Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :PS : Je précise qu'avec mon attachée de presse, Anne-Laure Clément, on a proposé à de nombreux médias de faire un portrait d’Émilie Querbalec, évidemment dans le but d'accroître son audience, mais aussi sous l'angle : "tiens une découverte pour la génération anime / manga / geekettes". Nous ne sommes arrivés à rien.
Ca, c'est dommage, parce que son roman le mérite ! et qu'il a l'air de marcher plutôt bien en plus.
(C'est dommage également que
Catherine Dufour et
Sabrina Calvo n'aient pas l'audience qu'elles méritent.)
FranB a écrit :Là où se situe mon souci, c'est que les femmes publiées et citées précédemment sont excellentes, oui, et sortent du lot, oui, mais là où il y a une différence c'est que : on autorise les auteurs moyens à exister, mais pas les autrices moyennes (un roman peut être bon sans être brillant / excellent, et on peut quand même l'apprécier, en gros.)
La moyenne pour les hommes se situe à, disons pour l'image, 9-10/20. Pour les femmes, on doit viser le 15 ou le 16 pour ne serait-ce qu'imaginer être visibles.
Au-delà du fait que pointer l'excellence de certaines accentue une forme de compétition dont nous n'avons pas besoin, ça participe aussi à nous cantonner à la médiocrité du "sous le 15/20 c'est pas valide". Est-ce qu'on doit rappeler pourquoi Catherine Dufour a écrit le Goût de l'immortalité ? Parce qu'un homme s'est permis de lui demander quand est-ce qu'elle écrirait de "vrais" romans...
Si je puis me permettre, j'ai l'impression que ce que tu observes là est plutôt un effet statistique lié à la sous-représentation des femmes dans les littératures de l'imaginaire (qui est problématique, on est d'accord).
Je m'explique : toutes proportions gardées, le milieu éditorial SFFF ressemble au monde des échecs (peut-être plus sexiste), dans lequel les premières places du classement mondial sont monopolisés par des hommes (l'équivalent des gros vendeurs en SFFF, quoi)... mais il y a quand même quelques femmes dont on parle, comme
Judit Polgar (la
Catherine Dufour échiquéenne, si tu veux, à laquelle toute jeune joueuse se voit inévitablement comparée, la pauvre).
Or comme l'a expliqué
une étude de la Royal Society (je cite et je traduis, à ma façon) : "
les valeurs extrêmes dans un vaste échantillon sont plus susceptibles d'être élevées que dans un échantillon plus restreint" (oui, je sais, je ne suis pas
Jean-Daniel Brèque, mais vous m'avez compris ^_^).
Autrement dit, s'il y avait autant de femmes que d'hommes à jouer aux échecs, le classement (et la notoriété qui va avec) seraient à parité.
Le problème est bien sûr que les femmes ne sont pas encouragées à jouer aux échecs, ou qu'on les décourage très vite de le faire (par exemple,
Judit Polgar a avoué avoir subi son lot de remarques sexistes)... et on en revient au problème du sexisme endémique.
Aldaran a écrit :Cette question m'intéresse énormément. Peut-on déterminer le sexe ou le genre de la main qui écrit un récit sans autre indication que le récit lui-même ? Peut-être que je ne suis pas à jour de mes informations mais j'ai l'impression que ce n'est pas possible.
Je suis d'accord. Pensez au recueil collectif
Adar, dont les auteurs et autrices n'avaient pas signé leurs textes... Le genre n'était clairement pas un élément pertinent pour essayer d'identifier qui avait fait quoi. Par exemple, j'ai reconnu, je pense,
Mélanie Fazi à sa petite musique, mais sa nouvelle mettait en scène un homme (à la première personne).
Par ailleurs, je pense qu'un homme et parfaitement capable le de rendre crédible un personnage féminin (je pense à
Vostok de
Laurent Kloetzer, ma lecture du moment) ou l'inverse (la nouvelle que je viens d'évoquer).
Ceci dit, une étude scientifique israëlienne dont les références m'échappent prétendait être capable de différencier les hommes des femmes, mais elle oubliait je pense un biais culturel : on éduque les hommes à être taiseux et les femmes bavardes... (Oui je sais, j'ai échappé à ce stéréotype. ^_^)