Prix Hugo 2023
Re: Prix Hugo 2023
Heureusement il me reste pleins de bons livres à lire. J'ai un retarrd fou. D'ici que j'ai fini peut être que le genre aura évolué vers quelque chose qui m'interessera davantage.
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Re: Prix Hugo 2023
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :
clairement ce que le lectorat veut en ce moment c'est des licornes roses, du bonheur à paillettes, de la romance et certainement pas des réflexions sur le futur.
Quel lectorat ? Les auteurs, les agents, ou les éditeurs qui vont dans ce sens ne s’adressent pas aux lecteurs de SF, ils vont chercher ailleurs, un autre public au sein de cette nébuleuse qu'on appelle l'imaginaire. Le lectorat de SF adulte, d’après les chiffres de vente qu'on voit passer, plébiscite Le Problème à trois corps, La Nuit du Faune et Trop semblable à l’éclair. On pourra se lamenter du fait qu’il n’est pas suffisamment important, ce lectorat, mais c’est ce qu’il lit. Les licornes, il n’en a rien à battre. Pour moi il s'agit de lectorats différents. Si le milieu de l'édition décide qu'il ne fait qu'un et qu'il veut des licornes, il se plante à mon avis. D'autant que j'ai l'impression qu'un de ces lectorats est plus fidèle que l'autre. Je ne pense pas que De Saxus mise beaucoup sur son fond.
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :
J'ai l'impression que le futur n'a jamais fait aussi peur (à part peut-être dans les années post-Hiroshima/Nagasaki, mais j'y étais pas).
Je n’en suis pas convaincu. Nous avons le même âge, Gilles. Nous avons vécu la fin de la guerre froide. Avant la chute du mur, nous vivions avec l’idée qu’on pouvait se prendre une bombe atomique sur la gueule à n’importe quel moment. (J’ai peut-être eu une enfance paranoïaque pour raisons familiales mais la Chanson Russians de Sting est sortie en 1985). On a eu le Sida, la première guerre du Golfe et la jeunesse emmerdait déjà le front national. Question peur collective sur l’avenir, nous n’étions pas moins bien servis.
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :
Le fait qu'Emily Saint-John Mandel soit devenue un espèce d'étalon-mètre pour la SF dit beaucoup de choses sur l'état du genre.
M’en parle pas, j’en chialerais.
Re: Prix Hugo 2023
FeydRautha a écrit :Quel lectorat ? Les auteurs, les agents, ou les éditeurs qui vont dans ce sens ne s’adressent pas aux lecteurs de SF, ils vont chercher ailleurs, un autre public au sein de cette nébuleuse qu'on appelle l'imaginaire. Le lectorat de SF adulte, d’après les chiffres de vente qu'on voit passer, plébiscite Le Problème à trois corps, La Nuit du Faune et Trop semblable à l’éclair. On pourra se lamenter du fait qu’il n’est pas suffisamment important, ce lectorat, mais c’est ce qu’il lit. Les licornes, il n’en a rien à battre. Pour moi il s'agit de lectorats différents. Si le milieu de l'édition décide qu'il ne fait qu'un et qu'il veut des licornes, il se plante à mon avis. D'autant que j'ai l'impression qu'un de ces lectorats est plus fidèle que l'autre. Je ne pense pas que De Saxus mise beaucoup sur son fond.
Tout à fait d'accord. Et c'est d'ailleurs ce que dit l'observatoire de l'imaginaire : il y a d'une part un lectorat majoritairement féminin / jeune (lycéen, étudiant, jeune actif, moins de 25 ans, en gros) orienté Fantasy, YA et plus généralement SFFF pas trop exigeante, progressiste et positive (avec de grosses réticences envers ce qu'il appelle "la grosse SF adulte" -et pour eux, un UHL standard, pas plus difficile que ça, correspond à cette définition, alors vouloir leur faire lire de la Hard SF ou quoi que ce soit de vraiment exigeant, c'est utopique), d'autre part un lectorat 25-40 ans en transition entre deux formes de SFFF, et enfin un lectorat 40-50 ans (voire plus, comme le prouvent certains membres éminents de ce forum) qui correspond au fandom "à l'ancienne", majoritairement masculin et orienté SF. Le souci étant, comme tu le soulignes, qu'un pourcentage absolument effrayant de l'édition mise tout sur le premier lectorat et envoie un os à ronger, quand l'éditeur y pense (et il y pense de moins en moins souvent) au fandom canal historique.
