Entretien avec Arnauld Pontier

[Le chien critique]

Arnauld Pontier, auteur trop méconnu à mon goût, a bien voulu répondre à quelques questions.

C'est par ici : Arnauld Pontier, de rencontre en rencontre

[Weirdaholic]

Arnauld Pontier, auteur trop méconnu à mon goût, a bien voulu répondre à quelques questions.

Pff, ça me fait encore un auteur de plus à découvrir ! ^_^ Tiens, d'ailleurs, à ton avis, c'est quoi le meilleur ouvrage pouur commencer ? Dehors, les hommes tombent (je me souviens d'en avoir entendu parler et 'avoir hésité à le découvrir) ?

Sinon, dans l'entretien, il y a quelque chose d'assez proche de ma philosophie de blogueur (j'essaye de lire, et donc de chroniquer, des ouvrages qui vont m'intéresser d'une façon ou d'une autre, et j'essaye aussi, en les chroniquant, de mettre l'accent sur ce qui m'a intéressé, ce qui se tient dans le projet de l'auteur ou de l'autrice, d'être plus objectif que subjectif quoi) :

Je ne chronique que mes coups de cœur. Écrire est un tel travail, pour tout auteur ; aucun, à mes yeux, ne mérite d’être enfoncé. Tu n’aimes pas ? Tais-toi, c’est subjectif.

[Apophis]

Sauf que quand tu as une communauté qui est sur la même longueur d'onde que toi, elle aime bien savoir quand tu as détesté un roman, histoire d'éviter d'y consacrer du temps / de l'argent. Le "Tais-toi, c'est subjectif", c'est bien commode pour donner l'illusion que son roman n'a que de bonnes critiques, donc qu'il est excellent, donc que si tu hésites, tu dois l'acheter. Ma philosophie de blogueur à moi, c'est qu'à moins que le bouquin soit une telle bouse intersidérale que sacrifier trois heures à l'écriture d'une chronique soit inconcevable, les romans qui ne m'ont pas plu / que j'ai trouvé faibles, bancals ou perfectibles doivent autant, sinon plus, être chroniqués que les chefs-d'œuvre. Sans compter que le sens critique s'affine et s'affûte justement en tentant d'expliquer ce qui n'a pas fonctionné, pas en empilant les adjectifs laudatifs.

[yogo]

Je suis entietement d'accord avec Apophis. Écrire c'est partager, il faut accepter les retours négatifs surtout si ils sont argumentés et explicités. Mais je peux comprendre que cela puisse blesser l'auteur.

[M]

Toute critique est valable si elle constructive et argumentée. Si elle se résume à "ce roman c'est de la merde" alors c'est inutile. Par contre je rejoins Apophis, dont je suis le blog avec attention justement parce que je partage ses goûts, j'apprécie qu'il détaille pourquoi il n'a pas apprécié un roman. Parfois je passe mon tour, parfois j'y vais quand même pour me faire mon idée. Mais ce travail critique des blogueurs ou des revues spécialisées est essentiel devant la profusion de sortie en librairie.

[Aldaran]

Je ne chronique que mes coups de cœur. Écrire est un tel travail, pour tout auteur ; aucun, à mes yeux, ne mérite d’être enfoncé. Tu n’aimes pas ? Tais-toi, c’est subjectif.

De mon côté, sur le blogounet, j'avais pris l'habitude de causer uniquement de ce que j'ai aimé, me contentant de discuter du reste ici ou là quand je vois une discussion passer. Je ne sais pas si c'est une bonne méthode. Mon blog me servant principalement de pense-bête, ça me convient très bien comme ça. Éventuellement, mes billets peuvent attirer l'attention sur des ouvrages qui m'ont paru intéressants. Mais épingler de manière permanente un truc qui ne m'a pas plu, ça ne m'est jamais venu à l'idée.
En revanche, le « Tu n'aimes pas ? Tais-toi, c'est subjectif » me semble être une injonction méchamment velue que je n'arrive absolument pas à comprendre. Un avis serait subjectif quand on n'aime pas mais ne le serait plus lorsqu'on aime ? Qu'ils soient positifs ou négatifs, les avis non subjectifs n'existent pas à mon sens.
Et après tout, chacun fait comme il le souhaite, non ?

[Apophis]

Je ne crois pas qu'il existe une bonne méthode pour bloguer et une mauvaise. Tout chroniquer, seulement le bon ou tout sauf l'exécrable, à chacun de choisir, et après, les gens adhèreront au projet ou pas. Après tout, quelqu'un comme l'Odieux Connard s'est bâti une renommée conséquente en n'écrivant QUE des critiques négatives (à titre personnel, ça a fini par me lasser malgré un certain talent d'écriture, mais c'est une autre histoire).

