Le Fruit amer | Les Moutons électriques

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Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
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Messagepar Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire » 23 juillet 2024 à 20:38

Razheem L'insensé a écrit :Pour le Graham Jones, je suis surpris, même Un Bon Indien est un Indien mort ?
Pour Catriona Ward, le second volume, Mirror Bay, c'est du fantastique (spoiler alert !)
Globalement, je pensais que ça vendait plus que ce que tu as l'air de dire, c'est bien dommage.
Je ne comprends pas que l'horreur soit si repoussoir en France…


Je n'ai regardé que les ventes GFK de Un bon Indien est un indien mort. Quand je dis que ça ne se vend pas du tout, il faut comprendre "comparé aux titres du même genre chez Terres d'Amérique" ou "vu le succès que le roman a eu aux USA". Ceci précisé, je doute que le compte d'exploitation soit positif.

Pas lu Mirror Bay, mais dans l'ensemble j'aime beaucoup ce qu'elle écrit. J'ai très longtemps hésité à la publier chez Albin. Mais bon, pas de surnaturel dans ceux que j'ai lus.

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PHILIPPE CADUC
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Re: Le Fruit amer | Les Moutons électriques

Messagepar PHILIPPE CADUC » 23 juillet 2024 à 21:07

Moi je pensais, en terme de comparaison, à Chants du cauchemar et de la nuit, de Thomas Ligotti. Épuisé -publication qu'on peut donc considérer comme un "succès"- je me demande à combien est tiré ce genre de recueil. 1000 ? 2000 ? J'imagine que Dystopia rentre tout de même dans ses frais en écoulant la production ? Preuve qu'on peut encore en France créer un succès de librairie avec de l'horreur ? (Attention : mettre des guillemets sur l'ensemble des mots de la phrase, je parle ici bien entendu de finir avec compte d'exploitation positif, genre +100 euros...)
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Laurent Queyssi
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Messagepar Laurent Queyssi » 24 juillet 2024 à 08:52

Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :
Je n'ai regardé que les ventes GFK de Un bon Indien est un indien mort. Quand je dis que ça ne se vend pas du tout, il faut comprendre "comparé aux titres du même genre chez Terres d'Amérique" ou "vu le succès que le roman a eu aux USA". Ceci précisé, je doute que le compte d'exploitation soit positif.


Pourquoi comparer un titre d'horreur avec la collection Terres d'Amérique qui fait plutôt dans les Prix Pulitzer et les chouchous du New Yorker ? Est-ce qu'il y a vraiment des "titres du même genre" dans cette collection ?
C'est vrai que les chiffres de vente ne sont pas fous, mais j'ignore quelle est la moyenne chez Rivages Thriller. Après, le fait de vendre un livre fantastique dans une collection de thriller, est-ce que cela ne pose pas un problème pour le lectorat potentiel du bouquin ? Les purs et durs branchés polar ne s'y retrouvent pas forcément et ceux qui aiment le fantastique (si si, il y en a) ne vont peut-être pas aller chercher dans le rayon polar de leur librairie.
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Re: Le Fruit amer | Les Moutons électriques

Messagepar Olivier Girard » 24 juillet 2024 à 09:18

J'ignore si l'horreur se vend ou pas chez nous, mais en tout cas le genre se vend ailleurs...
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Re: Le Fruit amer | Les Moutons électriques

Messagepar Weirdaholic » 24 juillet 2024 à 09:23

PHILIPPE CADUC a écrit :Moi je pensais, en terme de comparaison, à Chants du cauchemar et de la nuit, de Thomas Ligotti. Épuisé -publication qu'on peut donc considérer comme un "succès"- je me demande à combien est tiré ce genre de recueil. 1000 ? 2000 ? J'imagine que Dystopia rentre tout de même dans ses frais en écoulant la production ? Preuve qu'on peut encore en France créer un succès de librairie avec de l'horreur ? (Attention : mettre des guillemets sur l'ensemble des mots de la phrase, je parle ici bien entendu de finir avec compte d'exploitation positif, genre +100 euros...)


Epuisé, mais sur un temps d'exploitation très long, et sans réédition, donc même si j'aime le Ligotti, je doute qu'on puisse vraiment parler de succès (rien que l'éditeur, Dystopia, n'est connu que des happy few).

Laurent Queyssi a écrit :
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :
Je n'ai regardé que les ventes GFK de Un bon Indien est un indien mort. Quand je dis que ça ne se vend pas du tout, il faut comprendre "comparé aux titres du même genre chez Terres d'Amérique" ou "vu le succès que le roman a eu aux USA". Ceci précisé, je doute que le compte d'exploitation soit positif.


Pourquoi comparer un titre d'horreur avec la collection Terres d'Amérique qui fait plutôt dans les Prix Pulitzer et les chouchous du New Yorker ? Est-ce qu'il y a vraiment des "titres du même genre" dans cette collection ?


Oui, il y a beaucoup de titres relevant de l'imaginaire chez Terres d'Amérique (l'exemple le plus récent, à paraître à la rentrée, est Le Déluge de Stephen Markley, qui se présente comme une histoire du futur, pour le dire vite et mal), y compris du fantastique - je pense par exemple à La Sentence de Louise Erdrich, qui n'est pas de l'horreur il est vrai.
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Laurent Queyssi
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Re: Le Fruit amer | Les Moutons électriques

Messagepar Laurent Queyssi » 24 juillet 2024 à 09:41

Weirdaholic a écrit :
Oui, il y a beaucoup de titres relevant de l'imaginaire chez Terres d'Amérique (l'exemple le plus récent, à paraître à la rentrée, est Le Déluge de Stephen Markley, qui se présente comme une histoire du futur, pour le dire vite et mal), y compris du fantastique - je pense par exemple à La Sentence de Louise Erdrich, qui n'est pas de l'horreur il est vrai.


