Intéressantes, vos critiques, et ça m'a remis en mémoire ce qui suit, extrait d'une interview accordée par Lucius Shepard à Jack Dann entre 1990 et juin 1992 et restée inédite jusqu'en 2015, année où Jack Dann l'a publiée sous forme de plaquette (
Reading the Entrails, Satalyte Publishing, Victoria, Australia, apparemment épuisé).
Shepard: (...) Clive Barker fait partie des gens qui, à mon avis, ont fait quelque chose d'intéressant dans le domaine [l'horreur].
Dann: Par exemple?
Shepard: Quand Barker est apparu, l'horreur s'était plus ou moins réduite à des imitations de Stephen King. Tu vois le genre: l'horreur qui surgit chez McDonald's. Barker est en quelque sorte devenu le Pink Floyd de l'horreur, en ce qui me concerne. Il a porté le genre à un niveau vraiment cosmique, ce qui était formidable. Une véritable bouffée d'air frais. Bon, maintenant, il y a plein de gens qui l'imitent.
Dann: De quelle façon? Plus précisément?
Shepard: Il a donné une nouvelle profondeur aux vieux mythes. Je ne suis pas vraiment un critique et je n'aime pas expliquer ce que font les autres; mais il me semble qu'il a pris les vieux mythes de l'enfer et toutes ces ténèbres catholiques--la tradition européenne de l'horreur--et les a peuplés de ses propres créations. L'horreur dans l’œuvre de Stephen King, c'est le genre de chose qui peut arriver tous les jours. Je veux dire, ça vient des voitures, de choses ordinaires qui se retrouvent tordues au point d'en devenir difformes. Ce qu'a fait Barker, c'est revenir à l'horreur à l'ancienne, où il existe des couches souterraines--un monde en dessous du monde, avec un mal et une ténèbre incroyables. Mais au Moyen Age, ce monde était peuplé, et les gens savaient en quelque sorte à quoi ressemblaient les démons. Nous, on l'a oublié. Alors on a créé des démons pour le 21e siècle. Tu sais, les Cénobites et le reste, et je trouve ça très cool.
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.
