Napoléon, Ridley Scott

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Bergelmir
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Re: Napoléon, Ridley Scott

Messagepar Bergelmir » 26 novembre 2023 à 22:26

Thomas Day a écrit :Ridley Scott, faut toujours voir ses versions longues.
La première fois que j'ai vu Cartel (version cinéma) je n'ai pas du tout aimé. Et puis j'ai vu la version longue et tout a fait sens et j'ai adoré.

Ah, intéressant. J'étais sorti du ciné avec le sentiment que ce film était vraiment foireux et que Ridley s'était vraiment foutu de notre gueule vu ce qu'on était en droit d'attendre avec un tel casting.
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Re: Napoléon, Ridley Scott

Messagepar Razheem L'insensé » 27 novembre 2023 à 01:09

Kingdom of Heaven DC, une claque
Après, Scott n'a fait que décliner (en poussant le vice jusqu'à violer sa propre saga avec Prometheus et Covenant).
The Last Duel est excellent mais c'est plus pour sa façon de raconter notre mode de pensée actuelle plaquée sur l'Histoire que pour la réalité historique, complètement à la ramasse déjà.
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Re: Napoléon, Ridley Scott

Messagepar Refuznik » 30 novembre 2023 à 00:54

Je ne pense pas que le film mérite tout ce mépris auquel critiques et articles semblent s’accorder mais je ne pense pas non plus qu’il s’agisse d’un film indispensable.

Tout d’abord, prenons le film comme il est : c’est l’histoire de Joséphine et Napoleon, c’est littéralement le fil directeur du récit.
Ce n’est pas la carrière, pas l’œuvre politique ni l’empire le cœur du sujet, c’est l’amour de l’empereur, qui dérive légèrement sur l’héritage de Napoléon à la fin du film

C’est… original, mais mis à part les curieux qui se sont farcies les 400 pages des correspondances entre Napoleon et sa femme, pas sûr que ça intéresse grand monde. Tu m’étonne que tous sont frustré de ne pas voir sa carrière.
Quand une campagne ou une bataille est montrée, elle est introduite par une lettre de Bonaparte à sa femme. Quand Bonaparte discutent avec un autre personnage, ses pensées ou son expression traduisent son obsession pour elle.
Bref, la bataille, c’est au second plan par rapport à ce qui se passe dans le film.

Et dans l’état c’est… mouais.
Les jeux d’acteurs sont convaincants, surtout pour Joaquin Phénix qui parvient à reproduire la contenance et la gêne de Napoleon, les dialogues sont économes pour justement mettre en valeurs cette difficulté qu’à Napoléon pour s’exprimer, qui devient de plus en plus ouvert au cours du film. Vanessa Kirby n’est pas en reste avec son regard hypnotisant, surtout la scène où elle soumet Napoleon à son charme et à sa présence, alors qu’elle lui a avoué l’avoir trompé, là j’ai ressenti quelque chose.

Mais c’est pas plus passionnant que ça, le silence d’abord subtil, devient lassant, ennuyeux, puis dénuer d’intérêt, les deux protagonistes s’ouvrant l’un envers l’autre au cours de scène de disputes et de sexe vraiment ridicules. Toute les autres scènes de dialogues, que ce soit avec les dirigeants européens ou français, manquent globalement de frissons en dépit d’une écriture plutôt bonne. On s’emmerde, pour faire simple arrivé à la moitié du film

Et là miracle : Austerlitz
Pour commencer : Je.m’en.fous. Que ça ne soit pas historique, Scott a réveiller son génie pour les scènes d’action au cours cette scène. J’étais déjà bien impressionné par la scène sur Toulon, dynamique, violente et parfaitement chorégraphié, mais alors Austerlitz c’est un autre niveau !
J’ai ressenti un immense frisson au cours de cette séquence, le déroulement en temps réel, la photographie, le changement de plans entre l’œil du général et celui plus violent et chaotique au cœur des combats et cette conclusion de maître. La musique, la pluie d’obus sur les troupes russes en retraite, le dernier cavalier porte drapeaux qui s’écroule symboliquement. Spectaculaire, y’a pas d’autre mots !
Mais c’est tout

