Prix Hugo 2023

[Lhisbei]

C'est à dire ? La Gen Z que je côtoie au quotidien (je crois qu'ils sont de la Gen Z), ce sont des étudiants niveaux master et leurs angoisses me semblent plus être liées au présent immédiat qu'à un avenir hypothétique. En gros, ils ont des angoisses d'étudiants mais je n'ai pas l'impression qu'ils soient dans une panique existentielle avec licorne doudou. Ou alors ils le cachent, y compris lorsque nous on s'enflamme au café à grands coups de "On va tous crever ! Zut, j'ai un papier à terminer". Cela dit, c'est une population un peu particulière et pas forcément représentative qui arrive dans les labos.

(Ca fait un peu discussion de vieux notre truc, là, non ? C'est normal, on est vieux !)

Dans ce qui change (à la truelle) par rapport aux générations précédentes, en terme de management il faut les "nourrir" (diversité des tâches, sinon ils s'ennuient et se désengagent), les consulter (groupe de travail, prendre des décisions ensemble, construire ensemble..., ce qui descend doit être "porté", expliqué et justifié, avoir du sens, sinon pas d'adhésion et investissement minimum), donner des "points de repères" plutôt qu'un cadre (les règles deviennent ... variables) et être souple (surtout sur les horaires). Ils connaissent les accords collectifs mieux que les managers (mais fonctionnent en individuel et n'intègrent pas un syndicat) et comptent les points (au jeu du "win win" ils gagnent). Et si ça ne leur convient pas, bam, ils se sentent mal, ne s'y "retrouvent plus" et s'en vont (et s'ils ne peuvent pas partir, ils se désengagent). L'entreprise me traite bien selon mon cadre de référence, je suis bien, je bosse bien. Sinon... (bref on n'en fait pas ce qu'on veut, comme on veut et comme le marché du travail est plutôt favorable, l'argument du "y'en a 10 qui attendent ton poste" ne tient plus vraiment, et c'est heureux)
(perso, j'apprends à avoir un rapport plus sain avec mon taf grâce à eux et ça c'est précieux).
Ils sont aussi sensibles à la protection de l'environnement : ils sont connectés et savent à peu près ce qui nous attend (merci le GIEC) et ça les angoisse un poil mais comme ils vivent plus dans l'instant présent, ça reste un peu lointain. Ils sont friands des actions qui permettent de réduire leur empreinte carbone mais souvent à échelle individuelle (télétravail, collecte, recyclage ...) et paradoxalement, pas du tout gênés par le fait d'utiliser des technos gourmandes en énergie ou de surconsommer (de la fast fashion et des gadgets made in china acheté et livrés en 24h pour ce que je peux en voir).

(on est jeunes depuis longtemps, c'est pour ça)

[Bergelmir]

(Ca fait un peu discussion de vieux notre truc, là, non ? C'est normal, on est vieux !)

Disons "vieux sages" alors car vos souvenirs/sentiments et analyses sont très intéressants à lire.

Surtout pour quelqu'un comme moi, né plus tard dans les années 80, et avec un décalage important concernant les angoisses de jeunesse : Tchernobyl, le mur de Berlin et l'URSS n'existant plus dès mes 5 ans, j'ai l'impression d'avoir eu une enfance puis une adolescence dénuées de ces "problèmes d'adulte", et ce jusqu'à une quinzaine d'années durant une décennie 90 presque utopiste en Europe, avant le retour des complications internationales durant la décennie 2000 avec les attentats sur le WTC, la crise des subprimes et j'en passe.

[Aldaran]

(Ca fait un peu discussion de vieux notre truc, là, non ? C'est normal, on est vieux !)

Ah, ah ! C'est ce que je me suis dit en voyant les réactions ce matin : merde, on a réveillé tous les vieux du forum...
Cela dit, je croise quotidiennement des tas de vieux qui n'ont pas la moitié de mon âge...

[Pyjam]

Pas étonnant. C’est inscrit sous ton pseudo: «  Grand Ancien  ».

[Weirdaholic]

On est dans un tempo, une espèce de mouvement, où les problématiques individuelles (genre, racisme, lutte contre les inégalités, post-colonialisme vu par le prisme de l'individu) prennent très souvent le pas sur les problématiques collectives (changement climatique, crises politiques, crises démographiques, crises sanitaires).

De base, je ne pense pas que les 2 soient incompatibles, étant donné que les responsables des 2 problématiques sont les mêmes... D'ailleurs en SF il y a plein de grands bouquins qui nous font sentir à hauteur d'homme ou de femme des grands enjeux sociaux - même si maintenant ils sont pas mal noyés dans la masse.

