Les libraires et les bibliothécaires du monde entier vont-ils se laisser faire comme les disquaires qui ont mis la clé sous la porte sans broncher ? Le livre imprimé sur papier est menacé de disparition, dans l'indifférence générale. Je suis surpris par l'absence de résistance du public dans les deux cas : la dématérialisation du disque semble n'avoir chagriné que moi, la montée en puissance du livre numérique semble n'inquiéter personne. Je sais d'où vient ma paranoïa : du roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451, publié en 1953. Je l'ai lu quand j'avais 14 ans, dans la collection Présence du futur, chez Denoël. Il décrit un monde où les livres sont brûlés par des pompiers pyromanes munis de lance-flammes à 451 degrés Fahrenheit, soit 233 degrés Celsius. En 1966, François Truffaut en a fait son seul film de science-fiction, tourné en anglais. Si Truffaut revenait aujourd'hui, et qu'on lui disait que toute la connaissance mondiale est en cours de numérisation informatique pour être téléchargeable sur des écrans, et que les livres en papier vont être réservés à une sorte d'élite érudite, à des fétichistes bibliophiles, à des vieillards collectionneurs ou des archivistes maniaques, je parie qu'il pleurerait.
Un article de Frédéric Beigbeder à lire ici :
http://www.lexpress.fr/culture/livre/le ... 99887.html