Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Avatar de l’utilisateur
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
Grand Ancien
Messages : 2622
Enregistré le : 18 mars 2018 à 12:27

Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Messagepar Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire » 17 janvier 2020 à 18:15

Le chien critique a écrit :N'étant pas du monde de l'édition, il me faut un exemple pour savoir si j'ai bien tout compris.
(En SF, 2000 exemplaires vendus me semblent être une moyenne correcte d'après ce que je lis)

Prix du livre : 20€
Vente : 2000 ex
A valoir : 3000€

Droit d’auteur 10 %
Vente total livre : 2000 * 20 = 40000€
Droit d’auteur : 4000 -3000 à valoir = 1000€

Droit d’auteur 7 %
Vente total livre : 2000 * 20 = 40000€
Droit d’auteur : 2800 -3000 (à valoir) = 0 (ou il rembourse ?)

Dans les deux cas, difficile d'en vivre, surtout si l'auteur écrit lentement...


Les droits sont calculés sur le prix HT du livre et non l'auteur ne rembourse rien, l'à-valoir est acquis.
Des ventes de 2000 ex, c'est déjà pas mal pour un auteur français dans nos genres.

GD
Avatar de l’utilisateur
Olivier Girard
Modérateur
Messages : 4128
Enregistré le : 15 avril 2009 à 15:38

Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Messagepar Olivier Girard » 17 janvier 2020 à 19:12

Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit : Des ventes de 2000 ex, c'est déjà pas mal pour un auteur français dans nos genres.

GD
C'est même mieux que pas mal, en tout cas au Bélial'…
Avatar de l’utilisateur
FeydRautha
L'équipe du Bélial'
Messages : 2466
Enregistré le : 09 mars 2018 à 15:04

Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Messagepar FeydRautha » 17 janvier 2020 à 19:15

Ca me déprime, j'en chialerais.
"Scientifiquement, c'est un immense bordel la réalité."
Avatar de l’utilisateur
Olivier Girard
Modérateur
Messages : 4128
Enregistré le : 15 avril 2009 à 15:38

Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Messagepar Olivier Girard » 17 janvier 2020 à 19:33

FeydRautha a écrit :Ca me déprime, j'en chialerais.
Caol Ila est mon ami.
Herbefol
Xeelee
Messages : 1138
Enregistré le : 20 avril 2009 à 18:36

Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Messagepar Herbefol » 18 janvier 2020 à 09:34

FeydRautha a écrit :Ca me déprime, j'en chialerais.

T'inquiète, en baissant le nombre de livres publiés et en faisant une vraie bonne promo les auteurs seront sauvés. :P
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
Avatar de l’utilisateur
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
Grand Ancien
Messages : 2622
Enregistré le : 18 mars 2018 à 12:27

Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Messagepar Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire » 18 janvier 2020 à 10:42

Herbefol a écrit :
FeydRautha a écrit :Ca me déprime, j'en chialerais.

T'inquiète, en baissant le nombre de livres publiés et en faisant une vraie bonne promo les auteurs seront sauvés. :P


Donc je reprends point par point, parce que visiblement ce n'était pas clair.

Dans la plupart des cas, un contrat d'auteur propose une échelle de royalties. Chez AMI, c'est une échelle 7%, 9%, 11% pour un premier livre dans le département. Si vous vendez plus de 20 000 exemplaires (disons) vous touchez 11% à partir du 20001e exemplaire. Évidemment si vous faites un tel succès avec votre premier livre, le contrat suivant sera disons, après négociations, 10, 12, 14%. Les éditeurs n'ont aucun intérêt à perdre leurs auteurs qui se vendent. Et donc les auteurs qui vendent ont de facto plus de 10% de droits. Si ce n'est pas le cas, c'est qu'ils ont mal négocié ou qu'ils ne sont pas chez l'éditeur qu'il leur faut.

Petit aparté : on parle des pourcentages, mais on ne parle pas des droits impayés ou payés avec beaucoup de retard (et pourtant c'est plus que courant, je suis bien placé pour le savoir).