Est-ce qu'il n'y a pas toujours eu un public pour les textes "régressifs", je veux dire ceux qui ne sont guère que de l'Harlequin amélioré ?
La seule différence, c'est que maintenant, grâce aux "nouveaux médias", ils sont beaucoup moins marginalisés qu'avant, et beaucoup plus acceptés socialement, comme dit ici :

La Romantasy, c'est le nom marketting de la Fantasy gnangnan qui existe depuis la nuit des temps (Lackey, McKillip, etc). Sauf que maintenant elle a des paillettes et du jaspage et est vendue à prix d'or.

Notre époque a quand même des spécificités en matière de diffusion (les réseaux sociaux) mais aussi de production (on n'a jamais publié autant) qui font que c'est souvent difficile de comparer avec le "bon vieux temps".

Bon, il y a quand même quelques comparaisons qu'on peut faire, par exemple :

La télé d'avant était aussi bien différente de la télé de maintenant avec CNews, ITélé et BFM et tous les reportages dont l'angle de vue est de fait anxiogène (délinquance etc).

Ca c'est quelque chose de bien documenté par le sociologue Laurent Mucchielli (qui s'est fait récememnt remarquer pour de mauvaises raisons) ; il montrait à la fois que sur le très long terme la violence baisse (comparez notre époque ua Moyen-Âge), mais que la place croissante que les médias ont consacré aux faits divers donne l'impression inverse (et engraisse l'électorat frontiste).
L'Acrimed l'a noté aussi, en s'appuyant sur des rapports officiels (ici sur la période 2003-2013).

Sinon, pour en revenir au point de départ de la discussion, Nettle & Bone est vraiment si mauvais que ça ?

[Soleilvert]

Lhisbei :

Dans ce qui change (à la truelle) par rapport aux générations précédentes, en terme de management il faut les "nourrir" (diversité des tâches, sinon ils s'ennuient et se désengagent), les consulter (groupe de travail, prendre des décisions ensemble, construire ensemble...,

Ah ouais … pour moi qui ai subi le management d'un operateur téléphonique historique où, à l'époque des grandes reorganisations consécutives à un endettement abyssal, fleurissaient les expressions du genre " je ferai les départs d'une façon ou d'une autre par la fenêtre ou par la porte" ou "on peut prendre des gants ou si ça ne marche pas sortir le revolver", je trouve ça mignon.

[Erwann]

Sinon, pour en revenir au point de départ de la discussion, Nettle & Bone est vraiment si mauvais que ça ?

La question à se poser dans l'optique du prix Hugo, ce serait moins de savoir si c'est un bon roman tout court qu'un bon roman de littérature de l'imaginaire.

[Weirdaholic]

La question à se poser dans l'optique du prix Hugo, ce serait moins de savoir si c'est un bon roman tout court qu'un bon roman de littérature de l'imaginaire.

Exact !

En fait, je supposais que c'était par défaut un roman de littérature de l'imaginaire ; mais peut-être que le Hugo fait comme le GPI et inclut de la littérature blanche fortement teintée dans sa sélection ?

[ChristianM]

Ah ouais … pour moi qui ai subi le management d'un operateur téléphonique historique où, à l'époque des grandes reorganisations consécutives à un endettement abyssal, fleurissaient les expressions du genre " je ferai les départs d'une façon ou d'une autre par la fenêtre ou par la porte" ou "on peut prendre des gants ou si ça ne marche pas sortir le revolver", je trouve ça mignon.

Tiens un ancien collègue ? :-)

[Aldaran]

Lhisbei :

Dans ce qui change (à la truelle) par rapport aux générations précédentes, en terme de management il faut les "nourrir" (diversité des tâches, sinon ils s'ennuient et se désengagent), les consulter (groupe de travail, prendre des décisions ensemble, construire ensemble...,

Ah ouais… pour moi qui ai subi le management d'un opérateur téléphonique historique où, à l'époque des grandes réorganisations consécutives à un endettement abyssal, fleurissaient les expressions du genre " je ferai les départs d'une façon ou d'une autre par la fenêtre ou par la porte" ou "on peut prendre des gants ou si ça ne marche pas sortir le revolver", je trouve ça mignon.

Si on y regarde de plus près, cela non plus n'a pas beaucoup changé.
Certes, ces belles expressions n'ont plus court mais l'esprit et les méthodes sont les mêmes, voire plus violentes encore.
De mon côté, j'ai quitté un distributeur historique. Des collègues (dont deux amis) l'ont également fait, beaucoup plus abruptement.
Patin couffin...