Bifrost n° 99 : dossier Shirley Jackson (été 2020)
Re: Bifrost n° 99 : dossier Shirley Jackson (été 2020)
L'avis de François Rahier dans le Sud-Ouest Dimanche du 27/09/2020 :
Re: Bifrost n° 99 : dossier Shirley Jackson (été 2020)
Recommandé par le blog 813.
JDB
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"Passablement rincé", qu'il dit.
Re: Bifrost n° 99 : dossier Shirley Jackson (été 2020)
Les critiques du numéro 99 de Bifrost ainsi que le guide de lecture Shirley Jackson sont désormais en ligne !
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Re: Bifrost n° 99 : dossier Shirley Jackson (été 2020)
Il est très rare qu'une nouvelle publiée dans Bifrost me déçoive, mais je dois avouer qu'après un démarrage génial, "Par les visages" d'Olivier Caruso m'a semblé prendre le bouillon.
M'en ouvrir ici n'a pas d'autre motivation que lancer un appel à la contre-lecture.
Voilà mon grief : j'ai trouvé le chaos généré par l'épidémie de "proso" très exagéré, ou en tout cas mal étayé. Car si un prosopagnosique ne reconnait plus les visages, il reconnait encore les voix, peut s'aider d'autres repères visuels (taille, démarche, vêtements...) et lire une pièce d'identité. On peut même au besoin utiliser un système de mots de passe avec ses proches, ses collègues. Et j'imagine que toute personne exerçant une profession incluant des responsabilités "organisationnelles" s'empresserait de mettre en place des protocoles d'authentification dans la sphère de son boulot. Je veux bien croire à des failles, à une certaine panique, mais j'ai plus de mal avec l'effondrement décrit.
Et vous ?
M'en ouvrir ici n'a pas d'autre motivation que lancer un appel à la contre-lecture.
Voilà mon grief : j'ai trouvé le chaos généré par l'épidémie de "proso" très exagéré, ou en tout cas mal étayé. Car si un prosopagnosique ne reconnait plus les visages, il reconnait encore les voix, peut s'aider d'autres repères visuels (taille, démarche, vêtements...) et lire une pièce d'identité. On peut même au besoin utiliser un système de mots de passe avec ses proches, ses collègues. Et j'imagine que toute personne exerçant une profession incluant des responsabilités "organisationnelles" s'empresserait de mettre en place des protocoles d'authentification dans la sphère de son boulot. Je veux bien croire à des failles, à une certaine panique, mais j'ai plus de mal avec l'effondrement décrit.
Et vous ?
Re: Bifrost n° 99 : dossier Shirley Jackson (été 2020)
Pour moi, il y a plusieurs éléments qui peuvent expliquer l'effondrement décrit.
Un premier élément est que tout est décrit du point de vue de la protagoniste, qui, à un moment ne reconnaît plus ni la voix, ni la silhouette de son mari. Idem vers la fin du récit avec son bébé.
Un autre élément, qui pour moi est important, est que, rapidement, les médias parlent d'imposteurs et incitent la population à se méfier de tous. D'où la paranoïa ambiante et la fin, où des groupes de gens s'enchaînent ensemble afin d'éviter que les dits imposteurs ne s'incrustent parmi eux.
Un premier élément est que tout est décrit du point de vue de la protagoniste, qui, à un moment ne reconnaît plus ni la voix, ni la silhouette de son mari. Idem vers la fin du récit avec son bébé.
Un autre élément, qui pour moi est important, est que, rapidement, les médias parlent d'imposteurs et incitent la population à se méfier de tous. D'où la paranoïa ambiante et la fin, où des groupes de gens s'enchaînent ensemble afin d'éviter que les dits imposteurs ne s'incrustent parmi eux.
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Re: Bifrost n° 99 : dossier Shirley Jackson (été 2020)
Merci, Batcheva, pour ces arguments.
En fait, la narratrice reconnait quand même la voix de son mari ("Sa voix ressemble à celle de Fred") mais la proso + la conviction paranoïaque préalable qu'elle est en présence d'un imposteur l'emportent (ce qui est tout à fait vraisemblable). Il n'y a pas tellement de champ dans la nouvelle pour l'hypothèse d'une maladie qui toucherait aussi la reconnaissance des voix : tout porte à penser (ne serait-ce que le titre) que l'axiome de l'auteur est bien une épidémie de "stricte" prosopagnosie.
Autre point : si les médias favorise la méfiance en parlant des imposteurs, oui, ils permettent du même coup de s'en prémunir, par les mesures dont je parlais hier (dont on peut d'ailleurs penser que ces mêmes médias inciteraient la population à les prendre). Il est d'ailleurs étrange - ou, disons, pessimiste à l'excès - de poser que les imposteurs ont suffisamment compris la situation pour se lancer dans l'imposture mais pas leurs victimes pour s'en protéger, or l'effondrement express décrit réclame peu ou prou un tel déséquilibre.
En fait, la narratrice reconnait quand même la voix de son mari ("Sa voix ressemble à celle de Fred") mais la proso + la conviction paranoïaque préalable qu'elle est en présence d'un imposteur l'emportent (ce qui est tout à fait vraisemblable). Il n'y a pas tellement de champ dans la nouvelle pour l'hypothèse d'une maladie qui toucherait aussi la reconnaissance des voix : tout porte à penser (ne serait-ce que le titre) que l'axiome de l'auteur est bien une épidémie de "stricte" prosopagnosie.
Autre point : si les médias favorise la méfiance en parlant des imposteurs, oui, ils permettent du même coup de s'en prémunir, par les mesures dont je parlais hier (dont on peut d'ailleurs penser que ces mêmes médias inciteraient la population à les prendre). Il est d'ailleurs étrange - ou, disons, pessimiste à l'excès - de poser que les imposteurs ont suffisamment compris la situation pour se lancer dans l'imposture mais pas leurs victimes pour s'en protéger, or l'effondrement express décrit réclame peu ou prou un tel déséquilibre.
Re: Bifrost n° 99 : dossier Shirley Jackson (été 2020)
Mannaz Laguz a écrit : Il est d'ailleurs étrange - ou, disons, pessimiste à l'excès - de poser que les imposteurs ont suffisamment compris la situation pour se lancer dans l'imposture mais pas leurs victimes pour s'en protéger, or l'effondrement express décrit réclame peu ou prou un tel déséquilibre.
Tout à fait d'accord avec toi.
Cependant, mon interprétation est différente : les premiers temps, les imposteurs font peut-être cela délibérément. Ensuite, la paranoïa est telle que les victimes de la maladie prennent pour acquis que toute personne dont ils ne reconnaissent par le visage est un imposteur. J'y ai vu une critique des théories complotistes.
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