Aval-Douar a écrit :C’est un de ceux auxquels je pensais en disant ça, en effet. Mais bon. On a le droit de le trouver hautement original, bien entendu.
Il me rappelle surtout un des moments où j’ai failli arrêter — seulement failli, pour cette fois. Le passage du jeu de mots.
Des auteurs qui font des jeux de mots, il y en a beaucoup, et c’est très bien. Ada Palmer a choisi le jeu de mots canis Domini / domini cani, soit, pourquoi pas. Le problème, c’est la manière.
Avec certains auteurs, on a droit au jeu de mots plus ou moins discret. Premier exemple qui me passe par la tête, un peu (beaucoup) bateau mais ça fera l’affaire, Pynchon dans Gravity’s Rainbow : un passage se conclut par For De Mille, young fur-henchmen cannot be rowing. Le lecteur qui comprend rigole ou lève les bras au ciel d’exaspération (dans le cas présent les deux réactions me semblent valables), celui qui n’a rien vu rate quelque chose (je ne sais pas comment il fait, il lit en dormant peut-être ?…). Toujours est-il que le lecteur est traité comme un être autonome, capable d’intelligence. Pour rester chez Pynchon, dans Inherent Vice, deux personnages déchirés regardent comme des décérébrés un sac d’héroïne qui a été transporté dans le carton d’un poste de télévision (de l’héroïne… un poste de télé… anglais, registre argotique… ça y est ?). Évidemment quand on dit qu’il y a quelque chose à voir c’est facile, mais sinon, il faut être attentif.
Ada Palmer, c’est un autre style. Hé, les lecteurices ! Regardez bien ce que je vous présente là, c’est un jeu de mots ! Et comme vous êtes tellement ignares que vous ne connaissez pas deux des plus célèbres mots latins, je vous l’explique et je vous le traduis. Attention, on allume bientôt les signaux Rires et Applaudissements ! Il y aurait eu mille manières de le faire passer sans le dire de façon aussi évidente… mais non, le lecteur est un débile à qui il faut tout expliquer.
Alors oui, je sais, Mycroft enfumeur, tout ça. Et alors ? Que ce soit Mycroft ou Palmer, il reste un narrateur qui me prend pour un imbécile, et je n’ai aucune envie de me farcir ça pendant des centaines de pages.
Aval-Douar, vu que tu cites les jeux de mots de Pynchon, peux-tu nous les expliquer ? Je dois lire en dormant, je ne vois pas d'autre explication…