Shibia a écrit :... mais pourquoi les autres n'ont pas non plus été traduits...
Vaste débat, qui risque de m'entraîner dans de vastes réflexions.
C'est un phénomène que l'on a constaté en SF mais pas que--voir le cas de François Guérif dans le polar, par exemple. Un écrivain de langue anglaise (je me limite à ce que je connais, mais c'est sûrement vrai pour toutes les langues et toutes les cultures) a besoin d'avoir en France (mais aussi, pour ce que j'en sais, en Espagne, en Italie, en Allemagne, au Japon... bref, partout) ce qu'Olivier Girard appelait dans un édito d'un HS UHL un "craqueur", c'est-à-dire un lecteur enthousiaste qui se défonce pour le faire connaître et qui, s'il arrive à une position éditoriale, le publie et finit parfois par l'imposer.
Ainsi, je pense que la renommée de Philip K. Dick ne serait pas ce qu'elle est si, dans les années 1970, Dorémieux, Demuth et Klein n'avaient pas fait le forcing pour l'imposer (littéralement) aux lecteurs français. Plus récemment, Chambon était dingue de Resnick et l'a publié chaque fois qu'il en avait l'occasion. A mon échelle plus modeste, je n'ai jamais cessé de militer pour Poul Anderson, et grâce à Richard D. Nolane dans un premier temps (cf. sa collection "Aventures fantastiques" chez Garancière dans les années 1980) puis à Olivier Girard dans un second, les deux étant également fans, on a réussi à le faire redécouvrir aux lecteurs français.
Il y a plein d'auteurs anglo-saxons (et aussi d'autres cultures--je ne parle que de ce que je connais, bis, et je pense au boulot de dingue que font Patrice et Viktorya Lajoye pour les auteurs russes et ukrainiens) qui ont potentiellement la capacité de séduire un vaste lectorat. Mais il faut avoir les moyens et, parfois une touche de génie.
Je ne suis toujours pas remis du succès totalement invraisemblable de Michael McDowell en France grâce aux initiatives et au génie (
bis repetita placent) de Monsieur Toussaint Louverture. Ça prouve que tout est possible si les étoiles sont bien alignées.
Vaste débat, disais-je, et je n'ai pas les éléments pour l'ordonner à ma satisfaction.
Je vous laisse, j'ai du boulot (finalisation de la trado d'une novella de Lucius Shepard pour "Une Heure-Lumière"; révision d'un bouquin sur lequel j'ai bossé il y a un bail et qui intéresse Le Bélial'; et révision d'un récit totalement oublié--dernière édition française: 1931, sauf erreur de ma part--dû à la plume d'un père fondateur du genre).
Oui, oui, je craque--à tous les sens du terme.
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.