scifictif a écrit :Excusez la naïveté de ma remarque sur ce sujet qui me dépasse, mais ces grands groupes d'édition, dont les collections poche auront à souffrir de la concurence directe des ebooks (pourquoi attendre 2-3 ans une hypothétique réédition en poche si je peux l'avoir tout de suite pour un tarif voisin ?), n'ont-ils pas intérêt à freiner le truc ?
En France, "ils" freinent le truc, parce qu'"ils" savent pertinemment que ça va faire des dégâts terribles (un peu comme le MP3 sur la musique), des dégâts en librairie évidemment et des dégâts en terme de CA global (le gâteau va se rétrécir à cause de l'effet combiné piratage/prix des fichiers/baisse des ventes poche/baisse des ventes des œuvres dans le domaine public).
Cela dit, je maintiens que c'est une erreur de "trop" freiner le truc, que ce frein va ouvrir un champ énorme aux pirates, va frustrer beaucoup de lecteurs potentiels et que de mauvaises habitudes vont s'installer pour longtemps.
A la décharge de "ils", le numérique arrive au moment où l'édition française traverse sa pire crise depuis que j'y travaille. Le CA se maintient mais le nombre de références a explosé, notamment en imaginaire, où si on cumule jeunesse/adulte (laissons de côté la BD) le nombre de titres publiés a augmenté de 23 à plus 40% en un an (de 2008 à 2009 - le pourcentage dépend de la méthode de calcul, avec ou sans la Small Press, avec ou sans Werber/King, et je cite ces chiffres de mémoire ; cependant même si ce n'est pas ça je ne suis pas loin tout de même). Le gâteau maintient son diamètre, les parts diminuent et pire que tout pour certains éditeurs, les mises en place s'effondrent, notamment en poche.
La France est un des rares pays au monde où on fait du poche à petit tirage (4000 ex parfois), ce qui n'est évidemment pas le modèle économique "logique" du poche. Avec l'arrivée du numérique, il faut sans doute s'attendre à la fin des poches à petits tirages, du moins à une importante réduction de leur nombre. Manque de bol, c'est probablement en imaginaire qu'il y en a le plus.
Des prix de fichiers trop bas dès parution, 6 ou 7 euros par exemple pour une nouveauté, pourraient avoir des effets catastrophiques sur les éditeurs (qui doivent faire leur marge) et au final sur la création. Simple exemple, les budgets marketing étant calculés sur le CA projeté d'une parution, si les CA moyens baissent, seul les très très grosses machines / lancements bénéficieront de campagnes marketing et ça ne fera qu'accentuer le phénomène terrible de concentration des meilleures ventes que l'on observe déjà aujourd'hui.
GD (qui ne parle ici qu'en son nom)