)
On peut toujours jeter un coup d'œil au blog de l'autrice. En janvier 2018, elle a répondu à un Ask Me Anything, portant notamment sur Terra Ignota : trucs divers et bouffe de l'an 2454, Ruches, bash et cetera, langues et genres.
Je n'ai pas eu l'impression que ça spoilait vraiment. Le lecteur curieux peut donc parcourir les réponses sans trop de risque, et voir que le projet littéraire d'Ada Palmer est construit et argumenté. (Après, qu'on y adhère ou qu'on n'accroche pas du tout, c'est autre chose.)
Je n'ai pas eu l'impression que ça spoilait vraiment. Le lecteur curieux peut donc parcourir les réponses sans trop de risque, et voir que le projet littéraire d'Ada Palmer est construit et argumenté. (Après, qu'on y adhère ou qu'on n'accroche pas du tout, c'est autre chose.)
Re: Terra Ignota, Ada Palmer (2019)
Merci pour ces explications et précisions, c'est plus clair que le gif.
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Re: Terra Ignota, Ada Palmer (2019)
Erwann a écrit :On peut toujours jeter un coup d'œil au blog de l'autrice.
On y apprend par exemple qu’elle « parle français », et par comparaison aux autres langues qu’elle cite, c’est semble-t-il une de celles qu’elle estime le mieux maîtriser. Voilà qui donne un nouvel éclairage, par exemple, à son « Raté D par la Commission Européenne des Medias Dangereux. ».
FeydRautha a écrit :Mais face à la critique d'Aval-Douar, je me trouve comme devant quelqu’un qui me dit : la Terre est plate.
Alors prenons un exemple précis. Voici le plus simple qui me vient à l’esprit. Dans une scène, on a deux personnages parmi les plus influents de la planète et un groupe de prisonniers qui vivent en semi-liberté : ils doivent travailler pour être payés en nourriture, et ils accomplissent, entre autres, les tâches dont personne ne veut (exemple vu peu avant cette scène : pelleter des excréments). Outre les problèmes pratiques que ça pose (on ne peut pas passer un seul jour sans travailler ?! Et boire de l’eau, on y a droit ?), on est de retour à une époque très ancienne, mais ça, c’est assumé. OK.
Scène : Personnage influent 1 arrive, acclamé par les prisonniers à qui il promet des glaces. Oui, des glaces. Discours de Personnage influent 2 (je ne sais plus si c’est elle qui représente la personne qui a fondé leur régime de semi-liberté ; en tout cas, une telle personne figure parmi celles qui prononcent les discours), qui rejoint P.I. 1, lui reproche pour le taquiner de n’avoir promis « que » des glaces, et surenchérit à coups d’autres ingrédients (crème fouettée, je ne sais plus quoi, peu importe). Les prisonniers sont ravis, surexcités, se précipitent vers les glaces.
Donc en gros, un prisonnier qui a été jugé apte à la libération conditionnelle, c’est un gamin de colonie de vacances. Pas quelqu’un qui a gardé son estime de soi, sa fierté, qui a un projet de vie, mais un petit enfant naïf (et même dans une colo, dans ce genre de cas, il y en a toujours quelques-uns pour faire les cons, mais pas chez Ada Palmer). Dans la vraie vie, si jamais un prisonnier en liberté conditionnelle reçoit une proposition aussi avilissante, j’espère bien qu’il enverra promener la personne qui a osé la formuler, ou du moins qu’il y en aura pour lui rappeler qu’elle parle à des humains adultes.
Et toi, comment analyses-tu cette scène ?
Par ailleurs, du coup j’ai lu ta critique, et je suis surpris : tu as été gêné par à peu près la seule chose qui ne m’a pas dérangé, l’anglais. Je n’y ai rien vu de bien extraordinaire. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile à lire sans doute, mais on est très loin de ce qu’écrivent des auteurs vraiment exigeants. Pour juger sur pièces sur ce point, voici l’extrait proposé par l’éditeur (quatre chapitres), je ne sais plus si le lien a été donné ici.
- FeydRautha
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Re: Terra Ignota, Ada Palmer (2019)
Aval-Douar a écrit :Et toi, comment analyses-tu cette scène ?
C'est un bon choix de scène que tu as fait là car le fait que tu t'interroges sur sa signification est révélateur de ce qui est sans doute le problème plus général de ton analyse de ce livre : tu ne l'as pas lu, ou plutôt tu as lu le quart du premier volume. Il te manque donc des éléments pour comprendre ce que tu as lu. Dans ce cas précis, tu fais usage d'esprit critique mais tu l'appliques au mauvais objet. Ce que je veux dire par là, c'est que cette scène t'interpelle, à juste titre, mais plutôt que t'interroger sur sa signification globale, tu te dis : c'est complètement con.
(Que tu écrives en outre "un prisonnier qui a été jugé apte à la libération conditionnelle" montre aussi que tu n'as pas compris le système judiciaire décrit par Palmer dans son livre. A lire les critiques que tu faisais plus tôt, il y a de nombreuses choses que tu n'as pas compris à cet univers que ce soit l'organisation politique ou encore la technologie. A peu près tout ce que tu en dis est faux.)
L'élément essentiel qui t'a échappé, et qui est fondamental pour comprendre ce livre, est qu'il y a un narrateur homodiégétique, Mycroft, qui n'est pas fiable. Mycroft manipule le récit. Dans cette scène, nous sommes à un moment clef qui nous donne à en apprendre plus sur Mycroft lui-même et ses relations avec les puissants de ce monde, mais il détourne l'attention pour nous parler de crème glacée. Tu connais le dicton "Quand le sage montre la lune, le sot regarde de doigt." Dans cette scène, Mycroft nous montre le doigt pour nous cacher la Lune. Si mes souvenirs sont bons, c'est même une des premières scènes où il devient très clair que Mycroft nous enfume complètement. Je pense que tu n'as pas compris qui est Mycroft, ou plutôt, tu ne le sais pas encore. Je ne peux en dire plus sans spoiler. J'avais prévenu dans ma chronique : ce livre n'est jamais, à aucun moment, ce qu'on présume.
Aval-Douar a écrit :j’ai lu ta critique, et je suis surpris : tu as été gêné par à peu près la seule chose qui ne m’a pas dérangé, l’anglais
Tu possèdes un bon niveau en anglais, c'est très bien pour toi.
Modifié en dernier par FeydRautha le 10 septembre 2019 à 17:13, modifié 1 fois.
"Scientifiquement, c'est un immense bordel la réalité."
Re: Terra Ignota, Ada Palmer (2019)
And now for something completely different, voici la couverture française. Pas vraiment de surprise pour qui a vu les éditions VO du livre ou consulté la plaquette : les illustrations de Victor Mosquera nous ont beaucoup plu, raison pour laquelle nous avons décidé de les reprendre. La petite différence sera la présence de rabats sur notre édition, histoire de soutenir un peu les 672 pages du bouquin.
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