Ou alors tu la contactes sur son site personnel.
En espérant qu'elle puisse te vendre l'un de ses exemplaires édités à bas prix (s'il lui en reste). Peut-être avec une dédicace en plus. Tu peux toujours essayer. :-)
[live Youtube] Comment parle un linguiste ? Rencontre avec Frédéric Landragin le 5 mars
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Re: Comment parle un linguiste ? Rencontre avec Frédéric Landragin le 5 mars
Modifié en dernier par 15 Millions de Bosons le 25 avril 2021 à 04:03, modifié 1 fois.
"Dans le chaos, le collectif peut dépendre d'une particule" (Poul Anderson)
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Re: Comment parle un linguiste ? Rencontre avec Frédéric Landragin le 5 mars
Dans sa postface à L'enchâssement de Ian Watson, Frédéric Landragin ouvre de nouveaux horizons à l'adresse des auteurs de romans de Science-Fiction. Dans son dernier paragraphe, "L'avenir de la linguistique-fiction ?", il propose 2 domaines à explorer :
L'avenir de la linguistique-fiction
- 1. La pragmatique
2. Le Traitement Automatique des Langues (TAL)
Je le cite :
"Des domaines tels que la pragmatique ou le Traitement Automatique des Langues ont fourni et continuent à fournir de nombreuses idées et hypothèses que la SF pourrait se réapproprier".
Au sujet de la pragmatique, j'ai trouvé un texte très intéressant de Joëlle
Elle a participé à Sémiotique peircienne : état des lieux : Actes du colloque international, Canet-Plage, 27-30 juin 2001 (Presses Universitaires de Perpignan, 2002).
Il y a aussi ce petit poche qui fait le point, "La pragmatique aujourd'hui" d'Anne Reboul et de Jacques Moeschler (Seuil, 1998) qui commence d'ailleurs par une citation d'Arthur C. Clarke, 2001, l'Odyssée de l'espace sur HAL et le test de Turing.
Ce dernier, Jacques Moeschler, linguiste suisse, a produit une étude plus récente avec Sandrine Zufferey :
Initiation à l'étude du sens : Sémantique et pragmatique
Il est aussi l'auteur d'un Dictionnaire Encyclopédique de Pragmatique (Seuil, 1994) qui, bien qu'épuisé est intégralement accessible en ligne sur son site personnel. On peut même le télécharger sur son site (DEP, 288 pages en PDF, 579 pages en version papier). Dictionnaire sans entrée alphabétique (une première), mais avec un excellent index. Les chapitres sont classés par ordre thématique.
"D'une manière tout à fait générale, on définira la pragmatique comme l'étude de l'usage du langage, par opposition à l'étude du système linguistique, qui concerne à proprement parler la linguistique" (DEP, p. 17).
Son ouvrage Dire et contredire. Pragmatique de la négation et acte de réfutation dans la conversation est également en ligne sur son site officiel (scan PDF) car il est épuisé.
Tous ces livres peuvent constituer des sources d'inspiration.
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Re: Comment parle un linguiste ? Rencontre avec Frédéric Landragin le 5 mars
Je n'avais pas vu que ce sujet pouvait m'intéresser...
En effet, même si c'est plus considéré comme un ouvrage de philosophie.
Je parierais plutôt sur le TAL, qui a des applications SF plus concrètes (je connais bien Peirce, dont les écrits sémiotiques sont plus un ensemble de fragments où les linguistes vont à la pêche qu'un tout cohérent).
Une nouvelle deCatherine Dufour, "Bobbidi-doo", utilise d'ailleurs en arrière-plan ce thème de l'apprentissage du langage naturel par les IA, aujourd'hui encore imparfait (voir Google Trad).
Sinon, l'hypothèse de Sapir-Whorf est intéressante aussi : d'après un article en cours de publication, elle serait vraie pour l'hémisphère langagier du cerveau, et fausse pour l'autre, ce qui peut amener d'intéressantes questions... Un alien conformé différemment de nous serait-il influencé ou non par son langage ?
(NB : il vaut mieux lire les articles originaux de Sapir et de Whorf, qui étaient loin d'être aussi péremptoires qu'on l'a dit par la suite...)
15 Millions de Bosons a écrit :il a oublié Ludwig Wittgenstein qui est incontournable pour le rapport du langage et de la désignation dont il est souvent question dans cet entretien passionnant.
En effet, même si c'est plus considéré comme un ouvrage de philosophie.
