Bonjour à toute l'équipe,
Je ne sais pas si c'est secret professionnel ou pas mais comment faites vous le choix des oeuvres que vous allez publiées ?
Comment décidez vous si votre traducteur préféré doit refaire une mise à jour de traduction ancienne ?
Autre interrogation en forme d'exemple :
Le centre galactique de Benford est sorti en 5 volumes. Le sixième qui conclue ce cyle qui existe en anglais n'a jamais été traduit.
Est ce qu'il est possible de traduire ce fameux dernier tome et de proposer l'intégralité en style omnibus par exemple ?
Logiquement juste un livre à traduire sur 6 ;)
A moins que vous considérez que depuis le temps, tout le monde l'a lu en VO ? ;)
Merci pour vos éclaircissements.
Travail éditorial Le Bélial - petite question ;)
Re: Travail éditorial Le Bélial - petite question ;)
jlb73 a écrit :Logiquement juste un livre à traduire sur 6 ;)
Ça demanderait quand même d'acquérir les droits des cinq autres volumes ainsi que de leur traduction, ce qui n'aurait probablement rien de léger sur le plan financier.
Quand à serrer tout ça dans un unique volume, ce serait trop de texte pour rendre ça digeste. (dans les 600.000 mots en VO a priori)
edit : je ne sais pas pourquoi, mais la balise de citation a l'air de déconner.
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
Re: Travail éditorial Le Bélial - petite question ;)
jlb73 a écrit :Je ne sais pas si c'est secret professionnel ou pas mais comment faites vous le choix des oeuvres que vous allez publiées ?
Comme tous les éditeurs de SFFF en France. Vu que tu as l'air de plutôt parler de traductions que de romans rédigés en français, je vais te répondre sous cet angle spécifique. Dans chaque maison d'édition, le :
- boss / directeur de collection (de département éditorial chez Albin Michel Imaginaire)
- éventuellement certains de ses adjoints si il ou elle en a (Erwann pour le Bélial', par exemple)
- le ou les Lecteur(s) / Lectrice(s) de la maison (des employés spécifiquement payés pour évaluer des manuscrits)
- éventuellement des Lecteurs extérieurs (des blogueurs / blogueuses lisant en anglais ou des traducteurs, par exemple) bénévoles ou payés à la mission;
repèrent les livres, soit déjà sortis, soit annoncés, dans l'édition anglo-saxonne, et en fonction de la ligne éditoriale de l'éditeur, du résumé, de ce qu'à éventuellement produit l'auteur avant, des tendances du moment, du potentiel marketing du livre, décident d'évaluer le manuscrit. Parfois, c'est l'agent de l'auteur qui contacte directement la maison en question. Et puis il y a les grandes Foires aux livres, comme celles de Londres ou de Francfort.
Après ça, le manuscrit est lu. Il est relativement rare qu'il soit lu jusqu'au bout. Avec un peu d'expérience, on sait si un livre correspond à ce que l'éditeur recherche (sachant qu'ils ne recherchent pas tous le même profil de livres, évidemment) en moins de 25-30 pages (il m'est déjà arrivé, en tant que Lecteur, de ne PAS recommander des manuscrits à la lecture du simple résumé ou de 5-10 pages). Parfois, il faut un peu plus longtemps parce que certains romans sont un peu longs à se mettre en route, mais peuvent être très intéressants quand c'est le cas.
Un roman peut être jugé de grande qualité, mais ne pas être publié s'il est aussi jugé trop exigeant pour le lecteur moyen, si la frange du lectorat susceptible de l'acheter est trop réduite, et j'en passe. Ce n'est pas toujours une question de qualité mais de cible, de taille de la niche visée. Parfois, un bouquin dont on sait qu'il ne va pas être rentable est cependant traduit, car les pertes générées seront compensées par les ventes florissantes d'autres romans publiés par la même maison. Les coups de cœur, les rêves d'ado de publier machin ou machine sont aussi une réalité.