Tout les autres « grand moment de l’empereur ne sont pas aussi bien exécutés, le sacre, la prise de Moscou, les 100 jours et le plus triste : Waterloo chiante à mourir. Le problème principal je pense, c’est bien le refus de la grandeur, Scott a fait le choix de représenter Napoleon comme un simple général qui se berce d’illusion sur son destin et désamorce tout instant où la gloire peut apparaître. Il est symboliquement obligé de se mettre à hauteur de la momie d’un pharaon et lorsqu’il l’a touche, elle tombe pitoyablement sur le côté (joli parallèle avec la fin du film cela dit) quand il se sacre, la gêne de l’auditoire plombe l’ambiance, même si Scott applique ce procédé à tout les autres perso un peu grandiose (Louis 18 a 110 kg mdr, Robespierre lâche incapable de se suicider, ou le meilleur : Wellington, le regard hautain,depuis ses 2m, se cogne le crâne en passant une porte), tout semble bon à désamorcer la prestance de l’empereur sans pour autant en dire plus. Mise à part que tout les hommes sont mortels et médiocre, ce que j’ai bien du mal à approuver quand on parle d’un homme qui a fait l’histoire. C’est dommage.

Bref, des choix originaux, un manque d’intérêt globale, un certain ennuie sur la longueur, une véracité historique douteuse bonne a faire geindre ceux qui en raffolent, mais quelques scènes d’une grande efficacité, une première heure somme tout sympathique et de bons dialogues, mais c’est qu’il est bien imparfait le bousin.
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Re: Napoléon, Ridley Scott

Messagepar Weirdaholic » 30 novembre 2023 à 12:19

Refuznik a écrit :Le problème principal je pense, c’est bien le refus de la grandeur, Scott a fait le choix de représenter Napoleon comme un simple général qui se berce d’illusion sur son destin et désamorce tout instant où la gloire peut apparaître. Il est symboliquement obligé de se mettre à hauteur de la momie d’un pharaon et lorsqu’il l’a touche, elle tombe pitoyablement sur le côté (joli parallèle avec la fin du film cela dit) quand il se sacre, la gêne de l’auditoire plombe l’ambiance, même si Scott applique ce procédé à tout les autres perso un peu grandiose (Louis 18 a 110 kg mdr, Robespierre lâche incapable de se suicider, ou le meilleur : Wellington, le regard hautain,depuis ses 2m, se cogne le crâne en passant une porte), tout semble bon à désamorcer la prestance de l’empereur sans pour autant en dire plus. Mise à part que tout les hommes sont mortels et médiocre, ce que j’ai bien du mal à approuver quand on parle d’un homme qui a fait l’histoire.


Sauf erreur de ma part, autant le poids de Louis XVIII que la lâcheté de Robespierre sont historiquement documentés.

Après, Ridley Scott n'était pas forcément obligé en effet d'en tirer des effets comiques - voir à titre de comparaison La Foire d'empoigne de Jean Anouilh, qui valorise plutôt Louis XVIII par rapport à Napoléon (même si, à la création de la pièce, les 2 personnages étaient joués par le même acteur).

Après, plus que la "désacralisation" relevée par les chroniqueurs du Figaro, ce qui me découragerait d'aller voir le film (déjà que je suis toujours dans ma période d'auto-bannissement des salles obscures ^_^), c'est que je vois mal l'intérêt qu'il y a à parler de Napoléon dans le monde actuel, en tout cas suivant ce prisme-là (et encore plus pour un Américain, quel que soit son degré d'admiration pour l'impérialisme, lol).

Ce que je veux dire, c'est que, par exemple, quand Jean Renoir fait Elena et les hommes, qui met en scène un avatar du général Boulanger, il y a un écho évident avec la vie politique de son temps (même si De Gaulle est alors à l'écart du pouvoir, le film a quand même été tourné juste après la mise en sommeil du RPF).