15 Millions de Bosons a écrit :Dans sa postface à L'enchâssement de Ian Watson, Frédéric Landragin ouvre de nouveaux horizons à l'adresse des auteurs de romans de Science-Fiction. Dans son dernier paragraphe, "L'avenir de la linguistique-fiction ?", il propose 2 domaines à explorer :
L'avenir de la linguistique-fiction1. La pragmatique
2. Le Traitement Automatique des Langues (TAL)
Je parierais plutôt sur le TAL, qui a des applications SF plus concrètes (je connais bien Peirce, dont les écrits sémiotiques sont plus un ensemble de fragments où les linguistes vont à la pêche qu'un tout cohérent).
Une nouvelle deCatherine Dufour, "Bobbidi-doo", utilise d'ailleurs en arrière-plan ce thème de l'apprentissage du langage naturel par les IA, aujourd'hui encore imparfait (voir Google Trad).
Sinon, l'hypothèse de Sapir-Whorf est intéressante aussi : d'après un article en cours de publication, elle serait vraie pour l'hémisphère langagier du cerveau, et fausse pour l'autre, ce qui peut amener d'intéressantes questions... Un alien conformé différemment de nous serait-il influencé ou non par son langage ?
(NB : il vaut mieux lire les articles originaux de Sapir et de Whorf, qui étaient loin d'être aussi péremptoires qu'on l'a dit par la suite...)
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Re: Comment parle un linguiste ? Rencontre avec Frédéric Landragin le 5 mars
Trompettes et tambours, Weirdaholic : doublement merci ! Pour nourrir ce topic et surtout pour tes références dont celle de l'article de 8 pages en cours de publication avec 62 mentions bibliographiques sur le thème de la couleur ! Et justement, en consultant cette impressionnante bibliographie, je suis tombé sur la seconde référence que j'ai trouvée dispo en ligne, de Paul Key et Willett Kempton, What Is the Sapir-Whorf Hypothesis ? de 15 pages qui va bien au fond des choses. Je te suis donc reconnaissant de tout ceci, étudiant en ce moment le sujet.
Wittgenstein
Oui, "c'est considéré comme". Mais c'est sans précédent, ce type de "philosophie". On est dans une recherche qui mêle étroitement langage et logique, recherche qui donnera naissance au "second Wittgenstein", plus tourné encore sur le langage avec ses jeux de mots, ses métaphores, traits d'esprit, etc.
Si on voit Wittgenstein sous l'étiquette "considéré comme philosophie", on va accentuer l'aspect "système, questionnements, démonstrations" et sans doute rebuter beaucoup de gens allergiques aux questions intellectuelles abstraites et qui ne voient pas vraiment où l'on va, quelle est la finalité de toutes ces réflexions.
Si on laisse tomber les étiquettes (du "considéré comme"), on peut voir les choses autrement et en effet plus orienté sur l'hypothèse Sapir-Whorf. Car ce Wittgenstein est comme un électron libre. Il n'est pas dans une mouvance strictement philosophique d'ailleurs (il se vantait de n'avoir jamais lu une seule ligne d'Aristote et ne pas s'en plaindre). Sa sensibilité mathématique est beaucoup plus importante (ses échanges avec Bertrand Russell le démontrent. Ce dernier était d'ailleurs son professeur) qu'une tradition philosophique (avec le cortège des questions habituelles métaphysiques, morales, politiques, esthétiques, etc.) dont il n'est pas le fidèle représentant. Ou disons qu'il incarne plus "la philosophie de la logique" en matière philosophique. Donc ça le rapproche des logiciens, des linguistes, des questions qui nous intéressent ici. Wittgenstein voulait être ingénieur initialement.
Ceci m'amène à penser qu'un mot, du fait qu'il a un sens (s'il en a un ou plusieurs), impose forcément à l'esprit "une direction de pensée". Imaginons qu'un autochtone de quelque horizon géographique n'ait jamais vu pour elle-même la couleur turquoise et que dans son vocabulaire, c'est du bleu au même titre que tous les autres bleus. Une catégorie bleue sans nuance aucune. Bleu du ciel, bleu de la mer, bleu turquoise, etc. Le fait qu'il apprenne ce qu'est le turquoise (qu'on lui désigne), fait qu'il le verra et le distinguera, sans plus l'assimiler à tous les autres bleus.
On pourrait prendre aussi l'exemple du mot "caillou", un "lapis lazuli brut" est un simple caillou tant qu'on n'a pas un mot qui va le considérer pour lui-même, et le valoriser à l'esprit pour ce qu'il peut être une fois travaillé.
