thomasday a écrit : Caliban a écrit :à 9,99€ le roman français, tu peux être sûr que tu n'auras
pas mes sous.
Je pense qu'un bon roman de SF français vaut davantage, quand on sait tout le travail
qu'il y a derrière (auteur, éditeur, correcteurs, maquettiste, marketing...)
Oui et non... Quelle est la part qui revient à l'auteur, au final, sur un grand format ? 1,5 € ?
Quelque chose pour l'éditeur et les correcteurs, OK. On arrive dans la gamme des 2-3€.
Le maquettiste : pour l'instant, aucune maquette électronique ne m'a semblé particulièrement
créative. Personnellement, en l'état actuel des choses, je me contenterai des mises en page
plus ou moins automatisées par l'un ou l'autre des logiciels qui commencent à être disponibles.
On en reparlera quand les maquettes d'e-books proposeront une réelle valeur ajoutée, avec
navigation hypertexte, suppléments, etc. ; mais pour l'instant, ce devrait être un coût anecdotique.
Je ne me sens pas concerné par le marketing, qui vise à
vous trouver
d'autres clients,
moins bien informés que moi.
Bref : à 9,99€, on cherche à me faire financer l'industrie du livre, pas le texte que j'achète.
Cela dit, je suis conscient de l'aspect passablement subjectif, voire passionnel, de cette
posture. J'achète des nouveautés en grand format, y compris des trads de livres que j'ai
déjà en anglais, parce que je peux me le permettre, et que je le conçois, en partie, comme
un geste de solidarité au sein de la grande famille de la SF française, dont les éditeurs
sont un maillon essentiel. J'attends de leur part, en retour, un respect minimal des auteurs
et des lecteurs (évident chez les éditeurs dont on parle ici, mais pas forcément universel).
Le jour où j'ai l'impression d'être pris pour un pigeon — subjectif, toujours ! — c'est fini :
je repasse en mode "consommateur averti", minimisant ses dépenses. Et le fichier
électronique au prix du livre papier,
a fortiori le DRM, me font exactement cet effet.
thomasday a écrit :Caliban a écrit :Il me semble que les chiffres qu'on vient de voir sont limpides
Non, ils ne sont pas limpides, pour le moment il a été proposé aux lecteurs de donner ce qu'ils
voulaient ; ce qu'ils donnent quand ils donnent ne rendent pas les produits "viables".
Cela ne dit rien sur la viabilité du modèle "opération Bélial'". Mais ça semble une indication
assez claire du rejet du modèle "grand éditeur freinant des quatre fers" !
thomasday a écrit : les éditeurs qui vendent en poche veulent vendre en poche ; ils peuvent se tirer
une balle dans le pied (ne pas vendre), mais le jour où ils tiennent un best-seller,
la blessure s'infectera.
Je ne verrais rien de choquant à une durée raisonnable d'exploitation papier exclusive,
comme dans le cas cinéma en salle
vs. DVD. Une tentative d'empêcher purement
et simplement l'émergence de nouvelles pratiques, ou de les cantonner aux livres
invendables, me semblerait en revanche indéfendable.
D'autre part, tu sembles partir du principe que la filière du livre électronique rapportera
forcément moins aux éditeurs que le marché du poche. A moyen terme, ça ne me semble
pas du tout établi.
Herbefol a écrit : Je me permets de redire que l'iPad n'est pas acheté juste pour lire des livres,
ça pourrait même être un usage mineur de la chose. ;-)
Assurément. Mais l'achat de livres de SF est aussi un "usage mineur", minoritaire en tout
cas, du budget divertissement du français moyen. La question me semble être ici : la
nouvelle génération de machines iPad-like change-t-elle la donne commerciale pour
les éditeurs de SF. Cela me semble au moins possible, sinon probable (et ça semble
être aussi l'opinion de nombre d'acteurs de l'édition !)
filip a écrit : Voir d'ailleurs l'anedocte d'un auteur sur ebouquin
Là, c'est vraiment un détail : peu importe que la demande émane de clients sur Kindle,
sur iPad, ou sur n'importe quelle autre machine, du moment qu'elle est significative.
Et il ne me semble pas raisonnable de comparer les ventes de livres de l'AppleStore
à celles d'Amazon, le poids lourd du secteur, quelques mois à peine après son entrée
dans la danse !