De même, quand Brugeas & Herzet scénarisent leur BD sur La Cagoule, ça peut éclairer notre époque, où contrairement aux années 30 (qui avaient une répartition semblable de l'échiquier électoral), les gens se désintéressent de la politique en raison d'institutions beaucoup trop stables, donc de l'impression que s'engager ne changera rien - dans les années 30, le gouvernement actuel serait déjà tombé depuis longtemps...

Aldaran a écrit :Blade Runner de mon côté.
Qui n'avait pas fait non plus une unanimité de ouf à l'époque de sa sortie.


Je dirais pareil, avec Alien (ils tiennent encore le coup, alors que Thelma & Louise me semble un peu trop ambigu). Après je suis loin d'avoir tout vu... Mon plus récent, ça doit être Gladiator, et encore, par pure curiosité (et parce qu'on y entendait chanter Lisa Gerrard, lol).
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Re: Napoléon, Ridley Scott

Messagepar Herbefol » 30 novembre 2023 à 14:59

Weirdaholic a écrit :(et encore plus pour un Américain, quel que soit son degré d'admiration pour l'impérialisme, lol).

Si tu fais référence à la nationalité de Ridley Scott, il est britannique.

Refuznik a écrit :une véracité historique douteuse bonne a faire geindre ceux qui en raffolent

Personnellement, j'ai de plus en plus de mal avec les films "historiques" justement parce que ça prétend un peu en être tout en n'assumant pas de faire un minimum d'effort pour respecter les connaissances historiques sur le sujet traité.

Autant je n'ai pas de mal avec des films qui assument clairement de faire n'importe quoi, en mode "on s'inspire d'une époque, d'un personnage, d'un fait, mais ça s'arrête là, le reste c'est du délire". Autant je suis soulé des films qui se présentent façon "on va vous raconter la vérité sur Trukmsuh", "L'homme derrière la légende", etc. Parce qu'une partie du public prend directement pour argent comptant ce qui est raconté dans le film, comme s'il s'agissait de faits clairement établis. On a encore des gens qui pensent que Mozart a été assassiné par Salieri. Et de façon générale, la fiction (pas seulement cinématographique) continue d'entretenir quantité de mythes que les historiens ont contredit depuis bien longtemps.

Alors je ne parle pas de tacler un film parce qu'il n'est pas précis jusqu'au moindre détail, ou parce qu'il simplifie le déroulé d'un événement (notamment en supprimant certains personnages). Il est normal de procéder à un peu d'adaptation et d'avoir une marge de manœuvres. Mais quand on fait n'importe quoi, ça ne me va pas. Quand on fait tirer les canons de Napoléon sur les pyramides, alors que le type a débarqué en Égypte avec une pleine palanquée de scientifiques qui vont littéralement fonder l'égyptologie, on tord complètement la vision du truc. Tout le monde connaît la citation de Bonaparte sur les pyramides, c'est pas un truc dit par un type qui ferait tirer dessus. Quand au fait de modifier la date de décès de Joséphine, pour faire coller l'histoire à la thèse que veut défendre le réalisateur, c'est vraiment minable.

Encore une fois, ce film n'est pas un simple divertissement. Son réalisateur a une thèse qui veut défendre et pour ça, il est prêt à mentir et à tordre la réalité pour la faire coller à son propos. Personnellement, je réprouve cette démarche.

Si en plus on est, comme moi, amateur d'histoire militaire, c'est clair qu'il n'est pas possible d'aller regarder un film qui continue d'entretenir tous les mythes possibles et imaginables sur le sujet (les charges de cavalerie de trois kilomètres, l'infanterie qui fonce sans formation, les grandes mêlées générales...)

Bref, pour celleux qui ne veulent pas perdre deux heures et demi avec ce film mais qui par contre sont intéressés par la représentation de Napoléon et de la bataille au cinéma, la chaîne youtube Sur le champ a remis en ligne un très bon épisode (de 40 minutes tout de même) sur le sujet.