Le langage a donc forcément un rôle dans la perception des choses : il oriente, comme une visée, sur un objet en particulier. Est-ce à dire que l'autochtone ne voyait pas le turquoise avant l'apparition du mot ? Il le voyait sans doute mais en l'amalgamant à tous les autres bleus. Ou comme le lapis lazuli brut qui n'était qu'un caillou comme les autres avant qu'un mot vienne le désigner.
On voit donc qu'on ne peut pas balayer la thèse Sapir-Worf facilement car c'est certainement un sujet complexe qui peut être traité sous plein d'aspects. Les neurosciences sont un de ces aspects. C'est très intéressant de voir cette hypothèse réactualisée (la couleur a d'ailleurs été utilisée dans les réflexions philosophiques).
Il y a un autre aspect, c'est la structure linguistique qui, au-delà du mot lui-même, dénote aussi une façon de penser, une construction dans la vision du monde.
Évidemment, on ne peut pas non plus mettre ces considérations hors de la philosophie car notre perception du monde est déjà une question philosophique, tout autant que scientifique.
Le langage viendrait parfois corriger une sorte de cécité intérieure, ce qui implique forcément un rôle dans la perception (affinée) des choses.
Pragmatique et TAL (Traitement Automatique des Langues)
Oui. Mais les deux sont fécondes pour la SF, à la condition de renouveler un peu les approches.
Merci pour la référence. Petit extrait ici.
PEIRCE ET WITTGENSTEIN
Martin Lefebvre : Sémiotique et autres disciplines
Félicitations pour ta culture et la pertinence de ton propos. Il y a eu plusieurs études entre ces deux penseurs.
En voici une accessible en ligne de Martin Lefebvre, très intéressante : "Image logique, ressemblance et langage : à propos de Peirce et Wittgenstein".
Martin lefebvre est professeur au Département des littératures de l'Université Laval (Québec) où il enseigne les études cinématographiques et la sémiotique. Il est aussi le rédacteur en chef de la revue RS*SI : Recherches sémiotiques/Semiotic Inquiry
Ici un lien introductif des recherches sémiotiques de Martin Lefebvre et Dominique Chateau sur "Esthétique et Sémiotique" où il est question de Peirce et Wittgenstein (introduction extraite de la revue RS*SI).
Ici, Peirce et l'image (Vol. 33).
Pour information, cette revue a également abordé la thématique de la sémiotique et la bande dessinée (vol. 37 et vol. 38)
Oui, tout à fait. :-)
Un lien youtube d'une conférence de Frédéric Landragin donnée à la Cité des Sciences et de l'Industrie le 19 novembre 2019 sur le thème "Comment parler à un alien ?" :
Weirdaholic a écrit :En effet, même si c'est plus considéré comme un ouvrage de philosophie.
Wittgenstein
Oui, "c'est considéré comme". Mais c'est sans précédent, ce type de "philosophie". On est dans une recherche qui mêle étroitement langage et logique, recherche qui donnera naissance au "second Wittgenstein", plus tourné encore sur le langage avec ses jeux de mots, ses métaphores, traits d'esprit, etc.
Si on voit Wittgenstein sous l'étiquette "considéré comme philosophie", on va accentuer l'aspect "système, questionnements, démonstrations" et sans doute rebuter beaucoup de gens allergiques aux questions intellectuelles abstraites et qui ne voient pas vraiment où l'on va, quelle est la finalité de toutes ces réflexions.
Si on laisse tomber les étiquettes (du "considéré comme"), on peut voir les choses autrement et en effet plus orienté sur l'hypothèse Sapir-Whorf. Car ce Wittgenstein est comme un électron libre. Il n'est pas dans une mouvance strictement philosophique d'ailleurs (il se vantait de n'avoir jamais lu une seule ligne d'Aristote et ne pas s'en plaindre). Sa sensibilité mathématique est beaucoup plus importante (ses échanges avec Bertrand Russell le démontrent. Ce dernier était d'ailleurs son professeur) qu'une tradition philosophique (avec le cortège des questions habituelles métaphysiques, morales, politiques, esthétiques, etc.) dont il n'est pas le fidèle représentant. Ou disons qu'il incarne plus "la philosophie de la logique" en matière philosophique. Donc ça le rapproche des logiciens, des linguistes, des questions qui nous intéressent ici. Wittgenstein voulait être ingénieur initialement.
