Herbefol a écrit :Par moment, je me demande si tu as bien conscience de la façon dont tu défends ta casquette d'éditeur. Depuis le début, je trouve que rien ne va dans le bon sens. Tu sembles assez bon pour défendre le système en place et pour dire que les propositions faites ne sont pas bonnes. Le problème, c'est que sans proposer d'alternatives, je ne vois pas comment ça fait avancer la situation.
Depuis le début le problèmes semble venir des éditeurs et de la part que nous donnons aux auteurs, donc je défends mon point de vue d'éditeur (membre du MEDEF et qui roule en Ferrari, comme tout le monde sait).
Il y a des alternatives à l'édition telle que je la pratique (chez Albin Michel), je les ai citées dans un message précédent, et elles n'ont été "retenues" par aucun des intervenants : l'autoédition, la coédition, le financement participatif et/ou la souscription. Ces solutions peuvent garantir de meilleurs % aux auteurs, mais est-ce qu'elles garantissent de meilleurs revenus, ça dépend des cas. Il n'y a pas de solution universelle.
Certains auteurs inventent de nouveaux modèles. Peter Flannery gère en direct tout ce qui concerne les textes en langue anglaise (autoédition, cessions audiolivres) et a un agent pour l'étranger et l'audiovisuel.
D'autres pistes ?
L'augmentation du prix du livre : le lecteur n'en veut pas, me semble-t-il.
Je pense pas qu'on puisse baisser la part du libraire quand on voit le taux de rentabilité minuscule de la plupart des librairies.
La diffusion/distribution, on est déjà très bas (peu ou pas de marge), ou alors les prestations baissent et donc la visibilité des auteurs...
Donc...
Je défends un modèle où les royalties sont considérées comme trop faibles par les auteurs, mais où l'éditeur fait un travail de prospection auprès des éditeurs poche, éditeurs étrangers, éditeurs audio, etc. Où les livres sont vraiment mis en place, c'est pour ça que le poste diffustion/distribution, on est déjà à l'os.
J'ai quand même l'impression que la plupart des auteurs veulent être publiés dans ce modèle, et non devenir des entrepreneurs. D'ailleurs je reçois toutes les semaines des ouvrages auto-publiés que leurs auteurs voudraient voir paraître chez Albin Michel Imaginaire.
Aujourd'hui quand je fais un CEP (compte d'exploitation prévisionnel) sur un premier roman, donc à 7% de royalties et pour 600 ventes (qui est le chiffre moyen de ventes d'un premier roman) il est négatif. Jusqu'à 1500 exemplaires environ il sera négatif. Alors oui, je réduis ma prise de risque, et ça ne me pose aucun problème de l'écrire. Mais il y a aussi tout ce que j'apporte à l'auteur en termes de visibilité et de cessions (potentielles). L'auteur est libre d'aller ou il veut, ce n'est pas une clause de suite qui va le retenir, personne n'y croit vraiment. Moi le premier. Il est libre d'aller où il veut... à la base. S'il veut aller dans l'édition traditionnelle, il sait où il met les pieds (ou doit se renseigner).
Tout le monde n'est pas auteur et tous les "auteurs" ne peuvent pas vivre de leur plume. Après, je ne dis pas que c'est juste, idéal, ou que sais-je. Aujourd'hui aucun auteur ne peut en vivre en étant publié chez Albin Michel Imaginaire, je pense qu'il faut peut-être commencer par ce constat. Certains me demandent avant de signer, et je leur dis " franchement j'y crois pas, il peut y avoir un énorme coup de chance, mais partez du principe que ça ne se produira pas."
GD