C'est ça. Mais c'est tellement mal foutu que même certains qui devraient l'avoir reçu, ne l'ont pas eu.
Un bordel sans nom.
Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?
- Laurent Queyssi
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Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?
Pour avoir fait les démarches l'an dernier en tant que diffuseur, la passation Agessa/MDA -> URSSAF est très à la bourre, avec un personnel extrêmement réduit et des moyens techniques à la ramasse. Il va falloir quelques années pour que ça se stabilise. Je ne pense pas, du coup, qu'il faille trop se stresser de notre côté si leurs consignes sont inapplicables et/ou incompréhensibles.
Et il semble bien que le plan soit en effet de faire du métier d'artiste auteur une profession libérale comme les autres, avec le même genre de taux de cotisation et le même type de prestations en retour (retraite, droits à la sécu, congé maladie, maternité/paternité, etc.) Sauf que - et on revient au début de la conversation - en l'état actuel des choses, la part consacrée aux droits d'auteur dans l'économie du livre ne permet pas de s’acquitter de ce genre de cotisation. Il va donc soit falloir réussir à dégager des droits équivalents à des honoraires d'avocat ou de médecin généraliste, soit revoir complètement le système de rémunération de ce corps de métier.
La deuxième piste est à mon avis (surprise !) la bonne. Parce que le statut soi-disant exceptionnel des artistes auteurs a toujours été un labo de précarisation du travail et de déconnexion entre labeur et rémunération (quand les intermittents se battent, c'est pour ne pas être traités comme nous). Au-delà d'une réflexion sectorielle, ça peut être une belle occasion de réfléchir, pour tout le monde, aux moyens de subsistance. Sans compter que ça permettrait d'ouvrir la boîte de Pandore du droit d'auteur en général - cette rémunération qui peut se poursuivre 70 ans après la mort du travailleur, et permettre à des ayants droits de faire chier les fans au nom de la soi-disant volonté d'un cadavre qui n'en peut mais.
Et il semble bien que le plan soit en effet de faire du métier d'artiste auteur une profession libérale comme les autres, avec le même genre de taux de cotisation et le même type de prestations en retour (retraite, droits à la sécu, congé maladie, maternité/paternité, etc.) Sauf que - et on revient au début de la conversation - en l'état actuel des choses, la part consacrée aux droits d'auteur dans l'économie du livre ne permet pas de s’acquitter de ce genre de cotisation. Il va donc soit falloir réussir à dégager des droits équivalents à des honoraires d'avocat ou de médecin généraliste, soit revoir complètement le système de rémunération de ce corps de métier.
La deuxième piste est à mon avis (surprise !) la bonne. Parce que le statut soi-disant exceptionnel des artistes auteurs a toujours été un labo de précarisation du travail et de déconnexion entre labeur et rémunération (quand les intermittents se battent, c'est pour ne pas être traités comme nous). Au-delà d'une réflexion sectorielle, ça peut être une belle occasion de réfléchir, pour tout le monde, aux moyens de subsistance. Sans compter que ça permettrait d'ouvrir la boîte de Pandore du droit d'auteur en général - cette rémunération qui peut se poursuivre 70 ans après la mort du travailleur, et permettre à des ayants droits de faire chier les fans au nom de la soi-disant volonté d'un cadavre qui n'en peut mais.
Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?
Léo Henry a écrit :Parce que le statut soi-disant exceptionnel des artistes auteurs a toujours été un labo de précarisation du travail et de déconnexion entre labeur et rémunération (quand les intermittents se battent, c'est pour ne pas être traités comme nous).
On ne pourrait mieux le formuler.
Sur le plan strictement financier, le traducteur que je suis est mieux loti qu'un auteur (l'à-valoir est nettement plus élevé), mais l'absence de congé maladie et d'assurance chômage relève d'une semblable précarité. Sans compter, comme l'a dit Mélanie Fazi dans "Paroles de traducteurs" (je cite de mémoire): "On sait quand l'argent doit sortir, jamais quand il doit rentrer."
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.
Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?
Je ne sais pas si l'artiste auteur est prolo comme les autres (lire le chouette blabla de Tanx à ce sujet), par contre notre expérience de travailleurs précaires devrait nous pousser à une solidarité de classe qui se réalise à mon sens trop peu.
(Je suis curieux de voir comment va se passer Angoulême cette année.)
Et tant qu'on est sur les questions culture / travail / mouvement sociaux, je signale à tout hasard le chouette podcast des grévistes de Radio France (que l'on n'entend ni pendant les grèves - duh - ni quand ils reprennent l'antenne, parce qu'ils n'ont pas le droit de donner leur avis) : https://blogs.mediapart.fr/dedansdehors-radio
(Je suis curieux de voir comment va se passer Angoulême cette année.)