Certes (je connais mal la collection, j'avoue), mais on est quand même loin du coeur battant du genre horrifique que représente Stephen Graham Jones dans son pays. Je n'ai pas l'impression que Louise Erdrich écrive des slashers. Ce n'est pas vraiment la même approche de la littérature et du genre, j'ai l'impression.
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Meor
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Re: Le Fruit amer | Les Moutons électriques

Messagepar Meor » 24 juillet 2024 à 13:09

Je me permets d'ajouter mon grain de sel de libraire :
- les Michael McDowell sont pour Blackwater du fantastique surnaturel/inquiétant et pour les deux suivants (Les aiguilles d'oret Katie) des histoires horrifiques sans être gore ou très fantastiques. Le tout sacrément bien foutu sur son aspect feuilletonnant comme l'écriture (je suis vraiment amatrice en tous cas). Je doute que ça ne soit que l'objet livre qui ait primé dans leur succès, même si ça a joué, ils sont sacrément divertissants, aussi.

Par ailleurs, je ne le mettrai pas en horreur de mon côté, mais le roman Aliène de Phoebe Hadjimarkos-Clarke qui a eu le prix du livre Inter et paraît comme Mariana Enriquez aux éditions du Sous-Sol est parfois vu par le lectorat disons "grand public" comme un roman "gore" et cru. Il me semble que les ventes comme la curiosité sur son contenu et sa façon de traiter la violence sont au rendez-vous. (si besoin, y'a une chronique dans le dernier Bifrost)

Enfin, dans ma librairie - avec tous les biais que cela comporte comme retour - j'ai de la demande pour de l'horreur, mais c'est souvent un public avec petit budget, qui opte pour du poche ou des romans à moins de 20€. Ainsi je vends en continu et quasi sans besoin de la recommander l'anthologie Nous parlons depuis les ténèbres parue chez Goater, mais n'ai pas réussi à vendreLa fille qui se noie. Tous deux entrant pourtant totalement dans mon rayon et étaient mis en avant de la même manière (et longuement).

Aparté : J'ai même vendu plus d'exemplaires que prévu du roman horrifique de Chuck Tingle au rayon VO!
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Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
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Re: Le Fruit amer | Les Moutons électriques

Messagepar Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire » 24 juillet 2024 à 14:14

Laurent Queyssi a écrit :Certes (je connais mal la collection, j'avoue), mais on est quand même loin du coeur battant du genre horrifique que représente Stephen Graham Jones dans son pays. Je n'ai pas l'impression que Louise Erdrich écrive des slashers. Ce n'est pas vraiment la même approche de la littérature et du genre, j'ai l'impression.


Je reformule, ça sera peut-être plus clair.
Quand on veut vendre un roman historique, genre souvent considéré comme ringard, on le transforme (d'un point de vue marketing) en thriller (par exemple), cf. La Religion de Tim Willocks. Ou en formidable réflexion sur le pouvoir de l'écriture.
Quand on veut vendre de l'horreur : ou (1) la marque-auteur est plus forte que la marque-genre (Stephen King, Maxime Chattam) et donc on va sur l'auteur, ou (2) ce n'est pas le cas et on essaye autre chose, l'approche Mariana Enriquez où on te vend un roman qui "repousse les limites des genres", ou l'approche Rivages où le roman est publié en "Noir" ou l'approche livre-objet. Il y en a autant qu'on veut... (du moment qu'on met pas le truc en rayon d'imaginaire en disant que c'est de l'horreur ;-)
Francis Geffard (Terres d'Amérique) quand il publie un livre de genre - fantastique, horreur, fantasy, SF - (et il en publie !) il joue 9 fois sur 10 la réception critique US. Ça ne marche pas toujours, mais il ne joue pas le jeu des genres, car ses livres vont en rayon de littérature étrangère (sauf si un libraire/une enseigne en décide autrement).
Donc un recueil d'horreur, dans le rayon imaginaire, à la fabrication lambda, d'un inconnu total... c'est pas gagné.

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Laurent Queyssi
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Re: Le Fruit amer | Les Moutons électriques

Messagepar Laurent Queyssi » 24 juillet 2024 à 14:50

Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :Donc un recueil d'horreur, dans le rayon imaginaire, à la fabrication lambda, d'un inconnu total... c'est pas gagné.


Là-dessus, on est d'accord.
En même temps, on affirme tous que l'horreur ne se vend pas en rayon imaginaire, mais personne n'en publie...

Est-ce que SG Jones ne vendrait pas davantage hors de la collection thriller de Rivages, par exemple ?

L'Atalante publie bientôt Après toi, les ténèbres de Gus Moreno, un pur roman d'horreur qu'il n'hésitent pas à vendre sous cette appelation. On verra.
https://www.l-atalante.com/catalogue/la-dentelle-du-cygne/apres-toi-les-tenebres-9791036001925/
Modifié en dernier par Laurent Queyssi le 24 juillet 2024 à 16:43, modifié 2 fois.
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Re: Le Fruit amer | Les Moutons électriques

Messagepar JDB » 24 juillet 2024 à 16:06

Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :(...)
Je reformule, ça sera peut-être plus clair.
(...)

On ne peut plus clair, merci. Tu formules de façon claire et concise les bribes de réflexion qui se coagulaient lentement dans ma cervelle.
Il me semble que l'étiquette "horreur" est taboue en ce moment en France, sauf pour des publications de niche qui la revendiquent fièrement.
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.

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