Ensuite, en fonction des différents retours, le directeur de collection prend sa décision (il est déjà arrivé que moi et d'autres Lecteurs déconseillions l'achat des droits d'un livre, et que le directeur de collection passe outre, même si en général, l'avis des Lecteurs est largement suivi), évalue la rentabilité potentielle du livre en fonction du coût d'achat des droits, du coût de la traduction, de l'état du marché, des performances des livres précédents de l'auteur, des accords avec les éditeurs de Poche, etc.
Comme un livre intéressant est assez rarement convoité par une seule maison (sauf niche très spécifique, style Hard SF d'élite), la maison fait une offre, qui sera en concurrence avec celle des autres éditeurs (sachant que pour les bouquins les plus prisés, l'achat des droits peut atteindre des sommes... insensées. Il y a même des cas où le prix s'envole sans avoir un rapport évident avec ce qui est, rationnellement, le potentiel du livre. Sans compter les coups de cœur du fils du patron -j'me comprends-). La volonté d'acheter les droits d'un roman n'est donc pas suffisante, le budget doit suivre, et il vaut mieux avoir des Lecteurs réactifs qui peuvent donner un avis plus rapidement que ceux du concurrent quand un manuscrit alléchant tombe.
Modifié en dernier par Apophis le 07 novembre 2021 à 15:51, modifié 1 fois.
Re: Travail éditorial Le Bélial - petite question ;)
Je ne cite pas, comme Herbefol, les balises dėconnent chez moi.
J'aime beaucoup le coup de coeur du fils du patron. Mais on a peut être pas la même référence (Rainer Unwin non ?)
J'aime beaucoup le coup de coeur du fils du patron. Mais on a peut être pas la même référence (Rainer Unwin non ?)
"Sauvez un arbre, mangez un castor"
Re: Travail éditorial Le Bélial - petite question ;)
(les balises déconnent chez tout le monde -et il y a parfois du code apparent aussi-, c'est un problème lié au forum qui sera réglé dès que possible)
Non, ce n'est pas Rayner Unwin, je faisais référence à un ex-membre haut-placé d'une maison française.
Non, ce n'est pas Rayner Unwin, je faisais référence à un ex-membre haut-placé d'une maison française.
Re: Travail éditorial Le Bélial - petite question ;)
Apophis a écrit :Après ça, le manuscrit est lu. Il est relativement rare qu'il soit lu jusqu'au bout. Avec un peu d'expérience, on sait si un livre correspond à ce que l'éditeur recherche (sachant qu'ils ne recherchent pas tous le même profil de livres, évidemment) en moins de 25-30 pages (il m'est déjà arrivé, en tant que Lecteur, de ne PAS recommander des manuscrits à la lecture du simple résumé ou de 5-10 pages). Parfois, il faut un peu plus longtemps parce que certains romans sont un peu longs à se mettre en route, mais peuvent être très intéressants quand c'est le cas.
Il faut parfois insister davantage.
Un exemple: X, directeur d'une collection de SF, se voit chaudement recommander un roman par son éditrice. Il le lit et manque le jeter par la fenêtre au bout de cinquante pages. Son éditrice lui dit d'insister, et il est finalement emballé.
X envoie le livre à JDB, qui, au bout de cinquante pages, manque le jeter du haut de son balcon. X lui dit d'insister, et JDB est finalement emballé, le traduit et reçoit le GPI.
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.
- Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
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Re: Travail éditorial Le Bélial - petite question ;)
jlb73 a écrit :Le centre galactique de Benford est sorti en 5 volumes. Le sixième qui conclue ce cyle qui existe en anglais n'a jamais été traduit.
Est ce qu'il est possible de traduire ce fameux dernier tome et de proposer l'intégralité en style omnibus par exemple ?
Logiquement juste un livre à traduire sur 6 ;)
J'avais envisagé ce projet chez Denoël (en deux gros tomes), il y a très longtemps.
Le 6e roman est très mauvais.
A l'époque, Robert Laffont ne voulait pas lâcher les droits des tomes en leur possession.
Quand j'avais réédité les tome 1 & 2 en Lunes d'encre, ils avaient cartonné (à ma grande surprise). Ce sont de très bons bouquins de SF, malgré des incohérences mineures (d'un tome à l'autre).
