Dans la Yozone, François Schnebelen nous donne son sentiment sur le 2e volet de "Terra Ignota".Après le très recommandable « Trop semblable à l’éclair », « Sept redditions » conforte le lecteur dans le sentiment de tenir là un cycle de Science-Fiction qui fera date.
Terra Ignota (cycle), Ada Palmer (2019-2022)
- Olivier Girard
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Re: Terra Ignota (cycle), Ada Palmer (2019)
- Rémi
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Re: Terra Ignota (cycle), Ada Palmer (2019)
Bonjour à tous !
Bon. Ce soir, il est fini, c'est certain.
Vraiment un des meilleurs trucs en SF que j'ai pu lire depuis longtemps. Assez effarant.
Je ne prends pas le temps de lire les looooooongues pages qui précédent mon post, mais j'ajoute simplement un enthousiasme à la litanie des enthousiasmes !
Je trouve qu'Ada Palmer a un sens de la métaphore très aiguisé, très astucieux;
Je trouve que la pensée sous-jacente de cette SF philosophique (pour le dire vite) est enthousiasmante et stimulante pour les neurones et pour le coeur,
Je trouve que le livre est, quelque part, trop copieux, trop bavard, trop ambitieux, mais qu'il ne faut rien en changer. Le lecteur est rendu actif, mais les promesses de son orpaillage sont tenues. En gros, ça vaut le coup de s'accrocher.
Je trouve, et c'est ma seule réserve, que l'usage du "on" et du "ons" est peut-être la couche de trop. Disons que ça suppose une gymnastique assez facile à saisir, mais qui n'apporte pas grand chose, je trouve, si ce n'est que la juxtaposition entre le il/elle du narrateur et le "on,s" des discours directs provoque des surprises ("aaah c'est un homme!", et soudain cette info modifie notre perception du personnage, nous qui sommes, ici et maintenant, liés à cette dualité homme/femme).
Mais du point de vue du lecteur, peut-être parce que notre "on" ressemble au "nous" en français, ça me paraît superflu, et parfois pénible.
Enfin voilà. Bravo, Le Bélial, bravo, c'est topissime.
( D'ailleurs, éditorialement, vous avez une carte à jouer avec cette SF philosophique et terrienne, pour les lecteurs des Furtifs qui chercheront, peut-être, d'autres matériaux à se mettre sous la dent.
La comparaison s'arrête là, bien sûr, mais s'ils ont lu l'un, cela signifie que le côté novateur de la langue ne les rebutent pas, ni le côté politique/philo/prospective ...
En tout cas, pour moi, c'est une entrée pour le proposer. )
Merci pour votre travail.
Rémi
Bon. Ce soir, il est fini, c'est certain.
Vraiment un des meilleurs trucs en SF que j'ai pu lire depuis longtemps. Assez effarant.
Je ne prends pas le temps de lire les looooooongues pages qui précédent mon post, mais j'ajoute simplement un enthousiasme à la litanie des enthousiasmes !
Je trouve qu'Ada Palmer a un sens de la métaphore très aiguisé, très astucieux;
Je trouve que la pensée sous-jacente de cette SF philosophique (pour le dire vite) est enthousiasmante et stimulante pour les neurones et pour le coeur,
Je trouve que le livre est, quelque part, trop copieux, trop bavard, trop ambitieux, mais qu'il ne faut rien en changer. Le lecteur est rendu actif, mais les promesses de son orpaillage sont tenues. En gros, ça vaut le coup de s'accrocher.
Je trouve, et c'est ma seule réserve, que l'usage du "on" et du "ons" est peut-être la couche de trop. Disons que ça suppose une gymnastique assez facile à saisir, mais qui n'apporte pas grand chose, je trouve, si ce n'est que la juxtaposition entre le il/elle du narrateur et le "on,s" des discours directs provoque des surprises ("aaah c'est un homme!", et soudain cette info modifie notre perception du personnage, nous qui sommes, ici et maintenant, liés à cette dualité homme/femme).
Mais du point de vue du lecteur, peut-être parce que notre "on" ressemble au "nous" en français, ça me paraît superflu, et parfois pénible.
Enfin voilà. Bravo, Le Bélial, bravo, c'est topissime.
( D'ailleurs, éditorialement, vous avez une carte à jouer avec cette SF philosophique et terrienne, pour les lecteurs des Furtifs qui chercheront, peut-être, d'autres matériaux à se mettre sous la dent.
La comparaison s'arrête là, bien sûr, mais s'ils ont lu l'un, cela signifie que le côté novateur de la langue ne les rebutent pas, ni le côté politique/philo/prospective ...
En tout cas, pour moi, c'est une entrée pour le proposer. )
Merci pour votre travail.
Rémi
- Olivier Girard
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Re: Terra Ignota (cycle), Ada Palmer (2019)
Merci Rémi, ça fait plaisir.
Et pour fêter ça, je viens de lancer ce matin la 2e réimpression de Trop semblable à l'éclair (avec nouveau bandeau GPI, comme il se doit).