Bref, je n'ai pas vu le film de Scott et je ne le verrai pas, même dans sa version longue. Par contre, je suis très tenté de m'enfiler huit heures de Guerre & Paix par Bondartchouk.
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
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Re: Napoléon, Ridley Scott

Messagepar Aldaran » 30 novembre 2023 à 15:23

Weirdaholic a écrit :Mon plus récent, ça doit être Gladiator, et encore, par pure curiosité (et parce qu'on y entendait chanter Lisa Gerrard, lol).

On peut aussi l'entendre dans La Chute du faucon noir,
s'il faut des alibis en forme de longs métrages pour écouter Lisa Gerrard.
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Re: Napoléon, Ridley Scott

Messagepar JDB » 30 novembre 2023 à 15:28

Herbefol a écrit :...On a encore des gens qui pensent que Mozart a été assassiné par Salieri.

Détail: le film (je n'ai pas vu la pièce) n'essaie pas de faire croire à une vérité historique sur ce point: c'est Salieri, sur son lit de mort, qui affirme avoir tué Mozart, mais cela fait sans doute partie de son délire.
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"Passablement rincé", qu'il dit.
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Re: Napoléon, Ridley Scott

Messagepar Erwann » 01 décembre 2023 à 23:50

Herbefol a écrit :Par contre, je suis très tenté de m'enfiler huit heures de Guerre & Paix par Bondartchouk.

Le film passe au Reflet Medicis à Paris en ce moment, sous la forme de trois séances (épisode 1, épisode 2, épisodes 3 +4). Je sais ce que je vais faire de mon dimanche ^^
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Re: Napoléon, Ridley Scott

Messagepar Weirdaholic » 02 décembre 2023 à 22:30

Herbefol a écrit :Autant je n'ai pas de mal avec des films qui assument clairement de faire n'importe quoi, en mode "on s'inspire d'une époque, d'un personnage, d'un fait, mais ça s'arrête là, le reste c'est du délire". Autant je suis soulé des films qui se présentent façon "on va vous raconter la vérité sur Trukmsuh", "L'homme derrière la légende", etc. Parce qu'une partie du public prend directement pour argent comptant ce qui est raconté dans le film, comme s'il s'agissait de faits clairement établis. On a encore des gens qui pensent que Mozart a été assassiné par Salieri. Et de façon générale, la fiction (pas seulement cinématographique) continue d'entretenir quantité de mythes que les historiens ont contredit depuis bien longtemps.


Effectivement, et c'est un problème (de représentation) qui va bien au-delà de l'Histoire : je pense par exemple à la façon dont sont montré.e.s les schizophrènes (ou les TDI, la confusion est souvent faite) au cinéma, à savoir comme des assassins en puissance, alors que statistiquement parlant ils ou elles ont beaucoup plus de chance d'être des victimes (j'en ai parlé un peu dans ma chronique sur La Fille qui se noie).

Autre exemple, pris dans une vidéo de Nichoax, que j'ai déjà citée ici je crois : un film comme Mysterious Skin propage une conception psychologique erronée, ayant conduit aux dérives des thérapies dites de la mémoire restaurée.

Après, le problème est sans doute tout autant chez le public, qui manque d'esprit critique, que dans les films eux-mêmes, et la publicité mensongère faite autour d'eux (le fameux "inspiré de faits réels" des films d'horreur, alors que les faits en question ont souvent l'épaisseur d'un papier à cigarette).

Plus précisément, ce type de film ne prendrait pas s'il n'y avait le public pour... Il n'empêche que tu as raison de remarquer que le "délire" affiché est sans doute plus honnête - je pense à Sacha Guitry suggérant (dans Si Paris nous était conté, de mémoire) que c'est Latude vieillissant qui est à l'origine de la prise de la Bastille (c'est chronologiquement probable, mais évidemment non attesté historiquement, et Guitry le sait fort bien, qui traite ça ouvertement à la légère).

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