marypop a écrit :Mon avis sur le texte de Laurent (puisqu'en plus il est dans le coin).
J'avoue que je suis un peu déçue.
Je trouve l'idée super, mais plusieurs choses me gênent.
- A la lecture j'ai l'impression parfois d'un manifeste politique plus que d'un texte de fiction (les analogies avec l'identité nationale, question du moment, et son traitement sont un peu trop nombreuses, cela alourdit le propos, amha tout ça)
- Une grosse incohérence de fond pour moi, sur la connaissance des êtres humains, est de les cantonner au rempart, alors qu'il est dans la nature humaine de se jeter dans l'inconnu pour explorer tous ces nouveaux territoires ouverts (voir Spin récemment, et bien d'autres exemples)
- Mais surtout, ma plus grosse déception, augmentée par la lecture de l'interview, c'est d'être privée du plaisir réel de la rencontre et de l'altérité.
En cela, j'ai très probablement préféré le texte de Jean-Claude qui est justement totalement centré sur ces deux thèmes.
- Pour le manifeste politique : oui, tu as sans doute raison. Même si je n'ai pas eu l'impression d'évoquer du tout l'Identité nationale, mais bon... Petite précision sur la genèse : j'ai écrit cette nouvelle à la suite de plusieurs discussions avec des fans de Stargate et de Battlestar Galactica (je pense que c'est surtout là que ça se sent); après également avoir vu le film District 9 ; et enfin, après avoir été contacté par quelqu'un de la Défense (je n'ai pas été le seul auteur de SF d'ailleurs) pour participer à un atelier de réflexion. Bref, c'est une nouvelle écrite en réaction, ce qui explique sans doute son ton. (En outre, je signale qu'à peu près tous les épisodes prennent leur source dans des témoignages de guerre réels, en Irak, en Afghanistan et quelques autres zones de conflit.)
- Ma réponse couvre tes 2 dernières remarques et je pense qu'il y a malentendu sur le fond. Il s'agit d'une chronique militaire, un journal personnel écrit par un officier de Rempart. Je ne traite donc pas de l'humanité en général, mais d'une unité militaire, une sorte de Forpronu qui, peu à peu, se coupe du monde extérieur et ne perçoit plus que des ennemis potentiels, aliens comme civils.
Je crois au contraire que la nouvelle de Jean-Claude et la mienne sont parfaitement complémentaires, JCD traitant de l'altérité, moi de son refus. Dans Rempart, cela transparaît par le refus de tout contact alien par les soldats, bien que l'encadrement des convois d'aliens soit leur fonction : ils sont incapables de voir en eux de la beauté - seulement des problèmes. Et le narrateur devra quitter Rempart pour la percevoir enfin, cette beauté. En outre, j'évoque en filigrane l'existence de rapports entre humains et aliens (le gamin de la favela par exemple).
Désolé d'avoir été aussi long, mais la mise au point me semblait nécessaire. Ce malentendu démontre peut-être une certaine maladresse dans la mise en oeuvre de ma fiction.
En tout cas merci de ton post, marypop, tout commentaire est bon à prendre. Et pour rebondir sur ton message ci-dessus: oui en effet, c'est évident que les Bouches attireraient des tas d'êtres humains : explorateurs, déshérités allant tenter leur chance, aventuriers, etc. Mais je devais écrire une nouvelle, de sorte que j'ai délibérément choisi d'ignorer des tas de possibilités pour me concentrer sur mon sujet qui était le refus de l'altérité. Du coup, il est fort possible que je revienne sur le sujet un de ces jours...
Lo G