Pour moi (donc c'est mon avis "personnel") la problématique de l'auteur qui commence c'est bien d'avoir vite du succès/de la visibilité plutôt que 7% ou 10% de droits (et accessoirement que ses droits lui soit réellement payés). 10% chez un éditeur qui ne fera rien, ça vaut moins que 7% chez un éditeur qui va vous vendre en poche, en livre audio, vous avoir une option cinéma, etc. Après il y a l'autopublication, le financement participatif, la coédition, des tas de solutions pour que la part de royalties soit plus importante, mais ces solutions soustraient souvent des prestations que l'éditeur propose dans le cadre du contrat qui le lie à l'auteur. Il y a presque autant de solutions que de structures.

Moi, ça m'arrangerait plutôt (comme je suis aussi auteur) que tous les contrats commencent à 10% ; après, je me méfie des effets pervers de ce type de décisions. Si le résultat final c'est que ça affaiblit les petits et renforcent les groupes, ça ne va pas soutenir la création. Le marché du livre il est dérégulé, c'est bien la surproduction en BD qui a provoqué la paupérisation de tout un ensemble d'illustrateurs. D'ailleurs plusieurs gros intervenants en sont conscients et ont commencé et à réduire leur production et à communiquer sur les raisons de cette réduction.

GD
Avatar de l’utilisateur
Aldaran
Grand Ancien
Messages : 1659
Enregistré le : 13 août 2009 à 15:05

Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Messagepar Aldaran » 18 janvier 2020 à 16:53

Pourtant, c'était déjà parfaitement clair : la loi du marché.
Un bon livre est un livre qui se vend beaucoup. Les autres critères... boarf.
Quelque chose de nouveau, sinon ?
christianbdfi
Patrouilleur temporaire
Messages : 17
Enregistré le : 12 février 2019 à 19:44

Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Messagepar christianbdfi » 18 janvier 2020 à 20:39

Herbefol a écrit :Quand un ouvrier fabrique des boites de petits pois, il n'est pas payé en fonction des ventes de petits pois. Il est payé en fonction du travail qu'il a effectué. Ce devrait être la même chose pour les auteurs et ça n'est pas du tout le cas. Il est totalement anormal que dans un marché global qui dépasse le milliard d'euros, les fournisseurs de matière première soient payés à un tarif misérable.

Et puisqu'on est dans la vision purement économique/financière du truc, je dirai que si le secteur de l'édition n'est pas capable d'apporter une rémunération décente à ses fournisseurs de matière première sans se mettre en danger, alors il mériterait purement et simplement de disparaitre.


Dans ta parabole, l'ouvrier qui fabrique les boîtes, c'est plutôt l'imprimeur. Celui qui fournit la matière première (les petits pois) c'est le paysan et, bizarrement, lui non plus a rarement une rémunération décente...
Avatar de l’utilisateur
Aldaran
Grand Ancien
Messages : 1659
Enregistré le : 13 août 2009 à 15:05

Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Messagepar Aldaran » 18 janvier 2020 à 21:23

Sur ce sujet passionnant (le travail), je viens d'entendre Alain Supiot dans une émission de France Cul.
Dans un monde « réellement humain », comment et pourquoi travailler ?

Bien que n'en ayant pas l'impression, pardon si je suis hors sujet.
lonesome
Cookie Monster
Messages : 515
Enregistré le : 23 juin 2012 à 21:25

Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?

Messagepar lonesome » 18 janvier 2020 à 23:05

Dans le même ordre d'idée la lettre de marion Montaigne au ministre de la culture avant sa venue à Angoulême.
Face à l'attentisme de l'état et la fin de non recevoir du patron des éditeurs, l'énervement des auteurs de bd se fait entendre.
https://next.liberation.fr/culture/2020/01/16/precarite-des-auteurs-bd-le-coup-de-semonce-de-marion-montaigne_1773387

Retourner vers « Toute l'actu »