Et tant qu'on est sur les questions culture / travail / mouvement sociaux, je signale à tout hasard le chouette podcast des grévistes de Radio France (que l'on n'entend ni pendant les grèves - duh - ni quand ils reprennent l'antenne, parce qu'ils n'ont pas le droit de donner leur avis) : https://blogs.mediapart.fr/dedansdehors-radio
- Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
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Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?
JDB a écrit :Léo Henry a écrit :Parce que le statut soi-disant exceptionnel des artistes auteurs a toujours été un labo de précarisation du travail et de déconnexion entre labeur et rémunération (quand les intermittents se battent, c'est pour ne pas être traités comme nous).
On ne pourrait mieux le formuler.
Sur le plan strictement financier, le traducteur que je suis est mieux loti qu'un auteur (l'à-valoir est nettement plus élevé), mais l'absence de congé maladie et d'assurance chômage relève d'une semblable précarité. Sans compter, comme l'a dit Mélanie Fazi dans "Paroles de traducteurs" (je cite de mémoire): "On sait quand l'argent doit sortir, jamais quand il doit rentrer."
JDB
On a le droit au congés maladie en tant qu'auteur (en tout cas, c'était le cas la dernière fois que j'ai eu un arrêt maladie). C'est pas simple, il faut faire une déclaration sur l'honneur et neuf fois sur dix la CPAM comprend rien, mais on y a droit.
Je me suis souvent dit qu'une assurance-chômage serait "logique" pour un auteur qui a des revenus constants pendant 24 mois. Il faudrait évidemment la financer, et le piratage des livres étant une réalité contre laquelle les fournisseurs d'accès internet ne font rien (me semble-t-il)...
GD
- Laurent Queyssi
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Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :
Je me suis souvent dit qu'une assurance-chômage serait "logique" pour un auteur qui a des revenus constants pendant 24 mois. Il faudrait évidemment la financer, et le piratage des livres étant une réalité contre laquelle les fournisseurs d'accès internet ne font rien (me semble-t-il)...
Quel rapport ?
- Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
- Grand Ancien
- Messages : 2637
- Enregistré le : 18 mars 2018 à 12:27
Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?
Laurent Queyssi a écrit :Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :
Je me suis souvent dit qu'une assurance-chômage serait "logique" pour un auteur qui a des revenus constants pendant 24 mois. Il faudrait évidemment la financer, et le piratage des livres étant une réalité contre laquelle les fournisseurs d'accès internet ne font rien (me semble-t-il)...
Quel rapport ?
Faut trouver de l'argent pour les auteurs... il y a des compensations pour le piratage des oeuvres audiovisuelles, non ?
Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?
Léo Henry a écrit :Et tant qu'on est sur les questions culture / travail / mouvement sociaux, je signale à tout hasard le chouette podcast des grévistes de Radio France (que l'on n'entend ni pendant les grèves - duh - ni quand ils reprennent l'antenne, parce qu'ils n'ont pas le droit de donner leur avis) : https://blogs.mediapart.fr/dedansdehors-radio
Ah ! Merci pour le lien, je n'avais écouté que le premier.
Cependant, comme tout le monde est dans la rue, les "grévistes" de Radio France ont fini par l'ouvrir.
Ce qui, à ma connaissance, n'avait jamais eu lieu. L'émission que je signalais plus haut
(Dans un monde "réellement humain", comment et pourquoi travailler ?) fait partie du dossier En raison d'un mouvement social....
Travailleuuuuurs, travailleuuuuses...
Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :Laurent Queyssi a écrit :Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :
Je me suis souvent dit qu'une assurance-chômage serait "logique" pour un auteur qui a des revenus constants pendant 24 mois. Il faudrait évidemment la financer, et le piratage des livres étant une réalité contre laquelle les fournisseurs d'accès internet ne font rien (me semble-t-il)...
Quel rapport ?
Faut trouver de l'argent pour les auteurs... il y a des compensations pour le piratage des oeuvres audiovisuelles, non ?
Les pirates seraient donc responsables de la précarité des auteurs et autrices ?
Méchants pirates !
- Laurent Queyssi
- L'équipe du Bélial'
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Re: Maintenir la précarité des auteurs pour garantir la bonne santé de l'édition ?
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :
Faut trouver de l'argent pour les auteurs... il y a des compensations pour le piratage des oeuvres audiovisuelles, non ?
Peut-être, mais ça m'a échappé. Des compensations pour qui ? Les producteurs de films ? Et versées par qui ?
J'en suis resté à Hadopi, je t'avoue. Qui indemnisait les FAI qui dénonçaient leurs abonnés.
Après l'idée d'un chômage pour les auteurs qui reviendrait plutôt à une sorte d'intermittence, pourquoi pas. Faisons payer des cotisations chômages aux distributeurs, tiens. Ou à Relire (oui, je sais, on va pas aller bien loin).
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