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[M]

Un éditeur qui se ferait connaître parce qu'il fait les livres numériques pas chers en zappant les libraires de l'équation a toutes les chances de voir ses livres papier (99% de son CA donc) relégués au fond de la boutique à coté des chiottes (de préférence bouchées)

Et alors ? S'il se fait connaître uniquement par ses livres numériques c'est qu'il en a peut être pas grand chose à cirer du livre papier et du libraire. Et du coup ça représentera bien plus que 99% de son CA.

Au nombre des bouquins numériques et Kindle que vend Amazone, tu crois qu'ils vont encore se soucier longtemps du papier ?

[Sybille]

Un éditeur qui se ferait connaître parce qu'il fait les livres numériques pas chers en zappant les libraires de l'équation a toutes les chances de voir ses livres papier (99% de son CA donc) relégués au fond de la boutique à coté des chiottes (de préférence bouchées)

Et alors ? S'il se fait connaître uniquement par ses livres numériques c'est qu'il en a peut être pas grand chose à cirer du livre papier et du libraire. Et du coup ça représentera bien plus que 99% de son CA.

C'est ce que j'allais écrire...
Et, encore, y'a des nuances. T'as des éditeurs incontournables (au sens où le client veut trouver ses bouquins quand il rentre dans la librairie) : même s'ils se mettaient à fond dans le numérique, le libraire ne pourrait rien y faire.

Dans le commerce, y'a les gros et les petits, les puissants et les faibles. Y'a pas de place, en revanche, pour les états d'âme.

[Wicker_Man]

C'est ce qui m'arrive chaque fois que je vais au centre "culturel" et j'enrichis Amazon.

Amazon est mon dealer quasi-officiel de livres, avec Virgin - La Défense.
Là où j'habite c'est ça ou rien.

[Herbefol]

Au fait, pour revenir au répartition de ce que génère la vente d'un ebook, il me semble que là aussi on reste trop calqué sur un modèle papier.
Je suis tout à fait conscient qu'un ebook ne coute pas rien à produire ni à distribuer, mais j'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion, ici ou ailleurs, de voir expliquer qu'au final ça revient presque au même qu'avec le papier, à ceci près qu'il n'y a plus d'imprimeur dans l'équation (lui au moins est déjà assuré qu'il est illusoire d'entretenir un quelconque espoir), et là j'ai juste envie de hurler "mais de qui se moque-t-on ?".

Comment peut-on prétendre qu'un ebook coute autant à distribuer/diffuser qu'un livre papier ?

Diffusion :
- Papier : on doit envoyer des types faire le tour des points de ventes du pays (plusieurs centaines/milliers de boutiques) pour convaincre les libraires de prendre l'ouvrage dans leur rayonnages, négocier sur la marge, négocier sur les quantités à prendre, négocier sur l'éclairage apporté au bouquin (présentoir, tête de gondole, "coup de coeur", etc.).
- Ebook : on doit négocier sur la marge et l'éclairage avec quelques dizaines (grand maximum) de boutiques virtuelles. Point. Une boutique qui refuserait de prendre un livre (qui correspond un tant soit peu à ce qu'elle vend) n'a pas sa place sur la toile (le rapport volume du livre/espace disponible a quelques ordres de grandeur d'écart avec la boutique physique -> on peut "tout" stocker). Pas de volumes à négocier, la boutique a le fichier point.

Distribution :
- Papier : on doit gérer les réassorts de centaines/milliers de points de ventes, gérer les retours avec la montage de paperasse (bl, avoirs, etc.) que cela suppose, on doit stocker une montagne de volumes, gérer des mises au pilon, l'arrivée continuelle de nouveaux bouquins, se taper des coups de bourres au moment du lancement du dernier Harry Potter, etc.
- Ebook : on doit envoyer des fichiers à quelques dizaines points de ventes virtuels et on surveiller les ventes pour renvoyer sa part à l'éditeur et s'assurer que le libraire ne vend pas dix fois plus de livres qu'il le prétend (et ça c'est un des paramètres clés de tout le système, l'élément qui doit être fiable par excellence dans l'ensemble). Et c'est tout. Pas de stock, pas de logistique, pas de pilon.

