Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit : Connaissez-vous le syndrome du personnage dans l'espace ?
[Michael Christie] Premier roman dont toute une partie relève de la science-fiction (les esprits chargrins diront plutôt "anticipation"
[Anthony Doerr] Le roman s'ouvre sur une scène spatiale (...) il y a une petite musique qui revient souvent : "j'accroche pas", "je ne suis pas rentré dedans", "c'est compliqué", etc.
(
disclaimer : je n'ai lu aucun des deux. Mon commentaire est donc très général, et tout sauf critique)
Je me demande jusqu'à quel point le problème n'est pas, justement, dans ce qu'est devenue la notion d'anticipation — mais dans une analyse possiblement inverse de la tienne.
Pour beaucoup de jeunes gens (y compris pas mal d'étudiants en sciences...), aujourd'hui, une catastrophe écologique, c'est bel et bien de l'anticipation à court terme, dystopique à souhait, qui les "fait réfléchir", même (ou surtout ?) si la fiction en question n'apporte pas l'ombre d'une idée nouvelle, d'une spéculation rationnelle ou d'une réflexion un tant soit peu
hard science sur les moyens d'y faire face ou de l'éviter, au-delà de la désignation des méchants irresponsables. Et je ne suis pas surpris que ça marche.
L'espace, au contraire, c'est devenu un truc de vieux, de nostalgiques des exploits de la génération de leurs (arrière-)grands-parents, voici plus d'un demi-siècle, Et on essaie de leur vendre comme ambitieux un possible
retour sur la Lune, avec une fusée Artémis dont la charge utile est inférieure à celle de
Saturn V... Curieusement, ça ne marche plus. Et je soupçonne que c'est pareil pour la SF spatiale : c'est un sujet rebattu à mort, un retour vers le passé bien plus que de l'anticipation.
Il y a d'ailleurs bien longtemps que je n'ai pas vu passer d'idée vraiment nouvelle sur la conquête de l'espace. Ca reviendra à la mode, j'espère, mais probablement pas avant qu'un Elon Musk ou un autre ne réussisse un coup vraiment fumant, genre colonie humaine sur Mars, ou qu'un nouvel Heinlein ne leur trace une
Histoire du Futur un peu plus enthousiasmante !
Ce pessimisme ambiant me semble bien moins marqué (dans le domaine technique du moins) chez les jeunes américains.