Sinon, je suis d'accord, aucun avis n'est 100% objectif, mais après tout, c'est dans la définition même d'un blog. On s'attend à ce que le chroniqueur émette non seulement une analyse, mais également qu'il donne un avis personnel (donc subjectif), sans parler des biais inconscients qui nous affectent tous. Après, le dosage varie, là aussi, selon le blogueur ou plus généralement le critique. J'en parlais sur un autre fil sur ce forum, mais entre les chroniques très analytiques du Chroniqueur et celles hautement personnelles du Syndrome Quickson, il y a un gouffre. Je pense, pour ma part, qu'essayer de maintenir un équilibre entre ces deux extrêmes est la voie à suivre : les analyses froides sont rébarbatives, celles uniquement basées sur le ressenti du critique n'aident pas à savoir si on aimera / détestera aussi, à moins d'être sur la même longueur d'onde que lui dans un bon 95% des cas.

[Weirdaholic]

Intéressante discussion !

Je ne crois pas qu'il existe une bonne méthode pour bloguer et une mauvaise.

Je pense aussi, ça dépend de son "projet" de blog.

Par contre je rejoins Apophis, dont je suis le blog avec attention justement parce que je partage ses goûts, j'apprécie qu'il détaille pourquoi il n'a pas apprécié un roman. Parfois je passe mon tour, parfois j'y vais quand même pour me faire mon idée.

Le projet d'Apophis est justement (me semble-t-il) d'offrir un panorama très exhaustif de l'imaginaire, donc ça fait sens qu'il chronique aussi ce qu'il n'aime pas (et en effet, une critique argumentée, en positif ou en négatif, comme les siennes, ça peut permettre de se positionner face à un ouvrage).

Perso, je suis moins grand public (c'est peu de le dire), donc je peux me permettre de ne pas chroniquer ce que je n'aime pas... En fait, ce que je sais que je ne vais pas aimer, ou moyennement, j'essaye de ne pas le lire (la vie est courte ^_^).

En général, du coup, aucune de mes lectures romans / nouvelles ne me déçoit, et je chronique pratiquement tout ; en BD, c'est différent, je sélectionne plus ce que je chronique (comme je choisis aussi mes BD, c'est rare que je sois vraiment déçu, mais je ne chronique quand même pas tout, trop chronophage ; j'essaye de parler de trucs dont on parle moins).

[Apophis]

Pas du tout : chez moi, la sélection était déjà drastique aux débuts du blog, en 2016, et elle n'a fait que devenir de plus en plus exigeante au fil des années. Et là, elle a atteint des sommets inégalés en 2023, puisque en raison de restrictions budgétaires, je n'ai prévu de lire en VO (mon cœur de "métier") que 5-6 romans inédits cette année, et pas beaucoup plus en romans en anglais déjà sortis (et pour ces derniers, tout dépendra aussi de mon état de santé, mes lectures Bifrost restant prioritaires). Donc autant dire que les critères de sélection ont été draconiens.

Si je chronique le bon comme le mauvais, c'est que des membres de ma communauté ont acheté certains romans sans savoir que j'avais un avis (négatif) dessus, et étant sur la même longueur d'onde que moi, ils auraient préféré le savoir avant, histoire d'économiser du temps et de l'argent. Sans compter qu'avec une sélection aussi rigoureuse, tomber sur un mauvais roman est d'autant plus décevant, donc mérite d'autant plus une chronique détaillée, car si moi je me fais avoir par le boniment de l'auteur / éditeur, quelqu'un de moins expérimenté peut encore plus facilement y succomber.

Enfin, penser que je lis du "grand public" en SFFF est pour le moins étonnant, justement parce qu'étant aux avant-postes de la VO, quand ça finit par sortir en français, ça fait bien souvent 1-3 ans que je l'ai lu (je me souviens d'un manuscrit lu pour un éditeur un an avant sa sortie... anglo-saxonne), mais aussi parce que je fais partie des rares blogueurs qui chroniquent régulièrement certains sous-genres mal-aimés, comme la Fantasy martiale ou pire, la SF militaire, y compris en VO. Enfin, connaissant (et pour cause) les limites des genres et sous-genres, je suis bien plus attiré par l'exotique que par le consensuel (le grand public, donc). Je suis, par exemple, le seul à avoir (à ma connaissance), critiqué un livre comme Crossings d'Alex Landragin (très original sur la forme) ou, avec quelques membres éminents de ce forum, chroniqué ce drôle de mélange de genres que constitue le fabuleux The Oppenheimer alternative de Robert J. Sawyer.

Enfin bref, ce n'est pas le sujet.

[Le chien critique]

Faut-il publier un avis négatif ? C'est l'un des marronniers récurrents.
Comme dit plus haut, chacun sa façon de voir et de faire, tout est respectable.
En ce qui me concerne, sur les personnes que je suis et donc connais leurs goûts, un avis négatif de leur part peut provoquer l'acte d'achat. Et inversement.