GD
Re: Travail éditorial Le Bélial - petite question ;)
Je sais bien, Jean-Daniel. Il m'est déjà arrivé (rarement) de pousser jusqu'à plusieurs centaines de pages avant d'abandonner. Mais vu la masse de manuscrits à traiter, difficile de pousser au-delà de 30 pages pour chacun d'entre eux, surtout quand ladite première trentaine de pages n'est pas convaincante du tout / ne correspond pas à ce que le commanditaire recherche.
Re: Travail éditorial Le Bélial - petite question ;)
jlb73 a écrit :Bonjour à toute l'équipe,
Je ne sais pas si c'est secret professionnel ou pas mais comment faites vous le choix des oeuvres que vous allez publiées ?
Comment décidez vous si votre traducteur préféré doit refaire une mise à jour de traduction ancienne ?
Certains collaborateurs du Bélial' sont ce qu'on appelle des "apporteurs d'ouvrage".
Quelques exemples: la novella Nexus, que je dois traduire pour UHL, a été recommandée à Olivier par les Quarante-Deux.
Séduit par une critique alléchante, j'ai lu la trilogie de novellas "Gameshouse" de Claire North, et je l'ai recommandée à l'équipe.
Par ailleurs, je "cultive" deux auteurs pour le Bélial', Poul Anderson et Lucius Shepard. Pour chacun d'eux, il y a des projets sinon en cours du moins envisagés, sur lesquels Olivier et moi faisons le point de temps en temps. Pour Shepard, je pense qu'on va continuer de le publier en UHL en attendant d'envisager autre chose.
En ce qui concerne les révisions de traductions, il est rare qu'une traduction un peu ancienne n'ait pas besoin d'être nettoyée, voire refaite de fond en comble.
Sur les sept textes composant Le Chant du barde de Poul Anderson, cinq avaient besoin d'une révision parfois drastique, une a dû être retraduite (soit elle était abrégée, soit elle a été faite à partir d'une version abrégée--je n'ai pas vérifié, m'en tenant à la dernière version parue du vivant de l'auteur) et la septième ("Le Jeu de Saturne" traduite par Jean-Pierre Pugi) n'avait besoin que d'un coup de peigne.
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.
Re: Travail éditorial Le Bélial - petite question ;)
Un grand MERCI pour vos retours très instructifs.
J'ai oublié effectivement les droits pour les livres précédents .
Merci à Mr Dumay pour ses précieuses précisions pour ce cycle en particulier. Je vais me laisser tenter par les 5 précédents donc (cf mon post sur les cycles inachevés mais on va lire quand même).
@Apophis , il n'est jamais trop tard, j'ai enfin découvert ton blog :) Je me suis inscrit et ai téléchargé le guide, chapeau bas pour tout le boulot et respects ! Je me doute de la masse mais 30 pages , cela fait short :)
Je craque pour un livre au bout d'un tiers mais on n'est pas dans le même contexte il est vrai. Je pense aussi au Seigneur des Anneaux parce que le début, c'est vraiment poussif et que j'ai failli craquer avant :) Bon, j'étais plus jeune aussi.
Merci à tous pour vos interventions qui permettent de mieux comprendre de l'autre côté de la barrière. Je ne savais qu'il y avait concurrence d'offres par exemple !
J'ai oublié effectivement les droits pour les livres précédents .
Merci à Mr Dumay pour ses précieuses précisions pour ce cycle en particulier. Je vais me laisser tenter par les 5 précédents donc (cf mon post sur les cycles inachevés mais on va lire quand même).
@Apophis , il n'est jamais trop tard, j'ai enfin découvert ton blog :) Je me suis inscrit et ai téléchargé le guide, chapeau bas pour tout le boulot et respects ! Je me doute de la masse mais 30 pages , cela fait short :)
Je craque pour un livre au bout d'un tiers mais on n'est pas dans le même contexte il est vrai. Je pense aussi au Seigneur des Anneaux parce que le début, c'est vraiment poussif et que j'ai failli craquer avant :) Bon, j'étais plus jeune aussi.
Merci à tous pour vos interventions qui permettent de mieux comprendre de l'autre côté de la barrière. Je ne savais qu'il y avait concurrence d'offres par exemple !
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