Nous voilà à 10 000 exemplaires de tirage 8 mois après la sortie, avec un confinement général entre les deux. C'est plutôt pas mal…
Et pour fêter ça, je viens de lancer ce matin la 2e réimpression de Trop semblable à l'éclair (avec nouveau bandeau GPI, comme il se doit).
Nous voilà à 10 000 exemplaires de tirage 8 mois après la sortie, avec un confinement général entre les deux. C'est plutôt pas mal…
Re: Terra Ignota (cycle), Ada Palmer (2019)
Est-ce que 7 Redditions semble démarrer sur les mêmes bases ?
"Sauvez un arbre, mangez un castor"
- Olivier Girard
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Re: Terra Ignota (cycle), Ada Palmer (2019)
C'est une suite ; il est difficile de comparer et il y aura une attrition mécanique. D'autant que le premier opus a pas mal clivé. Mais la série bénéficie d'une aura grandissante, me semble-t-il, et il y a beaucoup de libraires qui poussent derrière. Donc, dans la mesure du possible, j'aurais tendance à dire que oui.M a écrit :Est-ce que 7 Redditions semble démarrer sur les mêmes bases ?
Re: Terra Ignota (cycle), Ada Palmer (2019)
Bon ben voilà. Je sors d'un marathon Trop semblable à l'Eclair/Sept Redditions et... non. Vraiment pas. Du tout.
Par la forme de narration qu'elle a choisie et ses choix stylistiques, Ada Palmer demande beaucoup à ses lecteurs. J'ai l'impression d'avoir rempli ma part du contrat, alors que ce style d'écriture est aux antipodes de ce qui m'attire en général en littérature, s-f ou pas, et au final j'ai l'impression d'avoir été floué, de n'en tirer à peu près rien qui me satisfasse vraiment.
Sur le papier, son univers était prometteur, sauf que pour moi il n'est jamais qu'un décor qu'on aperçoit à travers les fenêtres de la scène de théâtre qu'elle ne quitte jamais. Et pour ne rien arranger, ses personnages me sont à peu près tous antipathiques et/ou insupportables, et déclament des dialogues avec une finesse et une retenue qu'on n'avait plus vues depuis l'époque où Sarah Bernhardt avait encore ses deux guiboles.
Symptôme qui ne trompe pas : au bout d'un moment, j'ai commencé à ricaner bêtement à chaque fois qu'un de ses personnages éclatait en sanglots (c'est-à-dire environ toutes les 15 pages). A partir de là, forcément, c'était définitivement mort.
Alors certes, il y a des choses intéressantes dans tout ça, sans quoi je ne serais pas arrivé à bout de ces 1200 pages (1200 pages, putain de bordel de merde !!!), mais clairement, Ada Palmer n'écrit pas pour moi.
Par la forme de narration qu'elle a choisie et ses choix stylistiques, Ada Palmer demande beaucoup à ses lecteurs. J'ai l'impression d'avoir rempli ma part du contrat, alors que ce style d'écriture est aux antipodes de ce qui m'attire en général en littérature, s-f ou pas, et au final j'ai l'impression d'avoir été floué, de n'en tirer à peu près rien qui me satisfasse vraiment.
Sur le papier, son univers était prometteur, sauf que pour moi il n'est jamais qu'un décor qu'on aperçoit à travers les fenêtres de la scène de théâtre qu'elle ne quitte jamais. Et pour ne rien arranger, ses personnages me sont à peu près tous antipathiques et/ou insupportables, et déclament des dialogues avec une finesse et une retenue qu'on n'avait plus vues depuis l'époque où Sarah Bernhardt avait encore ses deux guiboles.
Symptôme qui ne trompe pas : au bout d'un moment, j'ai commencé à ricaner bêtement à chaque fois qu'un de ses personnages éclatait en sanglots (c'est-à-dire environ toutes les 15 pages). A partir de là, forcément, c'était définitivement mort.
Alors certes, il y a des choses intéressantes dans tout ça, sans quoi je ne serais pas arrivé à bout de ces 1200 pages (1200 pages, putain de bordel de merde !!!), mais clairement, Ada Palmer n'écrit pas pour moi.
Re: Terra Ignota (cycle), Ada Palmer (2019)
PhilB a écrit :Symptôme qui ne trompe pas : au bout d'un moment, j'ai commencé à ricaner bêtement à chaque fois qu'un de ses personnages éclatait en sanglots (c'est-à-dire environ toutes les 15 pages).
Flashback:
In one story after another, (Vonda) McIntyre's characters are implored to surrender to their stifled need to cry, by way of showing themselves to be one of Us.
Thomas M. Disch, The Dreams Our Stuff Is Made Of (1998)
Etonnant, non?
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.
- FeydRautha
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Re: Terra Ignota (cycle), Ada Palmer (2019)
Mes larmes s’échappèrent avec tant d’abondance que tous mes auditeurs se mirent à sangloter. M. de Voltaire et Mme Denis me sautèrent au cou [...] Voltaire s’écria :
— Je l’ai toujours dit : le secret de faire pleurer est de pleurer soi-même ; mais il faut des larmes véritables, et pour en verser, il faut que l’âme soit profondément émue.
Giacomo Casanova - Histoire de ma vie.
"Scientifiquement, c'est un immense bordel la réalité."
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