Sybille a écrit :thomasday a écrit :D'ailleurs le raisonnement est biaisé à la base ; les gens ne vont pas acheter "plus" parce que c'est à 3 euros.
Là, j'avoue, j'aimerais bien savoir sur quoi tu bases tes affirmations.
À mon avis, c'est en partie vrai. Personnellement, je rêverais aussi que les gens achètent plus si c'est moins cher. Je pense que ce sera le cas, mais pas
beaucoup plus. En bref, les gens qui sont déjà lecteurs mais qui ont de petits budgets achèteraient plus de livres (on augmente le nombre de livres vendus par personne) mais ce n'est pas pour autant que tout le monde se mettra à lire, on restera à une bonne part de la population qui ne lira pas pour autant, même si le livre est moins cher.
Bref, je ne suis pas aussi pessimiste que GD, je pense qu'on peut espérer doubler le nombre de livres vendus mais guère plus. Au mieux, on conservera le budget/lecteur actuel (genre "avant je me payais 3 livres à 20 euros par mois, maintenant je passe à 20 livres à 3 euros"), mais plus probablement, les gens en profiteront pour récupérer un peu de sous pour d'autres loisirs, ou simplement leur survie dans un monde où le pouvoir d'achat des classes moyennes ne s'améliore guère (dans l'exemple précédent : "j'achète 10 livres à 3 euros par mois"). On ne peut pas espérer d'un coup que le livre redevienne le loisir à la mode parce qu'il sera moins cher. Surtout que cette nouvelle technologie se développe en même temps que tout un tas d'autres loisirs "portables" (genre poster sur un forum quand on attend chez le médecin au lieu de lire un roman), ce qui pourrait (notez le conditionnel avant de me tomber dessus) diminuer le nombre de potentiels lecteurs (surtout dans les générations FBaddict qui sont les lecteurs de demain).
Bref, rien de certain dans un sens ou dans l'autre, mais on ne peut pas assurer que livre moins cher = livre plus vendu (ou du moins dans des proportions qui rattraperaient les pertes).
Pour les libraires, je me pose aussi un peu la question (désolée pour les libraires présents sur le forum, je n'envie pas plus leur position que celle des buralistes). Il y en a qui font de gros efforts et c'est triste d'imaginer qu'ils pourraient disparaître, mais il faut reconnaître que beaucoup ne font plus vraiment un boulot de passionnés de livres, mais juste de commerciaux. Récemment j'entendais un débat où le libraire disait que si le livre était en crise c'était parce qu'il était trop cher, et l'éditeur en face d'expliquer qu'il ne pouvait pas faire le livre moins cher parce que déjà certains acteurs ne touchaient presque rien (l'auteur pour commencer). Quand on a parlé au libraire de sa propre marge, il a affirmé qu'elle était tout juste suffisante et qu'il n'était pas envisageable de la baisser. Donc, "c'est trop cher, faudrait baisser les coûts, mais surtout pas sur moi".
Sybille a écrit :Isa a écrit :Ce qui me paraît être la meilleure solution pour une bonne utilisation du numérique. Resterait à régler le problème de la répartition pour que les auteurs à succès aient une part plus conséquente, sans que les petits soient complètement écrasés (mais je doute que ça puisse être pire que maintenant). C'est là que le bât blesserait comme toujours. Chacun voudra une plus grosse part et si ce n'est pas le lecteur qui choisit à qui il donne ses sous, ça deviendrait la foire d'empoigne. Don Lo avait fait un billet sur le sujet sur son blog avec la possibilité que les lecteurs cliquent pour donner à tel ou tel. Pour le moment, ça semblerait le modèle le plus viable mais de là à le faire accepter...
Je ne te suis pas...
Pourquoi veux-tu que les auteurs reçoivent des parts différentes ?
Je pars du principe qu'on pourrait faire un truc genre la licence globale qui avait été suggéré pour les musiques et films et je vois venir les arguments de ceux qui se sont opposés à ladite licence globale. Personnellement, mon rêve en tant qu'auteur et lectrice serait qu'on puisse payer un abonnement mensuel (voire un prélèvement sur l'abonnement net ce qui règlerait le problème du piratage puisque tout le monde paierait) et avoir accès à tous les livres qui soient (oui, je suis une utopiste). Mais cela devrait s'accompagner d'une juste répartition de tous les acteurs. En bref, l'éditeur qui a pris le temps de lire x manuscrit pour y trouver un perle, qui l'a corrigée, qui a fait une grosse com pour la faire connaître, qui a récolté de bonnes critiques méritées, etc... devrait toucher une plus grosse part du gâteau généré que l'éditeur qui a pris le manuscrit du pote, a vaguement corrigé trois fautes et a lancé ça sur le marché. Idem pour l'auteur de la perle.
On peut trouver ça juste ou pas (étant donné le nombre de ventes de bouses commerciales il est vrai que le nombre de ventes ne reflète pas toujours la qualité) mais je trouve tout de même normal qu'un auteur beaucoup lu (et son éditeur par là même) touche plus qu'un auteur peu lu. La question est : avec un pot commun pour les bénéfices (qu'il s'agisse d'un abonnement, d'une taxe sur les abonnements net ou autre) comment répartit-on les bénéfices entre les différents acteurs ? Le système de compter le nombre de téléchargements d'une oeuvre paraît intéressant, mais si un clic égale x pourcents, il faudrait s'assurer que le même gars ne clique pas mille fois sur son propre bouquin (ou celui d'un pote) pour faire monter sa part.