[Wicker_Man]

Au nombre des bouquins numériques et Kindle que vend Amazone, tu crois qu'ils vont encore se soucier longtemps du papier ?

C'est un choix intellectuel.
S'ils veulent contenter une partie - branchée et équipée - du lectorat et se couper des gens "normaux" qui achètent des livres papier, pourquoi pas..?

[Herbefol]

Un éditeur qui se ferait connaître parce qu'il fait les livres numériques pas chers en zappant les libraires de l'équation a toutes les chances de voir ses livres papier (99% de son CA donc) relégués au fond de la boutique à coté des chiottes (de préférence bouchées)

Une fois encore pas forcément. Un petit éditeur risque gros. Un gros éditeur ayant des bestsellers est au contraire en position de force. Si le libraire relègue ses bouquins au fond où il faut tout sombre il perdra des ventes et pas l'éditeur, le lecteur de best-sellers allant chercher son ouvrage ailleurs (éventuellement sur amazon). C'est en partie pour ça que j'en veux aux gros éditeurs de ne pas se bouger : eux pourraient se permettre de mettre la pression sur le reste du système parce que le système en vit.

[M]

Au nombre des bouquins numériques et Kindle que vend Amazone, tu crois qu'ils vont encore se soucier longtemps du papier ?

C'est un choix intellectuel.
S'ils veulent contenter une partie - branchée et équipée - du lectorat et se couper des gens "normaux" qui achètent des livres papier, pourquoi pas..?

J'aimerais que ce soit intellectuel malheureusement ici il y a l'économie et l'argent qui rentrent dans l'équation. Et à ce jeu là, seul les bénéfices comptent. Si c'est vendre du livres électroniques qui rapporte alors....

Comme l'a écrit Sybille un peu plus haut :

Dans le commerce, y'a les gros et les petits, les puissants et les faibles. Y'a pas de place, en revanche, pour les états d'âme.

[Caliban]

Comment peut-on prétendre qu'un ebook coute autant à distribuer/diffuser qu'un livre papier ?

En fait, je crois que c'est presque vrai aujourd'hui, du fait de l'inculture technique de certains éditeurs.
Quelques margoulins ont investi la place et commencé à proposer un "service" de distribution/diffusion
avec des conditions léonines et des marges délirantes, et certains éditeurs ont signé avec eux des
contrats d'exclusivité "pour ne pas rater le train du numérique" (si, si, c'est une citation d'un éditeur
établi !).

Ca ne peut pas durer, et je en doute pas que le tarif de la prestation ne tardera pas à se stabiliser
à des tarifs bien plus raisonnables, mais ça reste à faire. Je ne peux encore une fois qu'applaudir
à l'initiative du Bélial', et à ses efforts de développement d'une plate-forme de vente directe
plutôt bien fichue....

[Ceir]

Y a pas moyen de faire coexister et GDF et LDP et format numérique avec une gamme de prix décroissants ?

A priori le format numérique est un peu moins cher, non ? Donc du coup il doit pouvoir être vendu un peu moins cher qu'un livre de poche ?

Et en espaçant dans le temps : GDF puis 1 an/1,5 an après le format numérique et enfin 2/3 ans le livre de poche.

En mettant le format numérique disponible un peu plus vite et un peu moins cher que le livre de poche, ça devrait pouvoir tout doucement entrer dans les moeurs du public de payer du numérique (peut-être les 5 ans dont parle Gilles).

Bon, je propose, c'est peut-être des bêtises, surtout que j'ai pas vraiment de connaissances dans le commerce.

[Sybille]

A priori le format numérique est un peu moins cher, non ? Donc du coup il doit pouvoir être vendu un peu moins cher qu'un livre de poche ?

Comme cela a été développé plus haut, "juste un peu moins cher", perso, cela me choque car, sur un livre numérique, il n'y a pas d'impression, de stockage...
Quand tu imprimes 1.000 unités, si tu n'en vends que 100, il t'en reste 900 sur les bras que tu dois stocker puis pilonner, alors que tu as quand même payé leur impression. Sur le livre numérique, les seuls frais sont ceux de la réalisation : le plus important moralement (auteur et éditeur), mais le moindre financièrement.