Le truc, c'est que c'est bien beau de suivre les modes en faisant du post-Apo, de la Romantasy, du Hopepunk, de la cosy Fantasy ou quoi que ce soit, mais ça se paye cher en termes d'image chez les types du fandom 40+ dans mon genre. J'ai d'ailleurs déjà signalé sur ce même forum qu'un pourcentage non négligeable de ma vaste communauté regardait avec une méfiance, voire un désintérêt, croissant les nouvelles sorties d'une certaine collection d'un gros éditeur, et nombre d'autres maisons sont encore plus mal loties sur ce plan. Si, au contraire, l'exemple du Bélial' doit enseigner quelque chose, c'est qu'une exigence de qualité sans compromis, sans céder aux modes, en ne se basant que sur la qualité du texte et pas sur les cases que coche l'auteur(e), est souvent synonyme de succès commercial ET d'image d'intégrité.
Et pour rester sur le sujet de base de ce fil, j'ai déjà dit à de multiples reprises ce que je pensais du Hugo, ou plutôt de son évolution, je ne reviens donc pas sur la chose. Sinon pour réitérer le fait que quand on se met à faire n'importe quoi, on perd la confiance des acheteurs.
Re: Prix Hugo 2023
Apophis a écrit :Et pour rester sur le sujet de base de ce fil, j'ai déjà dit à de multiples reprises ce que je pensais du Hugo, ou plutôt de son évolution, je ne reviens donc pas sur la chose. Sinon pour réitérer le fait que quand on se met à faire n'importe quoi, on perd la confiance des acheteurs.
C'est vrai que dans mes jeunes années de lecteur, un prix Hugo était souvent synonyme de qualité. Mais depuis une bonne grosse décennie ça ne m'interesse plus. Je préfère le Locus ou le Nebula.
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- Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
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Re: Prix Hugo 2023
FeydRautha a écrit :Quel lectorat ? Les auteurs, les agents, ou les éditeurs qui vont dans ce sens ne s’adressent pas aux lecteurs de SF, ils vont chercher ailleurs, un autre public au sein de cette nébuleuse qu'on appelle l'imaginaire. Le lectorat de SF adulte, d’après les chiffres de vente qu'on voit passer, plébiscite Le Problème à trois corps, La Nuit du Faune et Trop semblable à l’éclair.
Ce sont des titres relativement anciens.
Le problème à trois corps(octobre 2016)
Trop semblable à l'éclair (octobre 2019)
La Nuit du faune (septembre 2021) et les ventes nettes ne sont pas comparables aux deux précédents, même si j'aimerais.
D'où ma remarque sur les ventes du nouveau Kim Stanley Robinson.
A l'instant T, je ne vois pas de titre SF qui rivalise avec les romantasy qui se vendent entre 30 000 et 100 000 exemplaires.
Évidemment c''est comparer ce qui n'est pas comparable, mais si le rayon imaginaire est illimité chez les vendeurs en ligne, il ne l'est pas dans les librairies physiques.
GD
Re: Prix Hugo 2023
Tout cela me parait relever du calcul à court terme. Moi ce que je ne vois pas, c'est le bouquin de Romantasy qui sera encore réédité plus d'un demi-siècle après sa sortie comme Dune ou Le Seigneur des anneaux, et qui continuera à se vendre massivement à chaque réédition. Après, je peux me tromper, bien entendu, mais si j'en juge par l'histoire de la SFFF du dernier quart de siècle, les modes ont eu fortement tendance à s'essouffler, voire à se transformer en repoussoirs (Bit-Lit, Fantasy Criminelle, SF de casse, etc.). Je ne compte plus les booktubeuses que j'ai entendu déclarer "Ah, oui, je lisais ça quand j'étais plus jeune, mais aujourd'hui, je suis incapable de lire ce genre de livre, je suis passée à autre chose / mon dieu que c'était mauvais !".
Bref, la question est : best-seller sans lendemain ou long-sellers sur lesquels on pourra compter demain, voire après-demain ?
Bref, la question est : best-seller sans lendemain ou long-sellers sur lesquels on pourra compter demain, voire après-demain ?
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Re: Prix Hugo 2023
Apophis a écrit :Bref, la question est : best-seller sans lendemain ou long-sellers sur lesquels on pourra compter demain, voire après-demain ?