Ceci m'amène à penser qu'un mot, du fait qu'il a un sens (s'il en a un ou plusieurs), impose forcément à l'esprit "une direction de pensée". Imaginons qu'un autochtone de quelque horizon géographique n'ait jamais vu pour elle-même la couleur turquoise et que dans son vocabulaire, c'est du bleu au même titre que tous les autres bleus. Une catégorie bleue sans nuance aucune. Bleu du ciel, bleu de la mer, bleu turquoise, etc. Le fait qu'il apprenne ce qu'est le turquoise (qu'on lui désigne), fait qu'il le verra et le distinguera, sans plus l'assimiler à tous les autres bleus.
On pourrait prendre aussi l'exemple du mot "caillou", un "lapis lazuli brut" est un simple caillou tant qu'on n'a pas un mot qui va le considérer pour lui-même, et le valoriser à l'esprit pour ce qu'il peut être une fois travaillé.
Le langage a donc forcément un rôle dans la perception des choses : il oriente, comme une visée, sur un objet en particulier. Est-ce à dire que l'autochtone ne voyait pas le turquoise avant l'apparition du mot ? Il le voyait sans doute mais en l'amalgamant à tous les autres bleus. Ou comme le lapis lazuli brut qui n'était qu'un caillou comme les autres avant qu'un mot vienne le désigner.
On voit donc qu'on ne peut pas balayer la thèse Sapir-Worf facilement car c'est certainement un sujet complexe qui peut être traité sous plein d'aspects. Les neurosciences sont un de ces aspects. C'est très intéressant de voir cette hypothèse réactualisée (la couleur a d'ailleurs été utilisée dans les réflexions philosophiques).
Il y a un autre aspect, c'est la structure linguistique qui, au-delà du mot lui-même, dénote aussi une façon de penser, une construction dans la vision du monde.
Évidemment, on ne peut pas non plus mettre ces considérations hors de la philosophie car notre perception du monde est déjà une question philosophique, tout autant que scientifique.
Le langage viendrait parfois corriger une sorte de cécité intérieure, ce qui implique forcément un rôle dans la perception (affinée) des choses.
Pragmatique et TAL (Traitement Automatique des Langues)
Weirdaholic a écrit :Je parierais plutôt sur le TAL, qui a des applications SF plus concrètes
Oui. Mais les deux sont fécondes pour la SF, à la condition de renouveler un peu les approches.
Weirdaholic a écrit :Une nouvelle de Catherine Dufour, "Bobbidi-doo", utilise d'ailleurs en arrière-plan ce thème de l'apprentissage du langage naturel par les IA, aujourd'hui encore imparfait (voir Google Trad).
Merci pour la référence. Petit extrait ici.
PEIRCE ET WITTGENSTEIN
Weirdaholic a écrit : (je connais bien Peirce, dont les écrits sémiotiques sont plus un ensemble de fragments où les linguistes vont à la pêche qu'un tout cohérent).
Martin Lefebvre : Sémiotique et autres disciplines
Félicitations pour ta culture et la pertinence de ton propos. Il y a eu plusieurs études entre ces deux penseurs.
En voici une accessible en ligne de Martin Lefebvre, très intéressante : "Image logique, ressemblance et langage : à propos de Peirce et Wittgenstein".
Martin lefebvre est professeur au Département des littératures de l'Université Laval (Québec) où il enseigne les études cinématographiques et la sémiotique. Il est aussi le rédacteur en chef de la revue RS*SI : Recherches sémiotiques/Semiotic Inquiry
Ici un lien introductif des recherches sémiotiques de Martin Lefebvre et Dominique Chateau sur "Esthétique et Sémiotique" où il est question de Peirce et Wittgenstein (introduction extraite de la revue RS*SI).
Ici, Peirce et l'image (Vol. 33).
Pour information, cette revue a également abordé la thématique de la sémiotique et la bande dessinée (vol. 37 et vol. 38)
Weirdaholic a écrit :(NB : il vaut mieux lire les articles originaux de Sapir et de Whorf, qui étaient loin d'être aussi péremptoires qu'on l'a dit par la suite...)
Oui, tout à fait. :-)
Un lien youtube d'une conférence de Frédéric Landragin donnée à la Cité des Sciences et de l'Industrie le 19 novembre 2019 sur le thème "Comment parler à un alien ?" :
"Dans le chaos, le collectif peut dépendre d'une particule" (Poul Anderson)
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