[no SF] Michael CHABON - Les Princes vagabonds

[Nébal]

Hop !

Michael Chabon nous conte dans ce roman d'aventure historique le destin d'un duo de "juifs d'épées", de princes vagabonds, ou de fieffés bandits, c’est selon, composé du gringalet franc Zelikman, médecin dépressif armé d’une anachronique rapière baptisée Lancette, et du colosse Amram, aussi Noir que Juif (ça fait beaucoup pour un seul homme…), habile tacticien et terriblement dangereux quand il en vient à manier sa hache viking, répondant au nom de (j’adore) « Profanateur-de-ta-Mère ». Les deux compères écument le Moyen-Orient et le Caucase aux environs de l’an 950, et enchaînent les aventures.

Mais voilà qu’un beau jour leur tombe dans les mains un jouvenceau khazar à la langue bien pendue, héritier d’un empire usurpé de fraîche date par une ignoble fripouille comme il y en a tant. Le jeunot ne rêve que d’une chose : restaurer son frère sur le trépied d’Itil, ou à défaut le conserver en attendant, bref : en chasser l’usurpateur, Boulan. Plus facile à dire qu’à faire. Et Zelikman et Amram sont-ils prêts à se lancer dans cette folle aventure ?

Prétexte classique, on le voit, à un déferlement de rebondissements en tous genres, certains gros comme une maison – mais c’est le jeu –, et à une avalanche d’action sans répit sur 200 pages (oui, c’est assez court ; juste ce qu’il faut, en fait). C’est très adroit, très bien ficelé (tout au plus pourra-t-on trouver quelques ellipses un peu brusques vers la fin du roman), superbement écrit (Chabon fait du divertissement, certes, mais il s’applique comme d’habitude), et, surtout, surtout, c’est extrêmement drôle et tout à fait jubilatoire. On ne s’ennuie pas un seul instant tout au long de ce court roman, qui nous happe dès la première page pour ne plus nous lâcher jusqu’à la postface. Ça se lit en quelques heures à peine, mais c’est délicieux comme peu de livres le sont.

Surprenant de la part de Chabon ? Peut-être pas tant que ça en fait. Mais jubilatoire assurément.

[Bruno78]

Oui, pour une fois le lecteur s'amuse autant à lire ce livre que l'auteur s'est amusé à l'écrire. Un très sympathique roman d'aventures picaresques, dédicacé qui plus est à Michael Moorcock.

[Olivier Girard]

Critique à venir dans le Bifrost 60, sous la plume de Xavier Bruce.

[M]

Critique à venir dans le Bifrost 60, sous la plume de Xavier Bruce.

Alors ça va me faire un livre à acheter. La critique de Nébal m'avait séduite. Mais à chaque fois que j'ai acheté un livre chroniqué par Xavier Bruce, ce fut toujours un plaisir. Le dernier en date est Docteur a tué (critiqué dans le dernier Bifrost) et ma femme l'a lu avec beaucoup de plaisir. Je m'y attaque bientôt.

[Pierre-Paul Durastanti]

C'est plutôt très chouette, Les princes vagabonds. Chabon expliquait dans une interview au New York Times que, pour l'écrire, il avait relu Dumas, Howard, Moorcock et Leiber. Il y a pire, comme inspirations!

[Nébal]

Ah, donc je ne me suis pas planté pour Leiber. Ouf.

(N'ayant jamais lu "le cycle des épées", honte sur moi, je n'étais pas totalement sûr de mon coup...)

[Pierre-Paul Durastanti]

Au risque de faire dériver le fil, oui, tu peux avoir honte. Le Cycle des épées, c'est tout bonnement génial (hein, Bruno?). Par contre, préférer la traduction initiale, pour une fois (chez Pocket -- ou, mieux, Temps Futurs, avec ses belles couvs). Un des rares prix Hugo attribués à une œuvre de fantasy, pour la superbe novella "Mauvaise rencontre à Lankhmar" dans Epées et démons, longtemps avant Harry Potter.

[Bruno78]

De toute façon, la deuxième trad est incomplète, le dernier tome n'étant jamais paru (pour une raison que j'ignore).