Et si l'on en croit ce que nos camarades les indépendants de l'imaginaire nous ont dit sur les ondes de France Culture il y a trois jours, cette question impacte fortement la santé financière des maisons d'éditions.
"Scientifiquement, c'est un immense bordel la réalité."
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Re: Prix Hugo 2023
Apophis a écrit :Tout cela me parait relever du calcul à court terme. Moi ce que je ne vois pas, c'est le bouquin de Romantasy qui sera encore réédité plus d'un demi-siècle après sa sortie comme Dune ou Le Seigneur des anneaux, et qui continuera à se vendre massivement à chaque réédition. Après, je peux me tromper, bien entendu, mais si j'en juge par l'histoire de la SFFF du dernier quart de siècle, les modes ont eu fortement tendance à s'essouffler, voire à se transformer en repoussoirs (Bit-Lit, Fantasy Criminelle, SF de casse, etc.). Je ne compte plus les booktubeuses que j'ai entendu déclarer "Ah, oui, je lisais ça quand j'étais plus jeune, mais aujourd'hui, je suis incapable de lire ce genre de livre, je suis passée à autre chose / mon dieu que c'était mauvais !".
Bref, la question est : best-seller sans lendemain ou long-sellers sur lesquels on pourra compter demain, voire après-demain ?
Très honnêtement, je ne prends pas le problème en termes de calcul long terme/court terme car la réponse nous l'avons tous. 99% de ces trucs seront oublié demain, même pas après-demain.
Ce qui me frappe c'est (en termes économiques, dépassionnés disons) le succès du genre romantasy qui a des conséquences sur la visibilités des autres genres (vendus dans le même rayon physique). Ce qui a des conséquences aussi sur les politiques éditoriales de plein de grandes maisons.
Il y a une espèce de paradoxe, à un moment de l'histoire de l'humanité où la question de son avenir semble plus fondamentale que jamais, la littérature qui parle de ça semble régresser sur le plan économique et ne se porte pas fort (de mon point de vue) sur le plan de la créativité, alors que ça devrait "péter" de tous les côtés. Après, il reste plein de trucs supers à lire et donc à éditer.
Re: Prix Hugo 2023
Le truc qui m'étonne, personnellement, c'est qu'avec la quantité de munitions qui volent en tous sens depuis près de trois ans, maintenant (et ça ne va clairement pas s'arranger, malheureusement), la SF militaire, tendance antimilitariste, ne soit pas plus en vogue que ça (après, ça n'a jamais été un genre populaire en France, au contraire des USA). Voire certains types d'uchronies. Par exemple, The Last Good Man de Linda Nagata avait anticipé de façon assez bluffante des tactiques innovantes et des multiplicateurs de force qui, depuis, ont été observés dans le monde réel. Certes, on peut considérer que justement, les gens ont envie de tout lire sauf ça, mais pendant le confinement, j'ai eu la nette impression qu'au contraire, les lecteurs (et les auteurs, d'ailleurs) étaient intéressés par la SF centrée sur les épidémies. Il faut donc croire que quelque chose a changé profondément et très récemment chez les acheteurs.
- Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
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Re: Prix Hugo 2023
Apophis a écrit :Le truc qui m'étonne, personnellement, c'est qu'avec la quantité de munitions qui volent en tous sens depuis près de trois ans, maintenant (et ça ne va clairement pas s'arranger, malheureusement), la SF militaire, tendance antimilitariste, ne soit pas plus en vogue que ça (après, ça n'a jamais été un genre populaire en France, au contraire des USA). Voire certains types d'uchronies. Par exemple, The Last Good Man de Linda Nagata avait anticipé de façon assez bluffante des tactiques innovantes et des multiplicateurs de force qui, depuis, ont été observés dans le monde réel. Certes, on peut considérer que justement, les gens ont envie de tout lire sauf ça, mais pendant le confinement, j'ai eu la nette impression qu'au contraire, les lecteurs (et les auteurs, d'ailleurs) étaient intéressés par la SF centrée sur les épidémies. Il faut donc croire que quelque chose a changé profondément et très récemment chez les acheteurs.
The Last good man je l'avais proposé à Albin Michel quand il est sorti. L'autrice est représentée par un agent avec qui je travaille beaucoup et avec qui je m'entends bien. Ça n'a pas convaincu mon interlocuteur de l'époque, alors que je trouvais qu'on était quelque part dans la "continuation" des œuvres de Tom Clancy.
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